Un film de guerre réalisé par Sydney Pollack ? Sans même rien savoir de plus que ça, on sait très bien que ça ne va pas ressembler aux autres productions du genre. Ce film, pour en parler, je me suis imaginé comme si j'avais été le voir lors de sa sortie. Il n'y a que comme ça que ça peut marcher. Prenons la première partie du film par exemple. D'accord, c'est frustrant, voire chiant avec ce verbiage excessif et creux, il y a ces évangélistes grotesques (que l'on revoit plus tard) mais il y aussi le cadre dans lequel elle prend place : les quatre murs dudit château. On évolue dans une atmosphère étrange, un mélange de psychédélisme et de baroque. Et là, il n'y a pas le choix, pour ne pas fuir devant ça, il faut se mettre dans la peau d'un spectateur ayant été voir le film à sa sortie en 1969, époque où les deux courants cités ci-dessus avaient mis leur patte sur les arts de l'époque, notamment la musique et le cinéma. Et il y a la seconde partie, rondement menée et qui aboutit tout naturellement à la défense du château. Là non plus ça n'est pas sans défauts, la réalisation est parfois chaotique et trop nerveuse, mis ça envoie le bois quand même. Moi, ce qui m'a le plus branché dans ce film, ce sont les personnages. En effet tous (à l'exception du Capitaine joué par Burt Lancaster et du Capitaine joué par Patrick O'Neal) sont complètement décalés par rapport à l'univers qui les entourent. Leurs réactions et comportements sont systématiquement incongrus par rapport à ce que l'on attend d'eux. Il est très clair que chacun de ces soldats souffre d'un mal dont on ne parlait jamais à l'époque : le choc post-traumatique. Car rappelons que l'histoire du film se passe en 1944 et que les américains sont entrés en guerre en 1941, ce qui laissait trois longues années aux soldats pour être atteints de séquelles psychologiques conduisant à un point de non-retour. Voilà un film qui n'est évidemment pas le meilleur de son réalisateur et qui n'est pas non plus le meilleur du genre qu'il représente, mais il est assurément, malgré ses errements, l'un des plus singuliers et méritent le coup d'oeil. Et en plus, le casting fait sacrément bien le boulot.