Gloria, qui frise la soixantaine, divorcée depuis de longues années, se sent encore la "pêche" et éprouve sa séduction finissante dans les dancings de Santiago (du Chili) la nuit en s'alcoolisant, et chantonne des scies guimauve le jour, dans sa voiture et au bureau. Le pas encore quadra Sebastiàn Lelio (39 ans) s'attaque ici au portrait d'une senior, apparemment pétillante et perpétuellement souriante, mais qui cache quelques fêlures, pour sa 4ème réalisation.
En fait, Gloria n'a pas de chance avec la gent masculine, et parmi les hommes qui gravitent autour d'elle, pas un pour racheter l'autre. Que ce soit son fils Pedro (pas trop encombré par l'amour filial), son ex-mari Gabriel (recroisé à l'occasion de l'anniversaire de Pedro - ne gagne pas à être connu), son voisin du dessus (un trentenaire oisif et qui frise la schizophrénie toutes les nuits, fumette aidant, propriétaire désinvolte d'un chat nu qui squatte chez elle), ses conquêtes d'un soir (auxquelles elle revient à la première occasion), et.... Rodolfo. Vieillard aisé, ex-obèse et fraîchement divorcé, il semble faire mieux que ses congénères. Gloria a un vrai coup de coeur pour lui, mais réalise vite qu'il est prisonnier de ses "femmes" (ancienne épouse et deux filles - 27 et 31 ans - un trio redoutable qui le tient sous sa coupe).
Disons-le tout net : ce "Gloria" est sans doute plein de bonnes intentions (montrer les ressources du 3ème âge, notamment son potentiel sentimental), mais construit sans rythme, sans idées de mise en scène, et avec une nette tendance à l'exhibitionnisme (nombreuses scènes explicites de nudité et de coït), ou au moins au "suçage de poire" bruyant et répétitif. Au lieu de la tendresse visée, de l'empathie ambitionnée, c'est la gêne qui s'installe.
La "morale" sauve les meubles - de bon sens, à défaut d'être originale : il vaut mieux être seul(e) que mal accompagné(e).
Sur la rengaine attendue (le "Gloria" d'Umberto Tozzi, "tube" des années 70) - ici chantée en espagnol.
Paulina Garcia, aux airs confondants de Dustin Hoffmann dans "Tootsie" (coiffure, lunettes-hublots, air ravi et bienveillant) - de face - sourit et rit avec grâce, mais ses talents dramatiques ne vont guère plus loin.
Encore un film creux pour bobos : "c'est génial, c'est chilien" !
Conseil : se limiter à la bande-annonce, qui permet de voir la seule scène rigolote du film (attaque au "paint-ball"). Lequel dure lui 1 h 50 - ce qui est très, très long......