Sachant que "Gloria" était un portrait de femme, je pensais avoir affaire à la description d’une destinée exceptionnelle, à quelque chose de fort, de particulier. Particulier : ça l’est, mais pas dans le bon sens du terme. Le synopsis résume le scénario en quatre lignes, dont la seule originalité est de ne pas être original en ne présentant pas vraiment de véritable surprise. Divorcée depuis de nombreuses années, Gloria est à l’approche de la soixantaine et meuble ses longues soirées de solitude dans les discothèques de Santiago, pour danser, pousser la chansonnette et, pourquoi pas, rencontrer quelqu’un. La litanie de sa solitude se poursuit dans son appartement situé en-dessous d’un occupant aux tendance schizophréniques, dans sa voiture dans laquelle elle fredonne les paroles de chansons à texte à la lourde signification pour elle, et au boulot pendant lequel elle s’évertue à entretenir un semblant de liens familiaux avec sa descendance, notamment avec son fils. Ainsi donc, au gré de titres mêlant des tubes des années 70/80 aux morceaux locaux peut-être plus actuels, la trame se schématise de la façon suivante : l’ambiance des boîtes de nuit, l’espoir, la désillusion, et de nouveau l’ambiance des discothèques, avec pour seul et unique fil conducteur la présence continue d’une solitude décidément pesante. Pendant longtemps, on se demande où tout cela va nous amener… et le fait est que… ça ne nous amène nulle part ! C’est même finalement un retour à la case départ, comme pour dire que la vie n’est qu’un éternel recommencement. Et à défaut de recevoir 20 000 francs, on paye 1h50 de notre temps… pour rien. Enfin pour pas grand-chose, car il faut reconnaître cependant qu’une telle histoire change de celles qui se finissent systématiquement bien. Sans compter que nous avons droit à des batifolages entre deux personnes d’âge mûr, très mûr (ce qui est d’ailleurs rarement montré au cinéma, pour ne pas dire jamais), et une belle interprétation de Paulina Garcia, récompensée du prix de la meilleure actrice au festival de Berlin de 2013. Sélectionné par les experts chiliens pour représenter leur pays à la cérémonie des Oscars à venir dans la catégorie du meilleur film étranger, "Gloria" n’a pas ce petit grain de folie, manque d’entrain, et ne met pas suffisamment l’accent sur l’espoir d’un amour à la hauteur des espérances ni sur l’immense désillusion, pas plus que sur la tolérance par rapport aux erreurs des uns et des autres. Le récit s’est voulu profond, conformément à la demande d’un tel sujet, et cela passe par la photographie par ailleurs plutôt réussie, mais aussi par les dialogues où les silences traduisent bien les moments de réflexion, le désarroi, et le poids de la solitude. Mais le résultat final est que le récit manque cruellement de profondeur, car il ne fait que raconter une chronique de vie d’un point de vue spectateur, tout simplement parce que la narration est un peu trop contemplative. Après, tout dépend du degré de sensibilité de chacun…