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rogerwaters
146 abonnés
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3,5
Publiée le 17 novembre 2017
Parfait film de festival, The Duke of Burgundy (du nom d’un papillon) se veut un hommage au cinéma de Jess Franco dont on ne retrouve pas nécessairement l’audace trash ici. Par contre, le cinéaste s’inspire clairement des ambiances vaporeuses du cinéaste et de sa dimension auteurisante. Peter Strickland est toujours aussi doué dans sa maîtrise du cadre, de la lumière et des effets sonores, si bien qu’il livre une œuvre purement formaliste qui ne dit pas grand-chose des pratiques sexuelles SM de ce couple de lesbiennes. Il signe finalement une belle histoire d’amour entre deux femmes piégées dans leurs obsessions. Le film forme ainsi une boucle temporelle qui nous enferme avec lui, au risque de laisser à la porte une partie du public. Ceux qui aiment le cinéma visuel et obsessionnel à la Peter Greenaway ne doivent pas bouder leur plaisir.
A travers le film de genre, le jeune réalisateur anglais Peter Strickland poursuit une démarche esthétique originale et audacieuse, basée essentiellement sur la fascination auditive procurée par l'amplification imagée de certains bruits la plupart du temps ignorés dont la répétition peut devenir source de fantasmes. Un studio d'enregistrement italien des années 70 où sont bruités en série les gialli en vogue du moment servait d'écrin au très intrigant "Berberian Sound Studio" (2012). Par la tangente, Peter Strickland nous rappelait alors aux petits maitres du cinéma italien qu'étaient les Dario Argento, Mario Bava ou Sergio Martino. Avec "The Duke of Burgundy" (nom d'une espèce de papillon menacée, "Le duc de Bourgogne") c'est le cinéma érotique de la même décennie qui servira de fond de sauce à l'expression de son univers fantasmatique. Quoique très autonome dans sa recherche artistique, Jess Franco et Luis Bunuel sont les deux réalisateurs espagnols auxquels Strickland rend hommage dans ce nouveau film. Monica Swinn une des ex-égéries de Jess Franco présente en figuration et le nom de Viridana donné à un des personnages du film, allusion à peine voilée au film sulfureux de Luis Bunuel ("Viridiana", 1961) en sont l'illustration formelle. Peter Strickland qui écrit lui-même ses scénarios, nous transporte dans un pays (en vérité la Hongrie) indéterminé au début du XXème siècle où dans une campagne rêvée, deux femmes vivent au rythme très ordonné de leur relation sadomasochiste. Cynthia (Sidse Babett Knudsen) professeure d'entomologie spécialisée dans le domaine des lépidoptères entretient une relation amoureuse avec Evelyn (Anna Chiara déjà présente dans "Berberian Sound Studio") son élève. Le cadre posé par une entrée en matière digne du "Bilitis" de David Hamilton (1977), on ne sortira pas du mausolée feutré que devient progressivement la relation des deux femmes fondée sur l'obsédante recherche du plaisir d'Evelyne à travers un rapport dominé/dominant où elle impose par une douce mais implacable tyrannie, le rituel mécanique de leurs rapports amoureux qui s'exécutent à travers des consignes strictes aboutissant systématiquement au châtiment attendu, répétition orgasmique d'un possible trauma de l'enfance. spoiler: Strickland en nous plongeant, via les pulsions voyeuristes enfouies en chacun de nous, dans le déroulement intime de cette relation masochiste, nous invite d'abord à croire comme la logique le laisserait à penser que c'est le dominant qui mène le bal. Cynthia plus âgée et dans une position sociale dominante devrait normalement tirer profit de ces avantages jusque dans les ébats amoureux. C'est oublier les fondements même de la relation masochiste qui se dévoilent progressivement au rythme de la répétition des jeux de rôles écrits par Evelyn. Tout réside en fait dans l'exécution minutieuse des gestes programmés où le partenaire n'a en réalité qu'un rôle d'exécutant. Cynthia aux pulsions plus charnelles et spontanées se vit progressivement comme le dindon de la farce. Le ver est en réalité dans le fruit dès le départ et les deux amantes prises au piège d'une relation par trop déséquilibrée malgré une vaine tentative de normalisation n'auront pas d'autre horizon que la rupture . C'est une expérience unique et troublante à laquelle nous invite Peter Strickland qui pourra se révéler vaine et prétentieuse si le spectateur ne parvient pas à épouser la démarche de l'auteur qui par le procédé de l'immersion totale prend le risque de provoquer culpabilité et rejet. Difficile donc de conseiller objectivement "The Duke of Burgundy", expérience esthétique et sensorielle dont il est difficile de décrire les contours sans les avoir parcourus soi-même.
Après "Berberian Sound Studio", Peter Strickland nous prouve une fois de plus son amour pour les films de genre bien particuliers et nous offre un nouvel exercice de style. Dans un endroit et une époque indéfinis, deux femmes se livrent à une relation masochiste, Evelyn réclamant sans cesse une punition de la part de Cynthia. Au fil du film, le scénario à la temporalité éclatée nous livre des détails et des scènes qui nous en disent plus long sur ce qui lit les deux femmes, l'autoritaire n'étant pas forcément celle que l'on pensait. Porté par deux actrices superbes et surtout une mise en scène parfaitement irréprochable et soignée de bout en bout, "The Duke of Burgundy" se vit comme une sorte de rêve hors du temps, nous faisant découvrir les tenants et les aboutissements d'une relation érotique et des rapports de force dans un couple. C'est tout à fait troublant et largement réussi.
On attendait avec impatience le nouveau film de Peter Strickland après l'étrange Berberian Sound Studio (2013), qui nous avait laissé chancelant. Curieux de voir la suite. The Duke of Burgundy s’annonçait sur le papier tout aussi intriguant. Et il l'est. Très vite, on est subjugué, autant par l'ambiance que par la beauté des images. Le travail sur la direction artistique est une fois de plus remarquable. Les décors sont somptueux, sans parler des costumes, personnage à part entière du film (tout comme les papillons). SAns surprise, la mise en scène est tout aussi maitrisée que virtuose. Le scénario est moins alambiqué que pour Berberian et l’histoire beaucoup plus simple. D'entrée, on est piégé et manipulé. Entre ellipses et répétitions, on assiste alors à l'apogée et à la dégradation d'une histoire d'amour que les deux protagonistes ne voient plus de la même façon. Cette répétition d'une même scène avec les mêmes dialogues pourrait lasser. Bien au contraire, elle est à chaque fois différente et rend parfaitement compte de l'érosion de la relation entre les deux femmes. Celles-ci sont parfaitement interprétées par des actrices formidables : la danoise Sidse Babett Knudsen (After the wedding, Borgen) et l'italienne Chiara d'Anna (déjà dans Berberian). Le tout nous donne quelque chose d'aussi somptueux que fascinant. Une expérience, une fois de plus, aussi visuelle que sensorielle. Un film qui se mérite, comme toujours chez Strickland (je préfère d'ailleurs celui-ci à Berberian). Assurément, l'un des films les plus envoutants et les plus beaux de l'année...
Film érotique lesbien, tendance sado-masochiste fétichiste, superbe au niveau des images, un peu répétitif et lent, mais cette lenteur et cette répétitivité participent à la compréhension de la problématique psychologi que et même psychanalytique....très fin et intelligent au total, et magnifiquement interprété, surtout par la sublime Sidse Babett Knudsen ( Borgen)...A voir ! Commence à combler le manque de films de qualité sur le sujet pour la communauté lesbienne, qui en manque cruellement. On se souviendra de l excellent " Aimée et Cougar" d il y a près de 20 ans ! Rare, la qualité ! Espérons une suite à ce mouvement.
"The Duke of Burgundy" traite - comme son titre ne l'indique pas - de la relation sadomasochiste qui unit une lépidoptériste et sa jeune collaboratrice
A première vue, on dirait du porno chic. Dans une grande demeure hors du temps, Cynthia, une maîtresse sévère et raffinée accueille Evelyn, une domestique timide et en retard, lui ordonne de laver son linge et la menace de la punir si elle le fait mal. Mais à regarder de plus près, on s'éloigne des canons de Marc Dorcel - même si les deux actrices (Sidse Babett Knudsen, la Première ministre de Borgen en Domina sévère, et Chiara D'Anna en soumise plus manipulatrice qu'il n'y paraît) le sont. Peter Strickland interroge le sado-masochisme, toujours menacé de sombrer dans le ridicule. Comment ne pas éclater de rire en entendant "I just... might tie you up and use you as my chair for the afternoon." ?! Mais comment ne pas aussi, dans le même temps, être troublé ? Dans un mouvement très hégélien, la dominatrice est asservie par les pulsions de son esclave. Evelyn, la soumise, exige de sa maîtresse des scenarii toujours plus compliqués dont Cynthia, qui aspire à une relation plus spontanée, se lasse. Le sadomasochisme est-il une impasse ou une issue de secours ? C'était la question posée par "Lune de file de Brückner/Polanski. La fin du film donne, à sa façon, une réponse. Autrement plus intelligente que "Cinquante nuances ..."
Révélée par "Borgen", Sidse Babett Knudsen participe à son premier film international. Il est difficile de résister à l'attraction qu'émane de cette incroyable actrice. Et pour ce premier film en anglais, le sujet choisi est assez surprenante et sulfureux : une histoire de domination dans un couple lesbien dans les années 60 (on suppose). On peut dire que le réalisateur a très bien travaillé sa mise-en-scène. Les plans sont magnifiques, le montage est fluide et les passages expérimentaux sont stylisés. Le scénario ne bénéficie pas d'autant de perfection malheureusement. La thématique de la domination qui devient une drogue est subtilement abordée. Grâce à un jeu de montage entre les séquences, on se rend compte que tout est orchestré entre les deux femmes et que l'une (la dominée) impose à l'autre (la dominante) pour son plaisir, délaissant celui de sa partenaire qu'elle aime. Tout ceci amène à un déséquilibre qui fragilise le couple. Ce point de vue original, pour expliquer les rapports dans un couple, est prenant au départ, puis on se lasse par manque de rebondissement. Un film à l'esthétique parfaite auquel il manque de rythme avec une ou deux péripéties plus palpitantes.
Plongée dans l'univers du masochisme féminin, qui démontre avec brio combien la soumise, la victime est aux commandes et combien celle en position de bourreau n'est autre que l'esclave de celle qu'elle malmène. C'est l'occasion de constater combien le scénario pervers, qui se prétend émancipé des conventions, n'est en fait que répétitions ennuyeuses. Certes, l'étymologie de l'ennui nous renvoie à la haine. L'esthétisme du film, sa volonté d'érotisme ne m'ont nullement fait décoller. J'ai adoré Sidse Babett Knudsen dans Borgen, mais ici c'était nettement moins exaltant. Relisons La Vénus à la fourrure de Sacher Masoch et son commentaire par Gilles Deleuze, ce sera sans doute plus nourrissant. J'attends autre chose du et au cinéma. Dommage.
A l'instar de son compatriote Peter Greenaway, seul cinéaste auquel on peut vaguement l'apparenter, Peter Strickland est un styliste. Quand son scénario est à la hauteur, comme dans Katalin Varga, son cinéma est fascinant et passionnant ; quand ce n'est pas le cas, comme dans le très bancal Berberian Sound Studio, il peut sembler vide et artificiel. The Duke of Burgundy se situe à mi-chemin, film raffiné et sensuel qui décrit les rites amoureux de deux femmes d'âge mûr, lépidoptéristes, de profession. La trame narrative, répétitive mais en évolution constante, dans les détails, a quelque chose de peu amène et de froid dans un contexte SM et fétichiste qui atteint vite ses limites. Mais c'est précisément le thème du film, l'usure du couple, aussi peu conventionnel soit-il, et le vieillissement. Si quelques grammes d'humour sont dissimulés de ci, de là, c'est plus une douleur qui se manifeste, celle de ne plus vouloir se grimer et de jouer à faire comme si. Certes, Strickland esthétise trop une intrigue bien ténue mais son caractère intemporel (presque victorien) et géographiquement flou (quasi transylvanien) lui confère une patine qui peut séduire. Mais pas sur une heure quarante.
Voilà un film bien étrange et déconcertant…Peter Strickand le réalisateur a voulu refaire un film à la manière de Jess Franco, pape du cinéma érotique des années 70 …hors dans The Duke of Burgundy aucune scène de nus, si érotisme il y a il est plus suggéré que montré…il veut montrer une joute sadomasochiste entre deux femmes unies par une même passion de l’entomologie…Cynthia est lépidoptériste, elle est entourée de papillons de larves et autres insectes…elle est interprétée par Sidse Babett Knudsen que nous avions découverte plus lumineuse comme premier ministre dans Borgen…Evelyn la soumise est interprétée par Chiara d’Anna, actrice italienne résident à Londres…quant au titre « le duc de bourgogne », j’ai fini par trouver qu’il s’agit d’un papillon l’un des plus rares et des plus menacés….quant au sadomasochiste, comme l’érotisme il est plus suggéré que montré…et cette histoire de petite culotte oubliée au lavage qui revient trois fois dans le film elle finit par lasser, sauf à dire que cette relation sadomasochiste un peu mise en scène par la dominée, a du mal à se renouveler et que dominante et dominée finiront par se retrouver dans une relation saphique harmonieuse…mais ce film c’est aussi une photographie soignée, une couleur dominante marron pour coller aux intérieurs sombres et surchargés, des images superbes et léchées, ( forêts automnales, intérieurs victoriens, belle bâtisse de style gothique croulant sous la vigne vierge) une bande son évanescente, signée par les Cat Eyes qui colle à l’image et qui rend le film visuellement somptueux..
D'un esthétisme raffiné, tout est prétexte dans ce film, à un gamahuchage mondain. Les scènes de chasse aux papillons, enivrantes à souhait, s'enchainent dans un tourbillon de cuir et de coups de cravaches. A bigler sans retenu si vous en pincez pour les vioques un peu vicelotes et les boniches qui n'ont pas froid aux chasses. La pogne calée dans le grimpant vous pourrez méditer sur le fait que The Duke of Burgundy est avant tout une belle entreprise de bandaison.