Faire une suite à Alien paraissait aussi risqué que celles des Dents de la Mer. Et pour cause, ces déclinaisons à l'œuvre de Spielberg demeurent de navrantes tentatives ayant presque réussi à tâcher l'original. Mais contrairement à ces bien piètres "exemples", 20th Century Fox décide de miser sur James Cameron. Le nouveau-venu s'est vu confier la tâche d'imaginer la suite des aventures de Ripley face au monstre Xénomorphe dès 1983. Il rédige un premier jet qui enthousiasme le studio, mais la Fox attend de voir si la réception du deuxième film de Cameron (un certain Terminator) est bonne. Un an plus tard, le western urbain teinté de science-fiction immortalise Schwarzenegger, ses partenaires Linda Hamilton, Michael Biehn, et bien sûr son réalisateur. Qui a donc toutes les cartes en main pour accroître son emprise sur Hollywood et...surtout oser passer derrière Ridley Scott et son monument Alien. Malgré la renommée mondiale du premier volet, ce nouvel opus ne dispose pas d'un budget si élevé que ça pour une suite (18,5 millions de dollars contre 11 pour le 1er volet). Cameron rencontre également différents problèmes pendant le tournage (chef opérateur renvoyé, de même que l'acteur James Remar qui est remplacé par Michael Biehn). Mais il entend bien enfoncer le clou avec cet Aliens. Pas de n°2 mais un "S" symbolisant une multiplication d'adversaires extra-terrestres autant que la promesse d'un plaisir de Cinéma décuplé. Même si la personnalisation n'est pas la même. Là où Scott présentait un huit-clos qui privilégiait la discrétion, Cameron opte pour les grandes échelles et la démonstration. On perd en sursauts ce qu'on gagne en action. Ce qui n'empêche pas que les assauts des Aliens sont d'une efficacité incroyable, chargés d'une tension croissante. Car l'enjeu ici, c'est une guerre. L'unique survivant du Nostromo, le lieutenant Ripley est réveillée après une hibernation de 57 ans, dans une station orbitale qui l'a retrouvé. La société qui l'employait, Weyland-Yutani, ne croit pas le récit de sa "rencontre du troisième type". En effet, la planète LV-426 est colonisée depuis un certain nombre d'années, et aucune menace n'a été détectée. Ripley est démise de sa licence de vol et désavouée par sa hiérarchie. Quand, quelques temps plus tard, le contact avec ladite planète est mystérieusement coupé, Ripley accepte (à contre-cœur) de retourner sur la terre d'origine de son pire cauchemar. Simple "consultante" d'un peloton de Marines pétaradants, envoyés en mission de sauvetage, Ripley découvre en même temps qu'eux le complexe plutôt endommagés, mais exempt de toute vie. Pas de corps, pas de Xénomorphes, juste une petite fille qui se cachait depuis des semaines, traumatisée par la confrontation avec les extra-terrestres. Mais rapidement, le vent tourne, les horreurs apparaissent enfin, et des Aliens en nombre avec. L'unité se retrouve dépassée dans un combat déloyal d'une férocité inouïe.
Comme pour Terminator, Cameron dévoile une maitrise magistrale, alternant tension, émotion, action. À tel point qu'on est dedans du début à la fin. Le personnage de Ripley gagne en profondeur et en épaisseur, et Sigourney Weaver trouve de quoi amplifier son personnage iconique. Michael Biehn retrouve Cameron après leur précédent film commun, et cette nouvelle collaboration fait une fois de plus mouche. Remplaçant de James Remar dans le rôle du Caporal Hicks, Biehn parvient également à laisser une nouvelle emprunte dans la mythologie Alien. Saluons aussi l'énergie de Bill Paxton, exceptionnel en Hudson, et la subtile ambigüité de Lance Henriksen (Bishop), également présents dans Terminator (mais pour de plus petits rôles). Carrie Henn fait également des étincelles dans le rôle de Newt. Enfin, la composition de James Horner est excellente, collant à l'univers horrifique et épique de Cameron.
On ressort d'Aliens secoué, encore le cœur rapide, et comblé. Non seulement Cameron a su se différencier de ce qu'avait instauré Scott, mais il a également su y ajouter sa pierre en donnant une ampleur magnifique à l'une des sagas les plus excitantes du 20ème siècle.