Aliens le retour (en masse, pourrait-on dire) s'inscrit de prime abord dans la droite ligne scénaristique du premier volet, se posant comme continuité de l'histoire d'Ellen Ripley. Il reprend aussi sa principale thématique, celle de la confrontation de l'homme avec ce que notre conscience a pratiquement oublié ; le face à face avec une prédation digne de ce nom - tentant ce-faisant de réveiller notre instinct engourdi et de disserter sur notre nature profonde. Malheureusement, ces prolongements narratifs et investigateurs ne s'en tiennent qu'à de simples promesses. Car si James Cameron, probablement conscient d'un devoir minimal vis à vis de la richesse d'Alien : le huitième passager, ne verse pas tout simplement dans l'action pure et dure, il s'en faut de peu ! Toutefois, ce deuxième opus s'efforce quand même de reprendre les thèmes de l'univers de façon acceptable, en optant pour un angle plus collectif qu'individuel, cette fois. Le problème étant que, pour des raisons scénaristiques évidentes, les quelques personnages chargés de représenter cette humanité face aux Aliens, et surtout face à elle-même, sont des soldats sur-entraînés chargés de débarrasser une planète nouvellement colonisée des agressifs (belliqueux ?) extra-terrestres. Eh oui, au fond, le rêve de Cameron n'était que de mettre en scène un grand bordel truffé d'action et d'explosions, et quoi de mieux qu'un corps d'armée pour satisfaire au besoin ? Résultat, on se coltine pendant 2h 30 (version longue pleine de lourdeurs et qui ne tient que par des raccord douteux) un groupe de marines pas bien futés, développés au strict minimum et complètement surjoués (non mais c'est quoi cette marine mexicaine au répertoire limité à 3 expressions ?). Tout ceci pour illustrer le trop plein de confiance de l'homme en ses capacités, sa vanité, ou je ne sais quoi - et je m'en tape ; le résultat est ailleurs : comment pourrait-on craindre pour la vie de personnages si fictionnels, justement, si loin des réalités et d'une humanité autre que de façade ? Résultat, l'angoisse n'affleure même pas, aussi parce que le lancement du récit, sur Terre, est trop long et donne trop de repères, et également parce que la multiplication des xénomorphes détruit leur impact mystique et mythologique. Résultat, les effets anxiogènes voulus tombent à plat, de plus noyés dans une débauche de scènes d'action qui alternent dans un rythme saccadé et très mal géré. Visuellement, le monde mis en place est à nouveau très beau, mais la fidélité de Cameron à Scott tourne au manque d'imagination (sur les choix d'éclairage ou de décors, j'entends) dans une première partie qui a au moins le mérite d'amener une transition en douceur avec l'épisode 1 et de créer une continuité. Par la suite, Cameron se lâche un peu plus, pas toujours avec bonheur, foirant certains effets (les arcs électriques qui, dans le final, sabrent l'écran sans arrêt, ont très mal vieilli) mais séduit en revanche par l'apparition de la Reine. Très proche d'une reine d'hyménoptère terrestre (fourmi, guêpes ou abeilles), celle-ci me fait penser, plutôt qu'à un manque d'inventivité, à un choix juste qui achève de faire le lien entre le monde d'Alien et le nôtre. De rappeler que si le film fait peur au premier degré, la construction de son imaginaire est sans doute guidée (consciemment ou pas, d'ailleurs) par une autre peur, celle du vide ressenti par les colonisateurs que nous sommes et avons toujours été face à l'absence de défis d'ampleur aujourd'hui à notre portée. La peur d'être arrivés en bout de course, que mettre en scène des créatures dominantes proches de nos voisines permettrait d'apaiser. Bref, juste une idée en l'air, et tous ces questionnements reflètent d'ailleurs mal la vérité d'un film qui se contente de donner à réfléchir uniquement en suivant le sillon tracé par le premier opus (l'androïde, le responsable avide, les dissensions qui surviennent quand l'Homme est privé de son confort...). Le pire est le nombre vertigineux de facilités que se permet le scénar, qui manipule le comportement des Aliens sans la moindre crédibilité (ceux-ci attaquent parfois en bande, parfois seuls, ici de tous côtés, là en file indienne, tuent ou parfois se contentent de kidnapper, attaquent ou même se replient) au gré des besoins du canevas scénaristique. Je retiens juste la parabole sur l'instinct de protection maternel, bien amenée. Bref, j'aurais quand même préféré voir Ridley Scott au générique, d'autant plus que prolonger sa participation à la série nous aurait sans doute évité quelques long-métrages mitigés ou douteux de sa part (Traquée, Black Rain...). Bref, du spectacle à la Cameron, faussement divertissant (je me suis ennuyé) et c'est tout. Il y avait quand même mieux à faire du potentiel angoissant et mystique d'une saga qui donne l'air de déjà s'essouffler. Désolé, mais il m'en faut beaucoup plus.