Décidément, James Thiérrée n’a pas de chance avec le cinéma. D’abord, on n’a même pas été fichu d’éviter une faute d’orthographe dans son nom au générique de début. Mais surtout, cet artiste, considéré à juste titre comme un génie de la scène et du cirque, à titre d’auteur, metteur en scène, interprète, acrobate et musicien, n’a joué que dans des navets, dont celui-ci est certainement le pire des vingt-huit films et téléfilms où il est apparu – et le fait que le metteur en scène de celui-ci soit une sorte de vétéran intouchable du cinéma français me laisse de glace.
C’est un drame à deux personnages dénués de nom, plus trois comparses très fugitifs : Lui et Elle ont failli avoir naguère une aventure, qui n’a pas abouti, et Elle lui en a voulu. Alors, comme Schwarzy, Elle est très énervée et Elle revient, prétendûment afin de récupérer le piano qui se trouve dans la maison de campagne de son grand-père récemment défunt, piano dont on ne l’entendra jamais jouer ; Lui est occupé à faire de la maçonnerie, il est plutôt calme et placide, mais Elle veut sa revanche.
Le reste du film va se passer en une suite de bagarres à coups de poings, de pieds, un peu partout, sur un canapé, sur un tapis, debout dans le jardin, sur un tas de sable, avant les scènes inévitables – puisque le film est construit pour ça – de coït plutôt violent, dans la boue d’un ruisseau (voir l’affiche racoleuse), dans un escalier, etc.
Ce film poura servir de maître-étalon permettant de mesurer la distance entre « intellectuel » et « intello », et vous devinez de quel côté il penche, ou plutôt il sombre. À un moment, l’homme dit que leur conversation est nulle (elle est surtout ordurière, mais il paraît que l’auteur voulait éviter les « dialogues d’une grande pauvreté »), et que tout individu doté de bon sens ne trouverait aucun intérêt à leur histoire. On ne saurait mieux définir l’entreprise.