Certes la grande force de ce film reste ce long plan séquence du début jusqu'à la fin, bien qu'arrangé (unité de lieu, mais pas de temps), qui lui confère un côté technique irréprochable, et audacieux. C'est certainement ce tour de force qui lui a permis de décrocher la timbale aux Oscars, même si l'introspection dans le milieu des acteurs/comédiens, leurs tourments, leurs états d'âme, et le côté rédemption y est également pour quelque chose dans sa récompense. On y suit le retour d'un acteur disparu, dont le défi est de revenir sur les planches pour une représentation à Broadway. Michael Keaton y signe une prestation très touchante, quasi autobiographique, puisque le parallèle avec sa propre carrière saute aux yeux, dont l'apogée correspond à son interprétation de Batman version Burton. La prise de recul et la remise en question est évidente, puisque le rôle lui a collé à la peau pendant longtemps, et cela par l'intermédiaire d'un avatar "Birdman", à la fois son double, sa conscience, son catharsis.
Bien sûr, Birdman s'avère bavard, parfois prétentieux, dans sa façon d'exposer les états d'âme d'un artiste qui veut d'une certaine façon retrouver sa gloire perdue, mais offre tout de même un moyen d'avoir de la compréhension et de l'empathie sur la vie d'un acteur.
Concernant le casting, outre Keaton, on retient Edward Norton et sa prestation talentueuse d'un comédien suffisant et caractériel, dont on se demande s'il s'agit d'un rôle de composition, tellement il le joue avec une sincérité déconcertante. La bonne surprise concerne Emma Stone, qui joue la fille de Keaton, notamment dans une scène de dialogue avec son père où elle crève l'écran, par un coup de gueule mémorable.
Bref, Birdman, ou comment rentrer en pleine introspection dans le monde des artistes, sans tomber dans un profond ennui grâce à son rythme très soutenu (et là, bravo Inarritu pour la mise en scène et la réalisation).
Seul point faible du film : la BO (mais c'est un avis purement personnel). La batterie appuie toutes les émotions rencontrées au cours du film, accompagnant l'ambiance selon les situations, mais s'avère malheureusement agaçante au bout de 2 heures.
D'une manière générale, Birdman s'avère avant tout une expérience cinématographique à visionner au moins une fois, pour en apprécier l'originalité de la mise en scène et du sujet proposé, la forme appuyant avec brio le fond.