J'attendais beaucoup le Birdman d'Inarritu, faut dire que ce mec est associé à l'un de mes premiers souvenirs de cinéphile au cinéma avec Babel qui m'avait mis une claque (même si maintenant je préfère 21 grammes), il m'avait cependant déçu avec Biutiful dont je n'ai quasiment aucun souvenir, contrairement à ses trois premiers films. Et là, il renoue avec une réussite artistique totale !
Et tout comme the smell of us, l'autre très bon film de ce début d'année 2015, il y a une impression de chaos constante ! Cependant je n'ose pas imaginer la différence sur le tournage entre les deux films, le chaos total pour le film de Clark et une précision millimétrique pour le film d'Inarritu.
Bon je cherche des trucs pour chipoter et en gros, j'en aurai voulu plus... peut-être une fin encore plus énorme...
Je craignais que depuis qu'Inarritu ait viré son scénariste, il n'arrive plus à atteindre ce niveau de précision dans les personnages qu'il avait pu avoir par le passé que l'on ne retrouvait pas dans Biutiful. Là c'est clairement la preuve qu'il n'a pas besoin d'Arriaga pour faire du cinéma et du très bon cinéma. Parce que là, outre cette impression de chaos constante, renforcée par ce film composé uniquement de plans séquences dantesques, il n'y a, il me semble de coupure franche qu'à deux reprises et c'est justifié scénaristiquement, tout le reste n'est en gros, visuellement qu'un plan séquence mélangeant les temporalités, où tous les personnages se croisent dans ce théâtre en permanence, d'où cette impression de fourmilière où il y a du monde partout, tout le temps, en constante ébullition !
Tous les personnages arrivent à être intéressants, alors j'ai une tendresse particulière pour Norton et Stone, mais les autres ne sont pas en reste. En fait Norton, tout comme pour Keaton, ça fait directement écho à sa propre vie, mais il me fait tellement penser à moi ! Et j'adore la relation qu'il avec Stone...
Le film n'est jamais explicite, il ne va jamais venir raconter les choses avec des gros souliers, tout est traité, dilué dans ce chaos, hollywood, broadway, la critique, la célébrité, l'amour, la paternité, le fait d'être un has been, d'avoir ou du non talent... et surtout le "cinéma" de super héros...
Parce que finalement, c'est un peu le film qu'il faut pour clore cette mode du film de super héros ! Il referme la boucle avec Keaton, tout a été dit... On peut passer à autre chose.
Je pourrai éventuellement reprocher que le film ne m'a pas forcément autant touché que Babel ou 21 grammes, si ce n'est au travers du personnage de Stone ou de Norton, qui ne sont pas réellement les personnages principaux du film. Après le personnage de Keaton est assez jouissif, surtout lorsqu'il "craque" littéralement son slip.
Un beau bordel, toujours très juste dans ce que ressentent les personnages, mais surtout dans ce qu'il dit et ce qu'il dénonce en filigrane... Puisque, après le succès de Birdman, les portes d'Hollywood s'ouvrent à nouveau pour Keaton... Hypocrisie quand tu nous tiens...