Ah, Birdman...c'est typiquement le genre de film qui au départ m'intéressait à peine (la ba m'avait quand même un minimum charmé)...et qui d'un coup, m'intéresse beaucoup plus avec son florilège de critiques positives. Et comme si ça suffisait pas, le film sort grand gagnant de la cérémonie des oscars. Bref, c'est le genre de film que tu te sens un peu obligé de voir en ce début d'année. Une seule chose m'intéressait particulièrement dans ce Birdman, c'est l'utilisation du plan-séquence pour narrer le film. Je suis assez friand de ça (Scorsese et surtout Cuaron y sont pour quelque chose) et j'avoue que de ce côté-là, la déception n'a pas été de mise. Pour les ignorants, Birdman est un film
qui est construit en un seul faux plan-séquence
, et ça marche très bien. La caméra reste stable, les différents déplacements ne dérangent pas, et jamais on est sorti du film. L'immersion est totale, et comme c'est généralement le but d'un plan-séquence, Innaritu a réussi son pari d'un point de vue mise en scène. Il n'a d'ailleurs pas volé son oscar, le bougre. Mais au delà de sa mise en scène hallucinante (n'ayons pas peur des superlatifs), Birdman vaut-il le coup ? Hum...je dois dire avoir du mal à répondre à ça. Car une chose est sure, Birdman reste dans l'ensemble une déception. Une déception qui commençait pourtant très bien ! Car les 45 premières minutes, voir même la première heure, sont très réussies. On est totalement immergés dans la production chaotique de cette pièce, on s'attache bien aux personnages (de façon très naturelle, d'ailleurs,
alors qu'ils sont à peine présentés
), et surtout, les acteurs font un numéro hallucinant. Car une des grosses qualités de Birdman, c'est son casting, un vrai sans-faute. Michael Keaton livre une prestation assez énorme, on croit aux tourments de son personnage
schizophrène et "soumis" aux autres
. J'ai aussi adoré Edward Norton dans ce film: son rôle d'acteur complètement fou lui va à merveille (n'y voyez là aucune critique contre lui). Zach Galifianakis se débrouille très bien (pour une fois qu'il ne fait pas le fou devant la caméra), et le cast féminin assure totalement aussi, particulièrement Emma Stone. D'ailleurs, entre elle, Naomi Watts et Andrea Riseborough, on a notre dose de belles femmes. La photographie du grand Emmanuel Lubezki est sympathique, même si il a fait beaucoup plus transcendant (notamment avec Cuaron pour Les fils de L'homme et Gravity). Pour la musique, j'ai pas grand chose à dire: c'est pas travaillé mais on voit que c'est voulu pour exprimer les tourments du personnage. C'est assez efficace mais sans plus, on va dire. Le propos du film, avec la critique des blockbusters (particulièrement de super-héros) et des critiques (deux fois ce mot dans la phrase, c'est pas beau) qui prennent une place trop importante, est assez intelligent et appréciable. Et le scénario...le scénario...ben, il est à moitié réussi. Quand tu sais que tu vois un film entièrement en plan-séquence,
tu te doutes bien qu'on ne va pas trop changer de lieux dans l'histoire. Et c'est bien le cas ici: les personnages font des tours dehors, mais Birdman reste un quasi huit-clos
. Il faut donc un scénario en béton pour arriver à passionner. Et pendant la première heure, ça marche ! On est captivé par ce qu'on voit et c'est plutôt bien écrit:
le moment ou Emma Stone s'énerve face à son père en est un bon exemple
(ça doit être une des meilleurs scènes du film). Mais plus le film avance, plus on commence à se dire qu'il y a un problème...Car Birdman,
ça raconte à la fois tout et rien
. Comme je l'ai déjà dit 10 fois, ça passe dans la première heure, mais ça devient beaucoup plus problématique dans la suite. On commence à se lasser, à s'ennuyer...et au final, on trouve le temps long. Evidemment, il y a quelques bons (voir très bons) moments dans cette deuxième heure. Le premier exemple qui me vient en tête est
la conversation entre Keaton et la critique dans le bar
: j'ai trouvé la scène excellente et bien écrite (toujours aussi bien jouée, de plus). Mais quelques fulgurances n'empêchent pas de trouver la seconde partie du film pénible. Les causes ? J'avais l'impression que le film ne savait plus ou il va. Ou alors, je n'ai pas aimé la direction que le film a pris. Voir un peu des deux. Bref, tout ça pour dire que ça allait un peu trop loin:
toute la partie ou Keaton sombre encore plus dans la folie, c'est juste du grand n'importe quoi. Non seulement c'était gênant à voir, mais en plus j'ai trouvé ça beaucoup trop lourd pour convaincre. Quand il se met à voler, tout ça...
et en plus, les autres situations n'arrivent plus à captiver. C'est limite si je m'endormais. C'est là que j'ai compris que le concept, pourtant très sympa, en était à ses limites. Et puis la fin m'a plus laissé perplexe qu'autre chose...
pourquoi se suicider alors qu'il est de retour au sommet, soit ce qu'il cherche depuis le début du film ? Et puis pourquoi Emma Stone regarde en haut en souriant, comme si elle le voyait voler ? Alors qu'on sait qu'il n'a pas de pouvoirs et qu'il est juste fou (on l'a vu avec le gag du taxi un peu plus tôt) ?
Une grosse déception, ce final. Birdman n'est donc pas un mauvais film: il sait se montrer pertinent, passionnant, voir impressionnant en terme de mise en scène. Mais le film ne tient pas pendant 2 heures, et on ne peut s'empêcher d'être frustré et déçu par le résultat. En somme, c'est à mes yeux un film surestimé et un peu trop survendu. Dommage, parce qu'il y avait de bonnes idées.