La première adaptation du roman de Bradbury par Truffaut, certes n’était pas inintéressante. Le Français avait perçu, de toute évidence, tout l’intérêt philosophique et politique de l’œuvre. Hélas, son irrespect pour le genre qu’est la science-fiction, semblait aussi tout évident. Truffaut sans vergogne, avait sciemment orienté ses acteurs, pourtant excellents, vers des performances de théâtre. Négligeant complètement l’importance de l’aspect visuel et dynamique de la SciFi, ses décors, ses costumes, ses dialogues, et ses scènes d’action convergent vers une impression d’ensemble qui frôle toujours un peu plus le ridicule, à mesure que le temps passe. La récente adaptation de Ramin Barhani voulait mieux rendre hommage à l’œuvre. Mais elle n’y réussi pas vraiment. En effet, le metteur en scène Américain respecte scrupuleusement son cahier des charges du genre qu’est la science-fiction. Son rendu visuel est pris très au sérieux, et ses scènes d’action sont très réussies. Hélas, son tissage entre les ressorts dramatiques est peu travaillé, à l’image des dialogues en général, et surtout d’une scène finale qui laisse un fort goût d’amertume et de gâchis. L’hommage le moins réussi reste tout de même celui tenté par Kurt Wimmer dans son « Equilibrium ». Il parvient assez bien à mettre en valeur le terreau scénaristique de Bradbury. Bradbury, qui soit dit en passant, s’était inspiré du Big Brother autoritaire, intrusif et omniprésent de George Orwell, ainsi que le génisme humain exposé par Aldous Huxley dans son « Brave New World ». Hélas Wimmer intègre à cet amalgame, et de manière assez fumeuse, un autre concept, celui de l’équilibre physique et mental. Tout cela servi par des scènes de bagarres interminables, rendant l’ensemble hautement soporifique.