Marilyne Canto nous offre avec « Le sens de l’humour » un petit bijou ciselé sur les ailes de la vie quotidienne. Je ne sais s’il s’agit ici d’un film autobiographique ou non… D’ailleurs qu’importe… On a toujours lors de l’analyse subjective d’une œuvre tendance à aller vers les potins. C’est une erreur, à mon avis, car l’impact du vécu d’un auteur ne peut véritablement être pris en compte que lorsque son œuvre est terminée… Fuyons l’anecdotique.
Il s’agit ici d’un premier long métrage… Le thème : l’impact du deuil et la reconstruction.
Encore ! Me direz-vous.
Oui, mais ici le fardeau est masqué. C’est à travers la relation avec les autres, donc indirectement, que la réalisatrice/actrice nous en parle.
Difficile la vie après une rupture ! Envie de continuer, envie que cela cesse. Et puis les obligations : la « cellule » familiale (comme « on » dit), le travail, les collèges, les amis… Il faut avoir un sacré « sens de l’humour » pour masquer le désarroi, le doute… La pudeur quoi! Reconstruire. Le corps est là.
Le besoin de l’épiderme correspond-il au cœur ?
Des fragments de quotidien, le réel brut de pomme : la rue, le métro, un reflet, des lumières, des mots susurrés ou jetés abrupts et durs.
Trois personnages rien que cela ! Une mère, son fils, son compagnon épisodique. La mère éperdue entre la nécessité de l’autre et besoin de la solitude… Solitude impossible : le travail et Léo son fils…
Relation avec Paul compliquée : "je t'aime bien mais je ne t'aime pas et je ne t'aimerai jamais" La vie et ses rouages grippés… Ça grince…
Heureusement il a la magie de la TRIANGULATION…
Et là encore c’est le gamin qui se coltine la boite de premiers secours… Celui qui recolle les morceaux entre Paul et Élise. La parole renaît, l’envie aussi.
Marilyne Canto a choisi pour ce rôle un môme vraiment génial (Samson Dajczman) ne renonçant jamais à son naturel, ayant toujours le ton juste et montrant même les maladresses de son âge, ses doutes, son besoin de structure…
Sobriété, pudeur… Des qualités trop rares au cinéma, actuellement.
Le charme et la profondeur du premier film de Marilyne Canto.