Fort du succès commercial et critique des "Mondes de Ralph" ("Wreck-it-Ralph") animé par Rich Moore en octobre 2012, film symbolique d'une nouvelle ère cinématographique dans le studio à la souris, on se doutait tous qu'une suite verrait jour ! Avec un thème aussi vaste que celui des jeux vidéos et des anciennes comme des nouvelles technologies ainsi que des quelques chamboulements survenus au sein du studio depuis la sortie du premier volet, le résultat s'annonçait intéressant. Ce qui toutefois, ne nous a pas empêché d'y émettre certaines réserves, notamment sur la pertinence de l'évocation du progrès de la technologie au cours du temps ou encore un prévisible hommage à "Star Wars" au sein de l'histoire... Un résultat à la hauteur de nos espérances ? Le scénario de "Ralph 2.0" prend certainement place en 2018, six ans après la défaite du maléfique roi Sa Sucrerie précédemment apparu (2012). Félix Fit Jr et Calhoun sont époux et Ralph et la princesse Vaneloppe deux indissociables amis. Cette dernière, en quête de nouveauté et de découvertes, va voir son jeu "Sugar Rush" techniquement hors-service suite à une frasque accidentelle de Ralph. Pris de compassion pour son amie, le géant va profiter de l'installation nouvelle de la zone WiFi de la borne d'arcade pour trouver le matériel nécessaire afin de réparer les dégâts qu'il a causés. Les deux compagnons font ainsi connaissance avec les habitants d'un monde qui leur est complètement neuf. Cependant, si Ralph voit d'un mauvais oeil l'idée de s'allier à un univers qui n'est pas le sien et où amour et argent ne font plus qu'un, Vaneloppe se prend rapidement au jeu. D'autant plus qu'elle trouve chaussure à son pied en se liant d'amitié avec Shank, pilote automobile d'un "GTA" like. L'idée de progrès va-t-elle nuire à ce que ces deux amis ont vécu ensemble dans le passé ? Un résultat à la hauteur de mes espérances, oui ! "Ralph 2.0" est très imparfait et satisfaisant à la fois. Ses enjeux rappellent fortement ceux de son prédécesseur mais reste loin d'atteindre le potentiel de ce dernier. Déjà, il faut souligner que l'univers est très bien étendu et plaisant à décrypter. Internet, là où cette critique sera publiée... est ici doté d'une allégorie très réaliste mais aussi très dépréciative. A travers ses symboles emblématiques (le pouce vert, le coeur...), nous y observons un traffic de sentiments, dans cet univers où chaque émotion est moteure de la boîte à billet. Le film met à jour l'univers fictif que nous connaissons déjà tous par le biais d'une technologie d'actualité, favorable à une critique de la société de consommation. Pour renforcer le réalisme du film, il se permet d'y mentionner de grands noms tels que eBay ou Youtube, renommé ici sous la pastiche "BuzzTube" dirigée par l'atypique Yesss. Le seul dommage, c'est que le scénario n'explore pas plus loin que ces deux plateformes ; l'idée d'impliquer davantage de sites à la fois aurait été intéressante. À première vue, on aurait pu s'attendre à un traditionnel scénario "on prend les mêmes, puis on recommence" comme chez la plupart des suites du studio. Fort heureusement, si le scénario n'en reste pas moins un total réinvestissement de celui du premier film, au point d'en devenir prévisible (désir de changement, idée de faire "comme un autre", remise en question de l'amitié des protagonistes...), on assiste à une réelle progression de l'univers. En effet, si dans le premier film on observait les premiers liens qui unissaient Ralph et Vaneloppe, la suite s'intéresse à la rencontre de nouvelles têtes et les doutes des personnages sur leur véritable place. La petite fille développe un goût pour les jeux modernes à haute difficulté et au contenu illicite (au point de vouloir y participer), tandis que Ralph préfère retourner dans "son" monde rétro sans songer jamais à changer de mode de vie. De plus, il est à noter qu'il n'y a pas de véritable antagoniste malgré les doutes qui pèsent sur Yesss ou encore Shank, une idée inattendue et plutôt originale. C'est la nouveauté à laquelle les deux personnages sont soumis qui va mettre leur relation en jeu, et sur ce point le film rappelle quelque part l'histoire de "Toy Story 2". Loin de copier son associé Pixar, Disney va plus loin et la conclusion du film va aboutir à une morale non seulement réaliste, mais en plus qui optimise les spectateurs les plus "nostalgeeks" dans l'idée du changement.
Finalement, si Ralph accepte le choix de son amie à rester auprès de son amie Shank dans le jeu en ligne, leur amitié ne se retrouve nullement souillée et semble même avoir pris de l'ampleur comme le montre la scène finale.
Les péripéties s'enchaînent, ponctués ça et là de références culturelles en tout genre qui, rappelant le "Ready Player One" qu'on avait eu droit l'an passé, témoignent d'un patrimoine culturel en pleine croissance depuis presque un siècle de progrès techniques et technologiques. [spoiler]Notons par exemple la scène du crossover entre les princesses Disney au complet, d'autant plus curieuse qu'elle fait sourire à en devenir culte. Puis, s'ensuit une séquence musicale inattendue et quelque peu clownesque, symbolisant à elles seules la densité des progrès ayant eu lieu dans la manière de présenter les personnages au cinéma ![/spoiler Hélas, les failles scénaristiques viennent limiter la qualité du film en tant que suite. En effet, nombreux sont les spectateurs, moi compris, ayant constaté le déséquilibre de la balance sur le plan des personnages. L'histoire enfonce fortement le doigt sur la relation Ralph / Vaneloppe mais délaisse complètement les deux autres personnages principaux du premier film, à savoir Félix et Calhounh ! Ils apparaissent bien peu en fin de compte et le rôle occupé par le couple sonne faux. C'est dommage parce qu'il aurait été intéressant de leur donner une fin davantage importante que celle de fonder une famille en hébergeant les personnages naufragés de Sugar Rush... Cette négligence donne l'impression que l'histoire est terminée pour eux dès la fin du premier opus, alors qu'il y avait tellement à faire. D'autres personnages sont peu développés et peu intéressants, Spamley notamment, servant uniquement quelques gags tranquillement amenés. Petites failles réparées de justesse par l'animation, toujours soignée mais parfois maladroite sur la retransmission des graphismes 2D en 3D (comme avec les princesses), et par le doublage, identique au premier.
Quelques faiblesses scripturales par-ci par là n'empêchent pas "Ralph 2.0" d'être une suite bien plus que correcte, grâce à un humour toujours aussi présent et une histoire qui avait vraiment du potentiel. La fin est intéressante parce qu'on assiste à la conclusion en ayant la sensation que Moore a fini par boucler la boucle ouverte il y a six ans (ne fin ouverte aurait été de trop). J'étais en 6ème quand "Les Mondes de Ralph" est sorti, et désormais en Terminale lorsque "Ralph 2.0" déboule sur nos écrans. On en retiendra un dyptique de qualité et toute une jeune génération de gens l'ayant suivie, et dont je suis satisfait de faire partie !