Hippocrate est présenté en clôture de la Semaine Internationale de la Critique 2014.
Le réalisateur Thomas Lilti s’est inspiré de son histoire personnelle pour Hippocrate. Il fut en effet médecin et fils et de médecin, comme le personnage du film, Benjamin (second prénom du réalisateur). Il se souvient : "(...) la pression familiale aidant, on m’a fait comprendre qu’il vaudrait mieux commencer par faire de « vraies » études. Mon père étant médecin, j’ai opté pour la fac de médecine pour acheter ma tranquillité."
Le tournage a eu lieu dans l’hôpital où Thomas Lilti pratiquait lorsqu’il était médecin. Un atout majeur pour la production du film et le respect de l’activité médicale. "Au début, j’ai senti que l’équipe n’y était pas très favorable, à cause des contraintes techniques et logistiques, mais il a vite été évident pour tous que connaître les lieux serait un avantage : je savais exactement où aller, quels endroits filmer, où trouver la chair du film", explique le metteur en scène.
Thomas Lilti tenait à se démarquer de l'imagerie collective des hôpitaux, en effectuant un gros travail sur la lumière et les décors : "Il ne fallait pas qu’on tombe dans le piège d’un hôpital monochrome, représenté uniquement dans des tons scindés, le chaud, le froid, mais au contraire qu’on aille vers l’aspect très hétéroclite de ce lieu, qu’on sente que les ambiances sont nombreuses et différentes selon qu’on soit le jour ou la nuit, qu’on soit dans une salle de soins, de garde ou de réunion."
Le metteur en scène a fait appel à de vraies infirmières qu’il connaissait pour se mêler au casting, dans le but de faire "s’opérer un échange de savoir entre les acteurs et les vrais soignants. Je voulais gagner en réalisme et donner le sentiment que le récit n’est pas fabriqué."
Thomas voulait faire un film qui rende hommage aux internes étrangers (qui l’avaient beaucoup aidé dans son parcours), en plaçant le personnage d’Abdel (Reda Kateb) au centre du récit. "Ce personnage, est plus ou moins la fusion de deux médecins qui m’ont formé : l’un, algérien, Majid Si Hocine qui a participé au film, et l’autre, un Albanais dont j’ai perdu la trace, Arben Menzelxhiu."
Pour marquer le poids de l’hôpital sur la vie personnelle des médecins, l’action ne se passe presque que dans ce lieu. "Quand on est interne, on passe 90 % de son temps à l’hôpital. Tous les rites de la vie - les amitiés masculines, les histoires d’amour, la découverte de la responsabilité, le rapport à la mort - se passent dans son enceinte", raconte le réalisateur.
Thomas Lilti laissait les acteurs libres de leurs mouvements, et plaçait la caméra en fonction d’eux. Il souhaitait représenter le fourmillement incessant de l’hôpital, comme il l'explique : "C’est en fonction de la chorégraphie qui se mettait en place aux répétitions que je choisissais l’endroit où j’allais mettre la caméra pour les prises. Une seule règle prévalait : le moins de contraintes possibles pour les acteurs. (...) L’image que je garde de l’hôpital : ce sont des hommes et des femmes qui s’y croisent, qui se côtoient. Ça fourmille. Les murs ne sont qu’un cocon."