En lice pour les césars 2015, Hippocrate a beaucoup fait parler de lui lors de sa sortie dans l'hexagone. Retour en arrière sur cette comédie dramatique 100% française.
Benjamin, fraîchement débarqué dans un hôpital parisien, entame son internat aux côtés d’autres jeunes médecins en devenir. Autour de lui, des personnes bienveillantes toujours prêtes à l’épauler: son père, directeur du service et Abdel, un interne faisant fonction originaire d’Algérie. Tous deux tentent de rassurer le jeune docteur dans ses périodes de doute, au point de le couvrir pour diverses erreurs d’ « appréciation ». Oui mais : comment assumer les responsabilités qui nous incombent dans un univers aussi minutieux et intraitable que celui de la médecine ? Comment assumer les conséquences de ses actes lorsqu’on est le fils d’un personnage important ? Benjamin découvre la réalité du terrain et c’est bien moins simple que ce qu’il avait pu imaginer.
Thomas Lilti signe ici un long métrage engagé, dénonçant le manque de moyens dans les hôpitaux français et l’erreur humaine à laquelle on peut tous être un jour confronté. Réalisateur et scénariste, il offre un film maîtrisé, énergique et intelligent.
En effet, l’intrigue est simple, courte mais bien exploitée. Ceux qui redouteraient des longueurs et des lenteurs peuvent être rassurés, il n’en est rien. Il est vrai que le domaine médical peut parfois revêtir des apparences austères voire aseptisées mais dans l’ensemble, la découverte des coulisses de l’univers particulier de l’internat en hôpital se fait sans peine.
Le casting principal est convaincant. Vincent Lacoste (« Camille Redouble », « Les beaux gosses ») joue de façon probante le jeune médecin introverti, en proie aux doutes. Reda Katec, très performant dans son rôle d’interne expérimenté, volerait presque la vedette au jeune premier qu’est Lacoste tellement son jeu sert l’intrigue de façon réaliste. Au second plan, l’excellent Jacques Gamblin (« De toutes nos forces », »Le premier jour du reste de ta vie », « Enfin veuve ») grisonnant et charismatique à souhaits, ainsi que Marianne Denicourt (« Une pour toutes », « Une folle envie ») qui performe dans ce nouveau registre. Thomas Lilti a su s’entourer et le job est assuré.
Notre bémol ? On présente « Hippocrate » comme une comédie drôle et profonde…. Drôle, drôle, ce n’est peut-être pas l’adjectif le mieux choisi car l’histoire ne prête pas à rire et aucune scène ne l’a réellement permis… on cherche encore. Profond, oui, quand on sait qu’on s’immerge dans certains problèmes de société mais il ne faut pas survendre le produit non plus.
Nominés dans sept catégories (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Vincent Lacoste, meilleure actrice dans un second rôle pour Marianne Denicourt, meilleur acteur dans un second rôle pour Reda Katec, meilleur montage et meilleur scénario) "Hippocrate" collectera peut-être un prix lors des prochains César, c’est tout le bien qu’on lui souhaite. Pour notre part, on a passé un bon moment ciné et on ne serait pas très étonné.