Dire que j'attendais le dernier Del Toro est un euphémisme, il faisait parti, avec Love de Noé et Knight of Cups de Malick, des trois films de 2015 que j'attendais le plus. Mais comme pour les deux prédédent, j'ai prit mon temps pour le voir.
Une fois le métrage visionné, je dois dire que, des trois, c'est ce dernier qui m'a laissé le plus sur ma faim.
Car il faut être honnête, voir Del Toro revenir au fantastique et au surnaturel, avec une histoire de fantômes qui plus est, ça a de quoi rendre impatient. Malheureusement Del Toro semble douter de sa capacité de narration ainsi que de ses effets horrifiques, jusqu'à user de poncifs du genre. Du point de vu de l'horreur pour commencer, le film ne fait en aucun cas peur, malgré quelques scènes de tensions bien gérés, le cinéaste use et abuse de jumps-scare, couplés à une musique stridente, tous plus risibles et dispensables les uns que les autres, il ne laisse pas son montage respirer pour créer le malaise, tout suit le tempo classique du film d'horreur lambda.
De plus l'écriture du film aussi laisse grandement à désirer, le récit est cousu de fil blanc et les "twist" du film, trop facilement anticipés, sont présent dans le seul but de sortir le spectateur de sa torpeur face à une romance, certes dans le pur style gothique, mais néanmoins très mal amenée et des plus inintéressante. Le manichéisme des personnages, esprits mis à part, n'aide pas à l'implication non plus. Surtout que même dans ses thèmes, tel que le passé, les êtres (vivants ou non) maudits par le destin etc. Del Toro manque de subtilité et en dépeint une vision des plus sommaire.
Cependant, là où le cinéaste aurait eu du mal à décevoir c'est en terme d'esthétique et d'ambiance, on parle de Del Toro tout de même ! Et sans grande surprise, le film est d'une beauté stupéfiante, la photographie est sublime, les décors majestueux avec ce manoir qui beigne dans l'argile rouge sang, nous maintenant constamment en alerte, les cadres travaillés et la mise en scène, bien que monotone, fait preuve d'une attention toute particulière à jouer avec la profondeur de champs et les lignes de fuites, Del Toro met en image les déambulation de Mia Wasikowska, magnifique et très juste tout le long, avec une fluidité sans pareil.
Crimson Peak est donc une oeuvre mineur dans la filmographie du cinéaste mexicain. Le métrage souffre d'un manque d'assurance, de gros défauts d'écriture ainsi que de son utilisation outrancière des poncifs du genre. Toutefois rien que d'un point de vu formel et plastique, le film se hisse au dessus de la majorité de la production horrifique actuelle sans aucun problème. Une oeuvre bancal mais pas dénuée d'intérêt.