Le célèbre cinéaste mexicain, Guillermo Del Toro, en revient en 2015, du moins en apparence, à l’univers gothique coloré qui fît son succès sur le Labyrinthe de Pan. Les divers aficionados étaient aux anges à la suite de la présentation de la première bande-annonce de ce Crimson Peak, film horrifique empreint d’un romantisme élégant et pourvu d’un casting prometteur. En définitive, le bel emballage cadeau, le paquet savamment décoré, source de toutes les promesses pour un public lassé des films horrifiques contemporains, ne renferme que peu de chose. Une coquille vide, ou presque vide. Voilà ce qui me vient à l’esprit au sortir de ce curieux pamphlet esthétisé, hommage à une certaine culture qui n’approfondi quasiment aucune de ses thématiques, qui tourne à vide tout du long et pire encore, qui n’est jamais passionnant, jamais attrayant.
Il semble alors évident, à qui veux bien le voir, que Del Toro tente de renouer avec son public de jadis en nous balançant une grosse dose de poudre de Perlimpinpin, un nuage d’esbroufe qu’il pensait capable de masquer les diverses lacunes de son long-métrage, un film qui souffre avant toute chose d’un scénario d’une banalité embarrassante. Oui, qu’importe les efforts des acteurs, du chef costumier, des décorateurs, de mise en scène, Crimson Peak ne captive jamais, faute à un manque d’intérêt cruel pour le scénario, la grande faiblesse de cette coquille vide. Qui plus est, le cinéaste ne s’approprie jamais vraiment la thématique du surnaturel, des fantômes qu’ils s’efforcent de faire paraître effrayants alors qu’ils ne le sont jamais. Le surnaturel, ici, n’est lui aussi qu’un emballage, un décor mouvant qui le réalisateur pensait sans doute nécessaire à la bonne narration de son histoire d’escroquerie romantique. Erreur. En effet, le film n’est jamais franc, semblant toujours vouloir en mettre plein les yeux pour ne finalement qu’en revenir à un propos faiblard. Le manoir des Sharpe, finalement, est le seul ‘’personnage’’ intéressant de ce brûlot horrifique, mais là encore, Del Toro ne lui rend pas hommage. Lui aussi est une coquille vide.
Mia Wasikowska endosse le costume de l’héroïne timide, tandis que Tom Hiddleston s’efforce de paraître indéfinissable. Ce dernier, révélé dans un autre genre cinématographique, semble ici en faire des caisses en vue d’honorer le statut de bellâtre qu’à bien voulu lui confier le cinéaste. On pressent dès lors que le comédien sera d’avantage à sa place dans sa nouvelle série d’espionnage. La seule, d’apparence, à tirer son épingle du jeu, c’est Jessica Chastain. L’actrice démontre suffisamment de malice et de mauvaises intentions pour parfois, momentanément, nous faire oublier la platitude ambiante. Mais l’effort est plutôt vain tant le reste ne suit pas. Finalement, le populaire Charlie Hunnam ne fait pas mieux qui ses confrères, incarnant un personnage sans relief qui ne sert quasiment à rien. Le casting, bien que prometteur, ne parvient donc pas à rehausser le niveau général de l’œuvre.
On retiendra donc de ce Crimson Peak uniquement les décors et le talent de mise en scène de Guillermo Del Toro, sur le strict plan plastique, esthétique. Les décors sont formidables, envoûtants, ce qui n’est accessoirement pas le cas des fantômes, eux, plutôt ratés. C’est donc déçu que je ressors d’un visionnage que je pensais susceptible de me réconcilier avec le réalisateur mexicain. Il est pourtant aisé de comprendre l’intérêt du public pour un tel film, romantique, gothique et surtout rattachable, dans sa forme, aux films de la Hammer, à quelques productions passées de son metteur en scène. Pour ma part, les deux heures m’ont parues longuettes. La prochaine fois, Guillermo, revient avec quelque chose à raconter. Tu soigneras la forme dans un second temps. 07/20