Christopher Nolan, en plus d'être mon metteur en scène favoris, il peut aussi se vanter d'être l'un des cinéastes aux projets les plus ambitieux de ces dernières années, pour nous avoir donné sa vision d'auteur du personnage de Batman, nous avoir retourné le cerveau avec " Inception ", et nous avoir offert une odyssée dans l'espace inoubliable avec " Interstellar ". Mais avant qu'il ait gravi les échelons de sa carrière cinématographique, comme la plupart des grands (ou pas) réalisateurs, il a fallu passer par des petites productions à faible budget, comme ce fut le cas de ce dernier avec " Following " en 1998. Le scénario peut paraître classique pour un film de Nolan, le bonhomme ayant tendance à nous offrir des histoires aux idées fraîches et novatrices, mais en fin de compte c'est loin d'être le cas, puisqu'elle est pétrie de bonnes idées, nous introduisant parfaitement le style de Nolan, tout en rendant hommage aux thriller d'Alfred Hitchcock et au genre du film noir, un genre qui se fait de moins en moins présent ces derniers temps. Et puis, de toute façon ce n'est pas l'idée de base qui nous intéresse le plus, mais plutôt la façon dont va nous la faire partager le réalisateur. Au vu du résultat final, ça ne peut pas plaire à tout les spectateurs, me concernant, le fan de Christopher Nolan qui est en moi ne peut réagir que positivement, même si il s'agit d'un des seuls films du réalisateur que je n'arrive pas à qualifier de chef d'oeuvre. Pour commencer, si il y a bien un point qui me réjouis dans ce film, c'est que je craignais que pour un premier film au budget faiblard, Nolan ne réussisse pas à y placer sa patte personnelle et artistique, et ce n'est bien heureusement pas le cas, puisque 100 % du film (j'exagère peut être un peu) transpire la mise en scène Nolanienne. Tout spectateur n'arrivant pas à suivre des films comme " Memento ", " Inception " ou " Interstellar ", devrait s'accrocher avec " Following ", puisqu'il demeure à ce jour comme le film de Nolan le plus difficile à suivre de sa carrière, même les adeptes au style de Nolan risquent d'y avoir du mal, c'est dire. Tout cela est dû a une narration non chronologique, on retrouvera cela dans le film suivant du metteur en scène, " Memento ", sauf que dans ce dernier la narration a un sens puisqu'elle ne fait qu'être inversée, alors que dans " Following ", c'est un peu comme dans les films de David Lynch, c'est non linéaire et particulièrement déconstruit. Il est donc assez dur de qualifier ce procédé lorsqu'il est utilisé dans " Following ", puisque pour certains c'est une qualité, pour d'autres un défaut, en ce qui me concerne c'est ce qui fait le charme du long-métrage ainsi que de ses retournements de situations, bien qu'il soit dur d'y distinguer une certaine motivation. Parmi les avant-goût du style de Nolan, on peut aussi citer le héros naïf et imparfait sur lequel les autres personnages tenteront de prendre le dessus, comme par exemple la femme fatale (raison pour laquelle, je classe ce film dans la catégorie " film noir "), ou encore le thème du mensonge et de la tromperie qui amène les spectateurs à un jeu, puisqu'ils auront tous une perception différente des évènements, jusqu'à un retournement de situation intense et inattendue (je n'oublie pas de vous citer cette petite apparition du logo de Batman, qui est une coincidence rigolote pour la carrière de Nolan). La mise en scène de Nolan est un véritable tour de force, quand on voit la somme budgétaire du film, 6 000 dollars (soit l'un des films les moins chers de l'histoire), on ne peut qu'applaudir, avec si peu d'argent il arrive à instaurer une ambiance digne d'un bon film film noir, de plus le manque de budget ne se fait presque pas ressentir, un petit peu au niveau de l'image (d'où le choix du noir et blanc) et de la durée (1H10), mais ce n'est que minime. Le casting quand à lui, n'est pas composé de tête d'affiche, les acteurs n'ayant pas vraiment décollé dans leur carrière, mais il faut reconnaître qu'ils font bien leur travail, rien d'exceptionnel, mais rien d'honteux non plus, je reprocherai juste à l'actrice jouant la blonde de ne pas être assez investie dans son rôle, mais rien de plus. Les personnages sont globalement bien travaillés, et ont une personnalité particulièrement intéressante, mais ils manquent d'attachements, alors qu'on arrive à s'y identifier sans problèmes, c'est juste que pour moi on pas assez de temps pour s'intéresser à eux, mais là je chipote. La bande originale de David Julyan est pas mal du tout, loin d'être exceptionnelle, mais il est surprenant d'entendre des thèmes aussi réflechies pour un film tourné avec trois fois rien. En conclusion, " Following " a beau ne pas être connu du grand public, mais il mérite sa place dans la filmographie de Christopher Nolan, car il est intéressant de voir jusqu'où on est capable d'aller avec juste 6 000 dollars de budget. Tout fan du réalisateur, doit découvrir cette oeuvre si ce n'est pas fait, on aime ou on n'aime pas, mais on ne peut pas nier qu'il s'agisse d'un condensé de tous les thèmes essentiels à la filmographie de Nolan.