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    Je t'aime, je t'aime
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    Jean-François S
    Jean-François S

    51 abonnés 668 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 mars 2013
    "Je t'aime, je t'aime" est surement le moins connu des films d'Alain Resnais. Celui-ci a rencontré deux handicapes majeur dans sa carrière, d'abord c'est un film de science-fiction (oui, vous avez bien lu), de vrai science-fiction ! Et c'est un genre totalement méprisé par les cinéphiles de l'époque ("2001, odyssée de l'espace" n'a pas encore fait la révolution du genre à ce moment). Et secundo, le film eut le malheur de sortir au moment des révoltes de mai 1968 en France, il n'a donc pas eu de carrière en salles et sa projection au festival de Cannes fut même annulée en raison des évènements (il fut projeté finalement 35 ans plus tard). Il serait pourtant temps de redécouvrir ce film atypique dans la filmographie du réalisateur.
    Au départ Alain Resnais voulait faire un film avec Chris Marker, le réalisateur du célèbre court-métrage de science-fiction français "La jetée". Mais ce dernier n'est pas intéressé et lui conseille d'aller voir l'écrivain Jacques Sternberg, connu pour ses nouvelles de science-fiction atypiques. Les deux hommes vont élaborer ensemble un film qui aurait pourtant du devenir emblematique des années 60 puisqu'il parle d'expérimentation sensorielle et de drogues pour permettre le voyage temporel. Le tout dans une mise en scène totalement expérimentale avec un montage volontairement chaotique et déchronologique. Un style que l'on retrouvera chez Ken Russell bien plus tard dans "Au-dela du réel" en 1980.
    Initialement, les voyages temporels devaient être filmé entièrement en caméra subjective du point de vu de Claude Rich qui joue le voyageur cobaye. Finalement Resnais obta pour une autre approche beaucoup plus subtile où l'acteur est toujours cadré au centre de l'image durant ses voyages temporels, à l'exception des séquences où il rêve. On comprendra assez vite que la science-fiction n'est pour Resnais qu'un prétexte pour expérimenter un style de montage inédit et totalement déconstruit (en apparence). Il faut enfin saluer Claude Rich qui parvient immédiatement par son jeu gai ou sombre à faire comprendre, quel moment de sa vie on est en train de revivre. Mais n'oublions pas non plus la voluptueuse musique de Penderecki et le design osé d'une citrouille gonflable pour la machine à voyager dans le temps.
    Maqroll
    Maqroll

    158 abonnés 1 123 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 31 juillet 2012
    Après Muriel où déjà il tournait en rond, Resnais s’est essayé sans succès au film politique (La guerre est finie) avant de revenir à ses obsessions sur le temps et la mémoire. Avec son snobisme déjà patent, il se croit obligé de chercher une touche d’originalité en abordant un genre nouveau pour lui, à savoir la science-fiction. En fait, on voit très vite ce qui a captivé le futur auteur de Mon oncle d’Amérique dans cette histoire de voyage dans le temps : séduit par les théories alors naissantes du cognitivisme, Resnais est persuadé que l’être humain est l’égal de la souris de laboratoire (ou du chien de Pavlov ou des rats de Mon oncle d’Amérique qui envahiront l’écran de façon obsessionnelle et grotesque). Il s’efforce donc, comme il le fera dans tout le restant de son « œuvre » petite et misanthrope, de démontrer le ridicule et l’aléatoire attachés à la condition humaine… Je passe pudiquement sur les pseudo qualités de cinéaste du Monsieur car, à mon humble avis, il n’en a pas : tout n’est qu’esbroufe et tape-à-l’œil dans une réalisation lourde et faussement inspirée et sa caméra s’embourbe au rythme de sa pensée… C’est le début d’une suite de films où ledit Resnais va se foutre du monde impunément, avec le concours d’une certaine critique parisianiste qui va l’encenser au rythme de ses productions défécatoires… Une étoile pour Claude Rich, un de nos plus grands acteurs, dont on se demande ce qu’il vient faire dans cette galère.
    stebbins
    stebbins

    501 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 mai 2012
    Ce rêve familier : ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Je t'aime, je t'aime : répétition, musique, un film de la modernité, une oeuvre complexe et envoûtante. On croirait voir à l'écran comme la logique d'un songe, songe fait d'échos et d'incongruités. Le film méconnu d'Alain Resnais se donne humblement comme une étrange expérience de cinéma : c'est une très belle réussite, au montage fluide voire parfois même virtuose. Les mots de Jacques Sternberg sont proprement délectables, faisant corps avec la mise en scène précise et obsédante d'Alain Resnais. Claude Rich y incarne un personnage attachant, savoureux mélange de sarcasme et de mélancolie. Terrible et nuancé, ce long métrage est probablement l'une des plus parfaites retranscriptions de la subjectivité du temps qui passe. Un film à voir absolument, qu'il faut digérer et peut-être décortiquer afin de mieux comprendre l'exigence remarquable de son réalisateur. A noter la magnifique musique de Penderecki, qui aurait toutefois gagné à être mieux mise en valeur. Un classique.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 31 juillet 2011
    L'expérimentateur génial du cinéma français signe ici l'un de ses films les plus émouvants - et l'un des ses plus méconnus aussi. Comme toujours chez Resnais, la forme éclaire le fond et cette histoire de voyage dans la mémoire est autant l'occasion d'un incroyable travail de déconstruction narrative qu'une plongée dans l'ambivalence du sentiment amoureux. Le récit (comme le personnage principal) nage entre deux moments de souvenir, comme on nage entre deux eaux (la mer, omniprésente comme élément matriciel), retraçant l'échec d'une histoire passionnelle à l'issue fatale. Si on la prend dans sa reconstruction chronologique, l'histoire de Ridder et Catrine correspond au rêve d'amour fou pour lequel un homme lâche tout, et part pour une dérive vagabonde dont la structure du film rend compte. Ce qui bouleverse ici, c'est l'impossibilité de retrouver le juste temps de la félicité. De là à supposer que ces jours heureux n'étaient qu'un désir inaccessible - l'impossible amour -, il n'y a qu'un pas. A moins que ce ne soit dans la prédisposition de Ridder à choisir, malgré lui, le reflet, l'ombre de la femme, que réside l'énigme de son mal de vivre. Le génie de Resnais est de laisser intacte cette zone d'ombre qui plane sur tout le récit et de parvenir ainsi à la synthèse idéale du film mental et du film de pure sensation, de mêler l'imaginaire le plus débridé et la rigueur d'une tragédie classique. A l'aune de ce chef d'oeuvre, on mesure la richesse infinie du cinéma de Resnais, et son incroyable capacité à repousser les limites formelles et narratives de son art.
    cylon86
    cylon86

    2 510 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 juin 2010
    Un film très intéressant sur le passé et la mémoire. Si l'esthétique est assez laide, ce film remonte l'estime que j'avais pour Resnais qui m'avait traumatisé avec l'interminable "Hiroshima mon amour". Claude Rich est excellent et les séquences prennent sens au fur et à mesure du film.
    chrischambers86
    chrischambers86

    13 706 abonnés 12 423 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 mai 2012
    Avec "Je t'aime, je t'aime", Alain Resnais plonge un homme dans son propre passè, mais aidè cette fois par une machine, ingrèdient typique de la science-fiction! Comme tout personnage de Resnais, il retrouve ses obsessions familières! Le film part donc de dècors fantastiques, un dècor fèerique cachè au fond d'une cave, mais ce que le hèros retrouve au bout du "voyage", c'est un monde très quotidien, avec ses petites joies et ses drames, et sans sortir de l'intimitè d'un seul personnage (incarnè par le sensible Claude Rich)! il fait très triste dans le film, bien que la remontèe dans le temps corresponde au dèsir du bonheur: car ce bonheur d'un instant revècu à l'ècran, si intense qu'il ait ètè, n'en est pas moins minè par les rèalitès sordides, la grisaille, tout cela qui annonce la mort dans la vie! Et sur le visage du hèros se lit une terreur qui croît d'instant en instant! Une oeuvre habile et intelligente...
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 064 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 29 novembre 2009
    Sous le prétexte de Science Fiction, Resnais ce livre à un pur exercice de style très convainquant avec un Claude Rich juste génial.
    max6m
    max6m

    72 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 décembre 2008
    Non présenté à Cannes en 1968 en raison des évènements de mai, «Je t’aime je t’aime» est passé à côté de la reconnaissance qu’il méritait. Dès lors, le film a sombré dans l’oubli, connaissant plus d’engouement à l’étranger qu’en France. La récente édition DVD devrait lui assurer la reconnaissance promise, hélas tardive. 5ème long métrage du très grand Alain Resnais, «Je t’aime je t’aime» est une nouvelle fois le fruit d’une collaboration entre le cinéaste et un écrivain, ici l’écrivain belge de nouvelles fantastiques Jacques Sternberg. Le postulat de départ est simple : un homme ayant survécu à une tentative de suicide se retrouve être le cobaye volontaire d’une expérience de voyage dans le temps. Mais l’expérience dérape, et le héros se trouve condamné à revivre perpétuellement des instants de son passé ayant tous plus ou moins un rapport avec sa relation d’amour passionnée dont l’issue tragique l’avait acculé au suicide. Bien plus qu’à une expérience scientifique, c’est à une expérience filmique que nous assistons. Construit comme une succession de brèves saynètes sans rapport direct les unes entre les autres mais finissant toujours par faire sens, le film éclate toute structure narrative et toute chronologie diégétique pour épouser la forme fragmentée de la mémoire troublée du héros. Le film pourrait ainsi se présenter comme l’illustration du célèbre adage disant que sur l’instant de sa mort, l’homme voit sa vie défiler sous ses yeux. Resnais construit alors un puzzle, mais son objectif n’est pas de perdre inutilement le spectateur mais bien de lui faire éprouver la confusion du personnage. Le procédé crée alors en nous une véritable empathie pour le héros, interprété par un Claude Rich au sommet. La très bonne qualité du texte, l’atmosphère fantastico-mélancolique et absurde renforcée par la musique fantomatique de Penderecki, l’humour, et l’audace de la mise en scène font de «Je t’aime je t’aime» une expérience cinématographique qui s'impose à tout cinéphile.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 3 juillet 2008
    Ce film était certainement très intéressant à l'époque, mais totalement démodé maintenant!
    Je me suis légèrement endormie, mais sûrement pas très longtemps car le film m'a paru très très long quand-même. Je n'ai rien compris, flashback dans le désordre, confusion entre les actrices du fait de leur ressemblance...
    Bref, je déconseille, au moins à des générations plus jeunes que le film!
    le_duc_tient_bon
    le_duc_tient_bon

    1 abonné 11 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 février 2008
    Film de science fiction minimaliste oublié et injustment méconnu, que la récente édition DVD devrait réparée. Brillamment interprété par Claude Rich et finement mise en scène par Alain Resnais qui ajoute un air de nouvelle vague à ce récit original et étrange.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    238 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 15 février 2008
    La redite du titre, le bégaiement du mot d’amour préfigure les sursauts de «Je t’aime, je t’aime» (France, 1968) d’Alain Resnais. Après une tentative de suicide, Claude Ridder (Claude Rich) se voit proposer par un institut de recherche de vivre une minute dans son passé. L’expérience a pour but scientifique de tester le voyage dans le temps. Le film de Resnais aurait été fort limité et se serait vu tourner en rond si l’expérience n’avait pas échoué et si Ridder ne s’était pas perdu dans les méandres du temps et de son esprit. Comme à l’accoutumé du cinéma de Resnais, le temps est un objet malléable, une dimension factuelle qui se modèle. Il y a, comme je l’ai dit en introduction, des sursauts, des allers et retours, des dédoublements de séquences comme celle, en plein été, où Ridder sort de l’eau après avoir observé le fond de la mer. Dès l’arrivée du personnage dans son passé, c’est ce premier instant qu’il revit. Il y a dans cette séquence, l’idée d’une renaissance, d’une réincarnation de soi dans un autre soi, celui du passé. En ce sens, le film de Resnais s’apparenterait à une œuvre de science-fiction. Le film inspirera notamment plusieurs films américains.
    Le deuxième intérêt du film, et qui est tout aussi récurent dans l’œuvre de Resnais, c’est ce poids du malaise sur l’intrigue. Ce qui a poussé Ridder à vouloir se suicider, c’est la mort accidentelle de sa bien-aimée dépressive. Vous l’aurez aisément compris, les souvenirs dans lesquels se replongent le protagoniste et que nous découvrons sont chargés de tourments. La singularité de l’expérience permet au spectateur une plongée désarticulée dans le récit, au risque parfois de rendre monotone la narration. Cette monotonie est d’autant plus accentuée que le film, a contrario des œuvres précédentes de Resnais, ne s’ancre pas dans une volonté politique de témoignage. La force qui alimente l’intrigue n’est plus qu’une seule histoire d’amour.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 329 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 janvier 2014
    Un film osé de la part de Resnais comme il n'en fait malheureusement plus. Même si le film tend facilement vers une abstraction propre au cinéma que l'on qualifie péjorativement « d'intellectuel », force est de constater qu'il y a un vrai parti pris dans ce film auquel s’ajoute en plus une véritable curiosité quand à la manière dont Resnais entend conclure son affaire. J’ai parfois trouvé ça too much, mais je cache pas qu’à bien des moments j’ai été séduit par cette façon assez incroyable qu’à Resnais de bouleverser les codes de la narration, façon qui sera d’ailleurs largement reprise par Charlie Kaufman et Michel Gondry dans leur plus récent « Eternal Sunshine ». A cela s’ajoute en plus une performance hors-norme de Claude Rich qui n’est pas pour rien dans le charme que je trouve à ce film. Un film imparfait donc, mais terriblement séduisant quand on recherche du neuf et de l’expérimental.
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