Je le dis d’emblée, je ne suis pas très James Bond.
Je n’ai vu que 4 James Bond au cinéma et suis ressorti à chaque fois peu emballé.
A la téloche, l’espion 007 n’est donc pas ma priorité. Je peux même m’en passer.
Puisque j’ai la possibilité de tous les voir, je vais me contraindre à parfaire ma culture 007.
D’où une naïveté parfois volontaire et sincère.
« Le monde ne suffit pas »
19ème épisode réalisé par Michael Apted et 3ème pour Pierce Brosnan.
Encore un que je n’avais encore jamais vu, soit 15 sur 19 !
Le générique nous présente des femmes nues recouvertes de fluides ; corps qui se liquéfient, qui se déchirent, qui éclatent, qui gouttent, qui s’effacent.
Après le générique, Bond a le bras en écharpe
suite à une chute d’une montgolfière vue dans la séquence du pré-générique ; il tient tellement à accomplir cette mission qu’il s’en va séduire le docteur pour parvenir à ses fins.
Elle cède évidemment quand il s’emploie à la déshabiller !
Voilà bien longtemps que je n’avais pas vu Bond aussi badin. Il faut remonter à Roger Moore et franchement, c’est plaisant.
Comparé à Timothy Dalton, Pierce Brosnan s’inscrit plus dans la lignée des Sean Connery et Roger Moore.
On retrouve les mêmes : Samantha Bond sous les traits de Moneypenny, Judi Dench sous le regard de M, la BMW qui fera une apparition fugace et Q toujours assuré par Desmond Llewelyn.
Il profitera de James Bond pour nous annoncer sa retraite.
« Je voudrais vous présenter le jeune homme qui devrait me succéder. » dit-il à James Bond.
Phrase au conditionnel. La saga n’était peut-être pas encore fixée sur son successeur.
« Le jeune homme » n’est rien d’autre que John Cleese (60 ans !) appelé R.
Pas si jeune homme que ça.
Le conditionnel employé par la franchise signifie la prudence, j’imagine.
« Toujours sortir en beauté » conclura-t-il avant de disparaître sous les yeux de James Bond qui me semblait un brin touché.
L’acteur et le personnage se confondent si bien qu’on ne retient que Q qui prend sa retraite.
Ce dernier rend son tablier après plus de 30 ans de bons et loyaux services ; nous avions fait sa connaissance avec « Bons Baisers de Russie ».
Ça remonte !
Oui, il sera sorti en beauté.
Le voilà reposé à côté de Sean Connery, de Roger Moore, de Bernard Lee et de Lois Maxwell (la Moneypenny des premiers James Bond) entre autres…
Notre méchant de service a pour nom Renard, Robert Carlyle, terroriste de son état. Il ne ressent rien, ni douleur ni plaisir en raison d’une balle logée dans son crâne. Pour autant, son personnage n’a rien de très inquiétant, il remplit correctement le cahier des charges.
Méchant de service ou homme de main ?!
En effet, j’aurai tendance à nommer Elektra King comme véritable « méchant de service ».
Oui, une James Bond Girl !
Elektra King est la fille d’un magnat du pétrole
qu’elle parviendra à assassiner dans les locaux mêmes de MI6 !
Elektra King est une femme traumatisée par son enlèvement et souffre du fameux syndrome de Stockholm
puisqu’elle est amoureuse de son ravisseur Renard, son complice, plutôt son homme de main pour mener à bien son entreprise.
Elle veut dégager la concurrence russe afin de régner seule et sans partage sur la livraison de pétrole par pipeline.
On retrouve les ingrédients bondiens : bombe nucléaire, mégalomanie.
C’est toujours invraisemblable mais ça fonctionne bien.
Sophie Marceau a le privilège d’interpréter une James Bond Girl. Elle bénéficie d’un rôle plein, relativement complexe, qu’elle incarne avec une certaine subtilité.
Il y a renversement de situation.
Son rôle dépasse la Girl faire-valoir.
Elle est sexy mais pas sexualisée comme le sont la grande majorité des Girls.
Certes, elle n’est pas espionne comme Triple X, comme Way Lin ou Pam Bouvier, mais sa force réside dans son comportement qui relève de la psychiatrie suite à son enlèvement.
C’est une manipulatrice qui manipule James Bond et à travers son personnage, le spectateur que je suis.
Il me semble que c’est bien la première fois, à ce stade de la franchise, où James Bond est troublé, entendez désarçonné par le comportement d’une Girl.
Et si d’aucuns pensent que j’exagère un peu sur la complexité de son rôle, il n’en reste pas moins qu’elle n’a pas hérité d’un rôle simpliste.
L’autre Girl : Denise Richards sous le short serré et débardeur moule seins du docteur en physique nucléaire, Christmas Jones. Son look légèrement dévêtue rappelle une certaine Lara Croft.
Quand elle enlève sa combinaison anti radiation pour nous dévoiler sa tenue, on ne peut que sourire.
« Le monde ne suffit pas » propose des séquences spectaculaires : la fuite de Bond d’une banque de Bilbao ; poursuite dans le pipeline ; la fusillade dans l’entrepôt à caviar
avec l’hélicoptère et ses scies circulaires.
Un bon James Bond divertissant.
A voir en V.O pour Sophie Marceau qui, contrairement à Claudine Ogier - « Opération Tonnerre », à Carole Bouquet « Rien que pour vos yeux », n’est pas doublée en …V.O !