La mission la plus périlleuse de Bond ? Le choix de Michael Apted pour la réalisation peut surprendre. En effet, étant un réalisateur spécialisé dans le cinéma dramatique comme Gorilles dans la Brume ou Nell, Apted semblait au départ inapproprié pour le style explosif qu'exige la série Bonds de Brosnan. Pourtant, il semble clairement convenir à un style de film plus dramatique et complexe.
Dans Le Monde ne Suffit Pas, Bond est bouleversé par l'assassinat de Robert King dans les bureaux de l'agence MI6 et ses émotions semblent avoir un impact direct sur sa relation complexe avec la fille de King, Elektra. Tout autour de l'héritage de King, gravitent des oiseaux bien dangereux à l'instar de Renard, dangereux terroriste qui entend bien mettre la pagaille dans tout ce jolie petit monde. Autant ne pas y aller par quatre chemin, le scénario de cet opus est assez ambiguë. Tantôt intéressant, tantôt long et peu redondant, cet opus mise sur une mise en place complexe d'une pseudo-romance entre Bond et une jeune fille perdue qui ne sait pas vraiment quoi faire de l'héritage de son père. Cet opus semble mettre en avant deux facettes de Bond, d'un côté celle de l'espion qui possède le permis de tuer et de l'autre, l'homme qui semble plus vulnérable. Cet opus comporte bon nombre de courses poursuites, si bien que c'est quasiment la marque de fabrique du film. Pas dérangeant à l'image de cette superbe séquence sur la Tamise, le film se laisse regarder comme un film d'espionnage/action lambda pas folichon, mais pas inintéressant pour autant. Quelques moments resteront dans les mémoires comme le coup des hélicoptère avec les scies ou encore la "torture" au presse-nuque si emblématique. Un opus qui laisse un sentiment d'inachevé et de facilité. La recette de la saga Brosnan serait-elle à bout de souffle ?
Côté casting, Pierce Brosnan, notre Irlandais préféré, reprend le rôle du plus célèbre des agents secrets pour la troisième fois. Toujours très bon, on le sent encore une fois très à son aise et bien dans la peau du personnage. Pour ma part, je le trouve très (trop ?) sérieux dans cet opus par rapport aux deux précédents. Côté James Bond Girl, il faut compter cette fois-ci sur Sophie Marceau (Braveheart) avec une rôle peu taillé pour elle. Elle surjoue pas mal même s'il faut reconnaître qu'elle a plutôt le physique pour jouer la beauté fatale. Quant à Denise Richards (Starship Troopers) elle s'en tire plutôt pas trop mal même s'il faut reconnaître que son personnage manque de profondeur. On peut aussi mentionner Judi Dench qui campe pour la troisième fois le rôle de M. Elle est davantage mise en avant dans cet opus, et c'est pas plus mal. Robert Caryle (Hitler Aux Origines du Mal) incarne un bad guy assez intéressant et qui se range dans la moyenne des bad guys qu'on aime bien détester. Un bon point alors que Demain ne Meurt Jamais manquait d'un méchant qui imposait ! Mention spéciale à Desmond Llewelyn qui signe ici sa dernière apparition en tant que Q après avoir joué dans 17 opus, chapeau !
Enfin la réalisation qui, comme à son habitude, est géniale. La composition musicale proposée par David Arnold joue sur les tons romantiques et glamour, à l'image de cette somptueuse musique d'introduction de Garbage. Les décors sont originaux et charismatiques, à l'image des plans tournés dans le phare d'Istanbul ou encore des quelques bobines tournées dans le sous-marin.
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Les : une histoire intéressante et ancrée dans les thématiques actuelles, de l'action et des séquences dynamiques, des acteurs assez bons, une bande son de David Arnold impeccable et une réalisation nette, la musique d'introduction de Garbage (à tomber !
Les - : un opus qui mise (trop ?) sur les courses-poursuites, une histoire un brin trop classique, une Sophie Marceau sympathique mais pas adaptée au rôle
Le Monde ne Suffit Pas est un des Bonds de la saga qui divise le plus. Hissé au rang d'excellent opus, à un rang bien inférieur au plus banal des films d'actions, cet opus n'en reste pas moins une mission sympathique. Le thème du pétrole et de ses convoitises est bien utilisé dans le fond, bien que l'histoire reste quand même assez classique dans la forme. Un opus qui annonce la fin de l'age d'or de Brosnan où la forme 100% action et 100% film décomplexé semble ne plus suffire... Enfin, tout bien réfléchis, tout n'est pas à jeter dans ce film, à l'image de cette superbe introduction de Garbage qui signe un morceau iconique et glamour dans la digne lignée des meilleures introductions de l'univers Bondien. Un film décevant, mais pas totalement inintéressant !