Avec ce long-métrage basé sur des faits réels, à savoir l’Affaire Clearstream et l’Affaire des frégates de Taïwan, Vincent Garenq se penche sur un ensemble de dossiers judiciaires dont la complexité est proprement ahurissante ! On y retrouve pêle-mêle : la grande finance internationale, les paradis fiscaux, les marchands d’armes, la concurrence industrielle, les politiques, les juges d’instruction…, bref un ensemble d’intervenants qui nous feraient dire, si l’on ne savait que tout cela a bien eu lieu (plus ou moins comme c’est décrit), que les scénaristes ont vraiment exagéré et qu’ils ont poussé le bouchon un peu loin nuisant ainsi à la crédibilité de l’intrigue. Mais, voilà, tous ces événements se sont bien déroulés et sans la ténacité de Denis Robert (et du juge Van Ruymbeke), ces secrets politico-financiers seraient restés probablement cachés sous le tapis. Il faut donc souligner la grande qualité du scénario, et donc le talent de ceux qui l’ont écrit, tant il arrive à rendre “clear” un ensemble de faits, de personnages qui se recoupent de façon incroyablement emberlificotée. C’est parfois tellement entremêlé que ça en devient franchement comique, avec en point d’orgue les actions de Imah Lahoud, dont l’intervention dans ces événements tiennent du don-quichotisme le plus grotesque ! Si le film a un peu trop tendance à traiter son personnage principal comme un chevalier blanc (à la limite de l’hagiographie), il faut quand même reconnaître à Denis Robert du courage et une indéfectible probité devant des forces (je parle de Clearstream et de l’armée d’avocats et conseillers juridiques qu’ils payaient) démesurées face à un homme seul (et sa maison d’édition). Le film est vraiment passionnant et a presque une vertu pédagogique tant il rassemble, en une heure quarante-six, tout ce qu’il faut savoir de ces affaires de façon très, très claire. L'inconvénient étant, comme toujours dans ces films qui démontent les affaires politico-financières, que cela déprime le spectateur devant tant de corruption, de passe-droits et d'impunité quand il s’agit de finance et de commerce, surtout quand sont impliqués les représentants de la démocratie. Un thriller français plutôt réussi, même si parfois (et c’est paradoxalement une de ses qualités), il paraît un peu trop didactique. À voir néanmoins sans hésitation.