Suis-je normal ? De m'être attaché à ces personnages pas comme les autres, d'avoir apprécié chacune de leurs sorties, d'avoir souri à chacune de leurs répliques, de ne plus considérer une tarte aux pommes avec innocence, de vérifier toujours l'état de ma webcam, de ne plus regarder les mères de famille de la même manière, de faire toujours attention à ce qui sort d'un Talkie Walkie, de prendre la vie avec plus de légèreté ? Et bien, je crois que je suis tout à fait normal.
Année après année, galère après galère, seuls restent les souvenirs d'un groupe d'amis soudés, envers et contre tous. Palier après palier, on a suivi leur évolution, la blague se transformant en bague, pour notre plus grand bonheur. Et, n'en déplaise à ses détracteurs, American Pie ne donne pas que dans le nichon ni la chatte. C'est vrai, à la base, c'est ça, mais American Pie, ça a aussi du cœur – (Hugo Posch).
Parti d'un pacte puéril entre quatre lycéens désespérés, on arrive à ça. Plutôt pas mal. L'année 1999 aura marqué bien des vies, de maintes manières, mais l'une des plus fun fut bien évidemment la découverte d'un univers, perdu dans une galaxie très très lointaine, et pourtant si proche de nous. Jim et ses deux mains gauches, la droite étant trop occupée. Finch ou le vice incarné derrière un raffinnement à toute épreuve – ange ou démon ? Stifler ou le Gatsby des temps modernes, avec une case en moins. Oz et son attirance suspecte pour les espèces Galliformes. Kévin, peu être trop concerné, trop cérémonial, trop discret ? Le père de Jim, âme d'ado pour l'éternité, et pourtant le père parfait. Michelle, la folledingue de service, chez qui la couleur de cheveux est la dernière chose que l'on remarque. Nadya ou la bombe démodée, tellement à retardement qu'on ne l'attend plus, manquant d'exploser au bon moment. Et enfin, la déesse aux apparitions aussi éphémères que remarquées, de John Cho à Finch, ils la désirent tous, elle doit avoir un quelconque pouvoir sur les asiatiques.
Comme vous l'aurez compris, il n'aurait pas été juste d'évoquer la saga American Pie sans commencer par une liste, à moitié exhaustive, des personnages qui auront marqué cet univers. Et le Sherminator doit d'ailleurs être en train de veiller à ce que je ne l'ai pas oublié. Ouf.
Embarqués dans un premier volet gardant encore les traces d'un cinéma nineties, entre le niais, la quête de Soi, et le désir de briser les barrières du politiquement correct et des différences assumées. Rien n'est plus in, après coup, de revoir ce montage alterné pataud, ces musiques aux consonnances fun & love et cette utilisation gauche de l'espace internet. Le désir de trouver voie sexuelle et émotionnelle ne fait pas vraiment bon ménage, et les risques s'y retrouvent décuplés. Tout le monde en subit les conséquences, d'un piège qui se retourne contre soi, d'une vérité qui change de lèvres, d'une réalité qui se veut irréfutable : plus que quelques jours à vivre dans le corps d'un lycéen, et ce corps a des besoins, et le premier n'est pas de se libérer sexuellement, mais de pouvoir regarder par la suite en arrière, avec un mélange de honte et de fierté. Et si ce n'était pas chose faite avant l'histoire du film, à présent, ça l'est.
En fin de compte, American Pie, c'est une aventure de potes, à vivre entre potes, à se souvenir entre potes, et qui aurait cru qu'une telle série cinématographique serait capable d'apporter son lot de nostalgies ? Si on est tous des étrangers au début, on devient une grande famille à la fin – Ralph Lauren. Pour le meilleur et pour le pire.
Et quoi de mieux que l'union ? Si ce n'est la réunion ? Comme on dit, jamais 3 sans 4.
Orgasmique.