De Giuseppe Tornatore, je connaissais surtout l'émouvant « Cinema Paradiso », je connaîtrais désormais « The Best Offer ». D'ailleurs, c'est bien sur la forme que le film fait la différence. Car si le scénario est plutôt habile, il se plaît surtout à tisser une toile « manipulatrice » que l'on voit venir très vite, d'autant que « l'explication » finale laisse quand même pas mal de zones d'ombre. Les relations entre les personnages sont souvent intéressantes, mais certaines auraient clairement gagné à être plus creusées (celle entre Virgil et Claire mais aussi entre Virgil et Billy). Cela limite la portée de l'œuvre, mais n'empêche : quelle orfèvrerie ! On a l'impression que chaque plan scintille tant le travail sur le cadre, les couleurs, les décors est somptueux, le cinéaste faisant constamment preuve d'une immense maîtrise technique, sans oublier le « maestro » Ennio Morricone à la musique, même si celui-ci a légèrement tendance à reprendre le thème d' « Il était une fois en Amérique ». Et c'est bien là que la différence se fait quant à l'intérêt que j'ai porté au film, d'autant que les dialogues sont au diapason : bien écrits, fins, élégants... Alors que je me serais sans doute vite ennuyé avec beaucoup d'autres réalisateurs, ici tout m'a paru plus vif, plus profond, plus touchant, certains sujets abordés ayant aussi, je l'avoue, une certaine résonance sur ma vie personnelle. Toutefois, l'œuvre perdrait aussi beaucoup de son intérêt si elle ne comptait pas un comédien hors-pair en la personne de Geoffrey Rush : cet acteur est immense et n'a malheureusement pas si souvent l'occasion de le montrer : c'est le cas ici : la très, très grande classe (sans parler des costumes!!). Bref, alors que « The Best Offer » aurait pu ressembler à tant d'autres titres, celui-ci parvient à se faire une jolie place grâce à un réel talent devant et donc surtout derrière la caméra, tout en ayant le mérite de nous familiariser un peu avec le milieu de l'art, finalement assez peu traité au cinéma : une belle surprise.