2013 a apporté son lot de films populaires et plébiscités, parfois à tort, parfois à raison. Et certains autres font l'objet de peu de publicité, d'un marketing trop léger par rapport à une oeuvre que tout le monde devrait voir. Et The Best Offer appartient à cette catégorie. C'est un film d'un équilibre étonnant, d'une très grande richesse et d'une vie saisissante. Porté par la musique d'Ennio Morricone, avec une nette dominance des airs mélancoliques, nostalgiques mais empreints de la poésie des violons, le film est rythmé par une intelligence, une complexité de chaque instant. Si votre esprit n'est pas occupé par la sensibilité de la bande-son, ou saisi par la photographie majestueuse de l'esthétique italienne, c'est évidemment le scénario, d'une grande, époustouflante finesse, ou le jeu complexe et délicat des acteurs qui vous obnubilera. Parlons d'acteurs justement ! Avec Geoffrey Rush dans le rôle-titre, sa physionomie sympathique et les seconds rôles marquants, toujours empreints d'un certain humour, d'une certaine légèreté qu'il a joué par le passé, l'acteur monte ici à un niveau supérieur dans le rôle de Virgil Oldman, un personnage aux multiples facettes, de sa vie personnelle, professionnelle, affective ou plus secrète. Un rôle de poids que la grande silhouette sombre de Geoffrey Rush remplit avec maestria. Inconnue pour moi jusqu'à ce jour, le profil et le jeu de Sylvia Hoeks valent également le détour. Il ne faut qu'un mot pour résumer l’interprétation de son personnage. Schizophrénique. Le personnage est schizophrénique, vous perdant dans les détours d'une danse jouée avec Geoffrey Rush. Une danse endiablée et magnifique d'intelligence et de subtilité du scénario. Inutile d'aborder les autres acteurs, le casting est fameux et crée un portrait de famille saisissant à travers le film. On le qualifie de thriller, je préfère l’appellation de suspense. Le film dispense durant près d'une heure quarante-cinq un certain nombre d'indices, poussant le spectateur à s'accrocher à l'histoire pour découvrir le fin mot de l'affaire. Machiavélique ! Et rien ne devient évident, transparent, tant que Giuseppe Tornatore, un formidable illusionniste, ne vous livre pas la clé de son récit. Ce qu'il ne ferra pas réellement. Au spectateur de conclure sur ce qui était vrai et sur qui a floué qui... On ne niera pas non plus l'évidente dimension dramatique, faite de colère, de larmes, d'une sensibilité belle et poignante sans verser dans l'eau de rose et dégager un désagréable parfum de facilité. Jamais ! Ou la dimension romantique, construite lentement autour des deux personnages principaux, dans cette danse employée pour décrire le jeu de Sylvia Hoeks, le doute, la beauté, et la merveille d'une relation qui se construit intellectuellement avant de se construire physiquement. Résumons ce film comme une oeuvre multidimensionnelle, une sphère qui vous sort du temps pendant deux heures et envoûte chaque esprit capable d'apprécier la splendeur d'un film que vous devrez revoir, et revoir, si vous voulez être sûr de l'avoir bien perçu. A voir en VO si vous souhaitez le savourer pleinement.