Directement sortie en DVD cette année en France, j'ai néanmoins décider de l'intégrer au sortie ciné de 2015 et d'en faire une critique. Car cette semaine je n'étais pas intéressé par Unbroken le nouveau Angelina Jolie qui me semblait académique et pompeux, un peu comme son premier film tandis que le film français l'Affaire SK1 me semblait trop classique pour être véritablement passionnant. J'avais envie d'originalité alors je me suis naturellement tourné vers le nouveau Nacho Vigalondo, réalisateur espagnol qui s'est fait connaitre avec son Timecrimes. Mais le problème c'est que l'originalité du film vient d'un concept et comme tous films concepts, ceux-ci finissent par ce faire bouffer par lui. Et ici on ne déroge pas à la règle malheureusement ce qui fait que le film s’essoufflera très vite passé la première demi-heure assez originale et intéressante. Avec ce genre de concept il est quasiment impossible d'écrire un scénario cohérent et développé, ici ça en est l'exemple parfait car le développement des personnages est égal à zéro, le film se passant sur quelques heures on n'a pas le temps ni de s'attacher ni même de s'intéresser à eux, il y a un nombre faramineux d'incohérences et d’invraisemblances que certaines situations deviennent chaotiques et ridicules plongeant parfois dans le science fiction de bas étage et les rebondissements finaux sont non seulement prévisibles mais aussi faciles et abracadabrants. Sinon on passera sur le nombre de scènes téléphonés qui sonnent étrangement fausses comme toute celles avec les hackeurs français pour essayer de voir le positif du scénario. Car même si son exécution est maladroite ses intentions sont louables et comme le dit un des personnages " je comprends ce que tu essayes de faire mais il y avait d'autres moyens de la faire ", ce qui selon moi résume parfaitement le film qui s'impose comme une critique pertinente de la sur-connectivité qui poussent au voyeurisme et au fanatisme. Mais malgré son aspect critique qui est intéressant, c'est la façon de le traiter qui peine à être véritablement passionnant, ce rapprochant plus d'un nanar sympathique plutôt que du pamphlet engagé et brillant. Sinon le casting est plutôt bon même si les acteurs qui jouent les hackeurs français ont un jeu trop forcé les autres sont plutôt bon notamment le duo principal, qui d'ailleurs dans le choix de son actrice fait quelques peu écho avec la satire du star system que brosse le film, c'est finalement assez secondaire et surtout traité de façon un peu survoler mais la présence d'un tel message et plutôt sympathique. Elijah Wood qui depuis la fin du Seigneur des Anneaux essaye de se reconvertir dans des petits films indépendants à la qualité variable ou comme ici dans des films concepts, en 2013 ayant fait le sympathique mais limité Maniac. Mais il peine véritablement à retrouver un rôle à sa mesure même si il avait brillé dans l'excellente série Wilfred ou il démontrait tout son talent. Car il n'en manque pas et nous le prouve encore ici, il tient littéralement le film sur ces épaules et offre une très bonne performance maîtrisé et impliqué. Sasha Grey quant à elle continue d'essayer de se reconvertir dans le cinéma traditionnel après sa tentative en demi-teinte avec le Girlfriend Experience de Soderbergh, ou elle se montrait convaincante mais dans un film moyen. Ici le constat est le même, elle est convaincante et prouve qu'elle sait jouer même si ce n'est pas l'actrice du siècle mais le film étant peu glorieux ne risque pas de lancer sa carrière. Pour ce qui est de la réalisation c'est la que réside la vraie force du film, s'inspirant des "found footage" le film se pare d'un montage habile et bien pensé pour une mise en scène de Nacho Vigalondo ingénieuse et inventive. Arrivant constamment à renouveler ses situations par des procédés de mises en scènes réfléchi et intéressant même si parfois ses scènes partent dans le grotesque, ses idées visuelles reste suffisamment intéressantes pour nous garder dans le délire jusqu'au bout. Même si parfois il n'évite pas la redite et l’esbroufe ainsi que la gratuité notamment avec la scène de l'effeuillage de Sasha Grey qui franchement n'était pas nécessaire, le thème du voyeurisme était suffisamment présent pour que l'on évite ce genre de digressions. Néanmoins, il arrive vraiment à entretenir une forme de suspense et de tension qui tient le spectateur en haleine qui est curieux de voir le dénouement et on note quelques hommages et similitudes avec le cinéma d'Hitchcock et de De Palma, ce qui permet à l'ensemble de garder un bon niveau sur le plan visuel. En conclusion Open Windows est un film pas terrible mais pas mauvais pour autant. Ses intentions sont louables, son casting investi et ses trouvailles visuelles sont plutôt inventive, d'ailleurs le film se gratifie d'une mise en scène vraiment ingénieuse qui fourmillent d'idées. Mais voilà parfois ses idées sont un peu maladroites et cela handicap un scénario déjà très léger en raison d'un développement globale très succinct et certains rebondissements plongent allègrement dans le ridicule notamment ce final tout bonnement nanardesque. Le film ne sera pas pour autant ennuyant se suivant même plutôt bien mais il est clairement dispensable car ses thèmes ont déjà été traité ailleurs et en mieux, et que malgré son visuel il est hautement oubliable, comme un joli coup d'épée dans l'eau en somme.