Sauvé des limbes de la naphtaline cinématographique par J.J. Abrams et sa clique, la saga "Star Trek" est repartie sur de bons rails en 2009 grâce à une astuce scénaristique (et temporelle) permettant à la "nouvelle" franchise d'être l'équilibre parfait entre nostalgie et modernité (ce que doit être la définition de tout bon reboot en somme). Un deuxième épisode réécrivant de manière très maline le deuxième opus originel de la saga venait confirmer cette tendance avec une nouvelle incarnation du grand méchant Khan par un saisissant Benedict Cumberbatch. Tout n'était pas parfait (ces deux derniers films ont leurs détracteurs) mais "Star Trek" a clairement réussi à faire peau neuve tout en conservant son historique mythique et ce, sans froisser ses plus fervents fans. C'est donc avec le plus grand plaisir que l'on retrouve tout l'équipage de l'U.S.S. Entreprise parti explorer des contrées interstellaires inconnues pendant un voyage de 5 longues années comme dans les plus belles origines de la série.
Mais, entre-temps, J.J. Abrams (toujours à la production) est parti se frotter à des sabres-laser d'une autre célèbre saga de SF, son remplaçant adoubé, Justin Lin, nous vient tout droit d'un univers où Vin Diesel fait des vroum-vroum depuis sept films sans apparemment lasser personne et Simon "Scotty" Pegg se retrouve promu au scénario. Tout cela nous conduit donc à la promesse d'un troisième épisode bourré d'action et d'humour tout en restant dans la continuité des deux précédents.
Et la promesse est tenue... du moins, dans les grandes lignes.
Annonçons-le direct, "Star Trek : Sans Limites" est un poil en-deçà de ses prédécesseurs. Le film pêche en premier lieu par une intrigue plus faiblarde qu'auparavant : l'U.S.S. Entreprise est une fois de plus malmené par un grand méchant avec une arme surpuissante et une dent contre la Fédération. Le scénario tente bien de nous surprendre sur la raison de ses motivations par un twist mais celui-ci se révèle vraiment trop prévisible (et surtout mal amené) pour nous donner une autre impression qu'un Idris Elba sous-exploité (on est bien loin de la figure imposante de Khan).
Ensuite, les états d'âmes des personnages tournent un peu cruellement en rond, que cela soit les doutes de Kirk, Spock ou la relation Spock/Uhura, il n'y a rien de bien neuf à signaler, tout semblait avoir déjà été traité précédemment si bien que les personnages ne trouveront leur raison d'être que dans les scènes d'action du film.
Enfin, concernant Justin Lin, il n'est hélas pas J.J. Abrams (on en vient même à regretter les fameuses lens flares, c'est dire !), il loupe carrément la première grosse scène d'action du film (l'assaut sur le fameux vaisseau au potentiel pourtant tellement dantesque) qui ressemble à un capharnaüm monstre réalisé dans une pénombre qu'une 3D inutile ne fait que renforcer (on n'y distingue rien, n'allez surtout pas le voir dans ce format).
Heureusement, il se rattrape très vite par la suite par de vrais beaux morceaux de bravoure qui n'ont rien à envier à ses grands frères.
Car, oui, passé un gros premier tiers qui laisse pour le moins dubitatif, "Star Trek : Sans Limites" se montre enfin sous son meilleur jour : des scènes d'actions véritablement épiques, des gadgets inventifs, une nouvelle venue qui apporte un doux vent de fraîcheur à l'ensemble (excellente Sofia Boutella), un chouette hommage à Leonard Nimoy et aux anciens qui ne sent nullement le passage obligé en s'intégrant dans la destinée du "nouveau" Spock ou encore la révélation de l'homosexualité de Sulu faite avec un certain tact et une normalité qui fait plaisir à voir. Comme dit plus haut, le scénario a beau ne pas être à la hauteur des deux précédents, peu importe, ce blockbuster n'a pas oublié d'être généreux et efficace au contraire de ses nombreux confrères de cet été.
Si bien que, comme la plupart de tous les personnages à la fin du film, on a vraiment hâte de vite embarquer dans un nouveau voyage aux confins de l'espace. Et si J.J. Abrams pouvait revenir faire un tour à bord de l'Entreprise, ce serait encore mieux...