Pablo Escobar est sans doute aussi célèbre dans les petits papiers d’Hollywood qu’il l’était dans les quartiers de Medellin dans les années 80 et 90. Pour autant, le pape de la cocaïne ne fût jamais réellement le centre d’attention premier de tous films traitant du narcotrafic. Paradise Lost, une fois encore, ne fait que se servir de l’image diabolique du gangster colombien pour narrer une toute autre histoire. En somme, comme ce fût le cas par le passé, à de multiples reprises, l’organisation criminelle d’Escobar, sa personnalité, ne servent que de cadre à un thriller mettant en scène un les mésaventures d’un jeune canadien tomber en désuétude dans les arcanes du pouvoir criminel de son tonton Pablo. Paradise Lost n’a donc jamais la prétention d’être un film dédié au parrain de la drogue. Le film est également le premier long métrage de son réalisateur, le jeune et audacieux Andrea Di Stefano, qui signe là, en dépit du cadre, un thriller convainquant.
Paradoxalement, un tel film n’aurait pu être vendu au grand public sans l’atout publicitaire que représentait Benicio Del Toro dans la peau d’Escobar. L’acteur, une nouvelle fois formidable, délivre une prestation honorable qui renforce la portée du drame qui se déroule sous nos yeux. Voyons donc Escobar, dans le cas présent, comme une plus-value. Oui, une telle histoire aurait tout aussi bien put être narrée en marge d’une totale fiction. Mais peu importe, seul le résultat final compte. Et ce résultat s’avère plutôt satisfaisant. Sans doute opportuniste, Andrea Di Stefano oriente son récit vers la perte de toutes les illusions, plongeant son jeune personnage principal, le jeune Josh Hutcherson, vu dans Hunger Games, dans le chaos et l’irréversible. Passé du surfeur rêveur et fraîchement amoureux à un individu traqué par le plus puissant parrain local du crime organisé, l’escapade du dénommé Nick ne sera pas de tout repos.
Simple, accessible, rythmé, le film d’Andrea Di Stefano démontre son efficacité de par des scènes de tension admirablement mises en scène. Pour le reste, le metteur en scène commet quelques impairs en jouant la carte de l’émotion, amoureuse, fraternelle et finalement existentielle. Si l’on apprécie l’histoire de Nick aux cotés de la famille du monstre, on se demande bien quel est l’intérêt de prendre du temps pour s’apitoyer sur le sort de tout un chacun. Paradise Lost démontre, d’une certaine part, que le mal se cache mais frappe dans l’ombre, mais il ne fait jamais la lumière sur les réelles implications d’Escobar dans la vie publique, politique et policière colombienne. Dans une forme de simplicité compréhensible, Di Stefano fait l’impasse sur tous les aspects pointus qui caractérisent l’empire criminelle d’Escobar en Colombie. Pour le cinéaste, le pouvoir absolu du parrain est indiscutablement incompréhensible. C’est un fait et jamais le film ne remet en question ce postulat. En somme, le fuyard se retrouve seul contre tous, sans porte de sortie.
Globalement bien accueilli par le public, le manque d’ambiguïté du scénario aura fait tiquer les critiques spécialisées. Pour autant, cette simplicité aurait pu être reprochée à des metteurs en scènes tels qu’Oliver Stone ou encore Brian De Palma mais il serait difficile d’en vouloir à un metteur en scène qui livre là son premier long. Andrea Di Stefano démontre déjà du savoir-faire, une réelle volonté d’imprégner un simple thriller dans un cadre social réel et fascinant. Si du travail doit encore être abattu pour atteindre l’excellence, c’est un bon début. On note qu’accessoirement, Paradise Lost est aussi une belle occasion pour Josh Hutcherson pour commencer à tourner la page du Teen Movie. J’attends, pour ma part, des nouvelle de Di Stefano et ne peut que vous conseiller d’essayer Paradise Lost. 13/20