Je plaide coupable, coupable d'être tombée sous le charme de ce film. Il est difficile de trouver les mots pour décrire l'attraction qui vous fait accrocher à l'intrigue qui semblait, de premier abord, une histoire de jugement assez banale. Bien sûr, il n'est pas sans clichés Hollywoodiens tels que le bel Américain sur le point de divorcer qui retrouve la femme de sa vie en revenant dans le village de son enfance, ou encore ce même homme, tellement prit par son boulot qu'il en oublie sa famille. Et c’est peut-être ce qui a fait perdre une demi-étoile à ma note, mais qui, quelque part, rend le personnage d’Hank Palmer attachant.
Le point qui m'a littéralement scotchée au film, c'est la manière qu'a eue David Dobkin de laisser le suspense jusqu'à la fin sur de nombreux points, comme celui de l'histoire familiale très tendue et semée d’embûches
comme cette étrange histoire de l’homme qu’il n’a pas puni assez sévèrement et qu’il voyait en son fils
, tout en revenant (grâce aux vidéos prises par Dale Palmer) vers un passé lointain où tout le monde vivait en harmonie et pleins de joie. La nostalgie est à l'œuvre, tout comme la dignité et l'honneur de chaque personnage (en particulier pour de Joseph Palmer) qui les pousse à réaliser des choses complètements folles pour "laisser une bonne trace", comme le fait le Juge lui-même en surveillant chacune de ses paroles pour être sûr de finir en prison, persuadé lui-même de son
crime
mais qui ne s’en rappelle pas. Et malgré cela, son fils qui est sensé le détester, mettra tout en œuvre pour prouver qu’il est innocent, jusqu’à solliciter la pitié du « public » en parlant du
cancer duquel est épris son père
pour empêcher qu’il ne finisse sa vie en prison. Et malgré tout cela, malgré cette énergie mise en œuvre, ce temps et cet acharnement, la sentence est tombée :
Joseph Palmer ira en prison.
On prend cela comme un couteau dans le dos, car l’on a passé deux heures entières à espérer, à croiser les doigts. Et pourtant, c’est bien arrivé, et c’est ce qui rend ce film si fort, si éprouvant. Sa Vérité. Malgré-moi, je ne peux qu'avouer que ce film semble tiré d'une histoire vraie, car certaines valeurs sont très fortes, comme, par exemple, la valeur d’une famille décimée qui se reconstitue très lentement et très difficilement. Ou encore l’impact de certaines disputes, parfois très violentes, qui changent des personnages, qui les repousse jusqu’à leurs limites, jusqu’à leurs dernières ressources, comme ce moment extrêmement fort où
Hank Palmer va voir son père à l’hôpital, et s’énerve brusquement, à bout de nerfs, allant jusqu’à faire jurer le Juge qu’il dira la vérité, montrant une facette de ce personnage supposé fort, sûr de lui et imbu de sa personne, que l’on ne soupçonnait même pas.
Ou encore ce moment où, coincés dans le sous-sol de la maison à cause de la tempête, Dale Palmer fait défiler son film sur lequel il a tant travaillé, et
son père se met à hurler et détruire la caméra à pellicule, au grand effroi de toute la famille. De plus, j’ai adoré la réaction d’Hank, lorsqu’il s’interpose et se bat plus ou moins contre son père.
Je dois bien avouer qu’Hank Palmer est un de mes coups de cœurs de personnages, de plus je trouve que le rôle convient à merveille à Robert Downey Jr, puisque je l'ai vu dans son rôle d'Iron Man et que nous avons affaire ici au même type de personnage (ou presque). Jeremy Strong est également très bon dans son rôle de simplet, comme s’il était le seul innocent de la famille, encore plus innocent que Lauren Palmer, la fille de Hank.
S’il y a bien quelque chose qui m’a fait rire, c’est cet énorme quiproquo entre Hank et Carla Powell, où l’acteur n’a cessé de se demander s’il
était son père alors qu’elle était sa nièce.
Un doute semé qui m’a amusée, vu la situation dans laquelle ils s’étaient trouvés…
Et enfin, je vais parler de
cette belle mort, à la fin, de Jospeh Palmer, dans cette barque au milieu du lac, alors réconcilié avec son fils, et qui s’éteint juste après lui avoir dit qu’il était le meilleur avocat qu’il ait connu, une fierté qu’il a eu du mal à admettre, et qui lui a permis de partir en paix.
Et pourtant, il a souffert, ce vieil homme. Souffert de
sa maladie qui parfois a dégoûté, a fait peur, a inquiété. Nous a encore plus attachés à ce personnage et qui, malgré tout, a résolue toute l’enquête : ce trou noir, il était vrai.
Outre la bande-son fabuleuse (j'adore The Scientist,de Willie Nelson, à la fin) les acteurs sont emplis jusqu'à la moelle de leurs personnages, et ça n’ajoute qu’encore plus de vérité au film. On en ressort bouche-bée, essayant de remettre un peu d’ordre dans notre esprit, et s’interrogeant peut-être sur le métier d’avocat : est-ce vraiment comme ça ? En tout cas, le stress est très présent, comme on peut le voir avec les nombreux vomissements de C.P. Kennedy, et même avec celui d’Hank, et la pression est atroce, comme lorsque Glen dit à Hank qu’il doit gagner ce procès à tout prix.
Au final, j’ai beaucoup apprécié ce film, qui était très émotionnel, et j’ai probablement oublié de dire de nombreuses choses, mais ce n’est pas grave, puisque l’essentiel est là : Je le conseil fortement.