(...) D'abord, les plus évidents. A l'instar du cinéma américain actuel, le film peine à se sortir des ornières du milieu social aisé de l'american way of life. Le héros est un avocat vivant dans une maison moderne hyper luxueuse, qui conduit des belles voitures, qui a les traits d'une superstar, un bagout irrésistible, une femme top classe, une enfant qu'il ne voit jamais mais qui l'aime malgré tout bref, on est en dehors de toute réalité. Il y a ensuite cette sempiternelle histoire du rapport au père, le trauma de l'enfance et les non-dits, la violence contenue dans les échanges et surtout, l'agaçant tic du héros qui n'a jamais tort. Le fait de confier le rôle à Robert Downey Jr est risqué car depuis son retour en grâce, il a tendance à s'enfermer dans la facilité, à se mettre en roue libre et se contenter de jouer à être lui-même, sortant des répliques improvisées et on peut avoir la sensation que depuis plusieurs années, il n'a jamais vraiment réussi à innover comme à ses débuts. C'est en partie vrai durant la première partie du film. Mais il n'est pas seul à l'écran et le scénario réussit à développer de manière assez intelligente son propos et à proposer quelques belles séquences. Contrairement à ses autres projets donc, Downey Jr est face à un casting de poids lourd avec déjà Robert Duvall en face. Ce dernier démontre que c'est bel et bien un géant de la discipline. Il ne donne jamais l'impression de forcer, il est naturel et il fait plus que donner le change à la superstar des films Marvel, grâce aussi à l'intelligence d'écriture du scénario avec son personnage. Vera Farmiga, excellente actrice qui illumine chaque film où elle apparaît, a aussi droit à ses morceaux de bravoure face à ce héros qui se veut inébranlable et omnipotent. Là encore, le talent de l'actrice est en cause tout comme la belle écriture de son personnage. Il est vrai que par contre, autour, c'est un peu plus décevant, notamment pour le pauvre Vincent D'Onofrio qui se retrouve à défendre un personnage qui aurait pu être passionnant mais qui n'est jamais bien montré ou développé. Son talent reste donc sous-exploité, l'acteur signant tout de même une performance honorable via quelques regards qui mettent en valeur son charisme insensé. Et puis il y a toujours ce bon vieux Billy Bob Thornton qui nous sort un joli numéro, là encore grâce à son charisme et son incroyable talent qu'il n’exploite plus que par intermittence dans des productions assez variées. (...) La famille est donc malmenée dans "Le juge" mais c'est aussi pour son bien. En effet, Hank découvre son père, revoit sa vie défiler devant ses yeux et se rend compte que tout ce qu'il a détesté l'a construit. Il a fui une vie, une ville, une famille et pourtant, il revient vers elle. Le scénario est brillant à de nombreuses occasions et il arrive à parfaitement intégré son enquête policière et surtout son concept de film de prétoires (là encore, un genre bien américain) pour en faire un divertissement aussi ludique qu'émouvant, cruel et touchant. Le rythme est ainsi assez soutenu et le film passe vite malgré une durée que l'on pourrait trouver excessive (2h15 plus le générique). Le scénario est pourtant parsemé de pièges qu'il évite parfois avec brio, il ne développe pas toujours correctement tous ses personnages mais il reste lisible, assez cohérent et il recèle de nombreuses belles scènes bien mises en valeur par la sublime photo de Janusz Kaminski. La critique complète ici