Waouh! David Cronenberg, réalisateur prolifique et parfois inégal est là à son meilleur! On trouve pèle -mêle, dans ce jeu de massacre, de l'inceste (des incesteS à vrai dire, de toutes sortes....), des enfants morts, du feu et de l'eau, des noyades et des incendies, pas mal d'obscénités et un poil de scatologie.... à travers les destins croisés de deux stars, une femme vieillissante et un enfant-cabotin, qui partagent le même agent, tournent dans les mêmes studios, le lien passant surtout par le père de l'affreux morveux qui est le psychothérapeute de l'actrice sur le déclin.
On met un certain temps à reconstituer ce puzzle morbide, ce qui ajoute à son charme.... Havana (Julianne Moore très bien, de là à lui attribuer le prix d'interprétation féminine, je ne suis pas sûre que d'autres ne l'aient pas tout autant mérité), de ces femmes qui refusent d'admettre que le temps a passé, veut à tous prix obtenir le rôle de sa mère, elle même une grande actrice qui va être le sujet d'un film. Pourtant, elle aurait bien des raisons d'en vouloir, à cette mère, pas mal dans le genre indigne!
Benji Weiss, l'abominable marmot (Evan Bird) qui entame à treize ans sa première cure de désintox..... imposée par la production, est lui, la vedette de Babysitter2. Ses parents gèrent la carrière de la petite vedette; sa mère (Olivia Williams) est omniprésente; son père, Stafford Weiss, (John Cusack qu'on est contents de retrouver dans un si bon rôle), c'est donc ce fameux psy, un psy mondain qui écrit des livres et se produit à la télévision, qui tripote ses patients tout en les faisant parler, une caricature bouffie d'elle-même....
Mais voilà: dans la famille Weiss, il y avait aussi une fille, la schizophrène Agatha (l'excellente Mia Wasikowska). Qui a plus ou moins essayé de cramer, quelques années auparavant, l'affreux petit Benji, dans l'incendie de leur maison. Benji en a réchappé, mais Agatha a été gravement brûlée, elle porte de nombreuses cicatrices, et elle a été enfermée dans un asile. La famille a tout fait pour oublier son existence, reportant toute son attention sur le chien -savant. Et voilà: premières images du film, elle revient à Hollywood.... Pour tenter de renouer avec ses parents? Ou pour se venger?
Enfin, vous croiserez aussi Robert Pattinson, dont Cronenberg ne peur décidemment plus se passer, en chauffeur de limo, acteur à ses heures.
Ce film méchant, provocateur est complètement jubilatoire. Il se termine naturellement, ça vous étonnera pas, par quelques épisodes sanglants de la plus belle eau. Ca, c'est du cinéma! Virtuosité filmique pour une vision ironique d'un milieu déboussolé, accro aux drogues et aux psychotropes de tous genres, d'un milieu de toc et de faux semblants, étrangement ponctuée par le poème d'Eluard, j'écris ton nom, liberté, ce poème qu'Agatha récite en boucle, alors que la liberté, la simple liberté d'être soi même, c'est exactement ce qui manque aux marionnettes manipulées par Cronenberg. Un vrai délice! A voir absolument.