Ah enfin, oui enfin le retour du grand David Cronenberg !! Après deux films plutôt sympathiques mais sans grande réflexion ou force comme le reste de sa filmographie ("A Dangerous Method" et "Cosmopolis"), il revient à nouveau à ses thèmes favoris à savoir l’être humains, ses déviances et sa chair : après avoir utilisé le fantastique pour les exposer ("Frissons", "Rage", "Chromosome 3", "Faux-Semblants", "Videodrome", "Le Festin Nu", "Scanners", "La Mouche", "Existenz"), notre ami canadien continu sur sa lancée de films plus ancrés dans la réalité qui a débuté avec "Crash" et qui fut vite suivi par "Spider", "A History of a Violence" et "Les Promesses de l’Ombre". D’ailleurs, le rapport entre l’âme et la chair nous est constamment rappelé dans le film par le poème de Paul Eluard que tous les protagonistes aiment à réciter. "Maps To The Stars" nous proposent donc de suivre les destins croisés de personnes dont le seul point commun est de se retrouver à Hollywood en plein milieu du 7ème Art. Cronenberg en profite alors pour nous servir une bonne satire croustillante de la fameuse « usine à rêves » américaine : les enfants stars totalement exploités par le système ou leurs propres parents mais qui eux-même deviennent fiers et hautains (quand ils ne finissent pas en cure de désintox avant leurs 15 ans !!), les promesses en l’air envers certains acteurs après leur casting (ah, l’hypocrisie humaine : quel vaste sujet !), les personnes prêtent à tout pour obtenir un rôle quel qu’il soit, les agents qui font miroiter mots et merveilles à leurs clients alors qu’en fin de compte tous ce qui leur importe c’est de toucher leur commission…ne chercher pas : tout le monde en prend pour son grade ! Mais, contrairement à ce que tout le monde a pu croire (c’est dingue comment les critiques de cinéma ne voient jamais plus loin que le bout de leur nez…en plus, en plein Festival de Cannes, ils sont encore plus cons que d’habitude !!!), la critique d’Hollywood n’est pas le thème principal du film : elle n’est là que pour servir à mieux cerner les protagonistes du film. Car oui, pour Cronenberg, l’important se sont ses personnages, chacun d’entre eux démontrant à quel point l’être humain peut être sombre, mauvais voire fou (en gros : des gens dont la chair a été marquée) : une femme qui ne vit que dans l’ombre de sa mère qui a pourtant abusé d’elle par le passé, une jeune fille qui a tenté de mettre fin à ses jours et à ceux de ses proches, un couple de bourgeois qui vit sur leur réputation et la carrière de leur fils mais qui cache un terrible secret inavouable, un p’tit con de 13 ans qui vient tout juste de finir une cure de désintox et qui cherche à se débarrasser à tout prix d’un rival encore plus jeune que lui, une personne qui s’extasie en apprenant la mort d’un proche d’une de ses rivales…bref, quand la chair est meurtrie, sommes-nous esclave à vie d’elle ou pouvons-nous arriver à évoluer ? Malgré une nature hostile et mauvaise, pouvons-nous changer ? Et si finalement la seule et unique rédemption possible était ce que nous propose le superbement nihiliste plan final de "Maps To The Stars" ? Vous l’aurez compris, Cronenberg est revenu à ses premiers amours avec brio et "Maps To The Stars" s’en retrouve finalement pas si accessible que ça au grand public…ce qui est une bonne chose. Même s’il a en le potentiel (et c'est un euphémisme !), je doute qu’il remporte la Palme d’Or à Cannes cette année (on préfèrera très certainement un film quelconque, réalisé avec les pieds, insipide, avec de mauvais acteurs…comme "La Vie d’Adèle" l’année dernière !). Je ne peux passer à côté de la prestation du casting de ce film qui est absolument remarquable : John Cusack et Olivia Williams nous campe un couple torturé par leur passé, le premier vivant dans le reniement le plus total, la seconde dans la culpabilité absolue ; Mia Wasikowska est splendide en jeune fille défigurée à cause d’un acte passé de pure folie et cherchant le pardon (elle confirme qu’elle est une honorable actrice après ses bons rôles dans Stoker et Only Lovers Left Alive…et prouve et au passage que sa passable performance dans Alice au Pays des Merveilles n’était qu’une erreur de parcours…en même temps on sait tous que Tim Burton est un piètre directeur d’acteurs !) ; Sarah Gadon marque à chacune de ses apparitions tant ces dernières amène un fort malaise ; Robert Pattinson, malgré son peu de présence, est bien en tant que petite lueur de bonheur dans la vie d’Agatha qui pourtant ne sera qu’un pauvre feu de paille ; une très jolie révélation en la personne d’Evan Bird qui nous interprète un jeune garçon bouffé par son statut de star (il y a du talent chez ce môme !) ; et un grand respect à Julianne Moore incroyable dans le rôle de cette actrice névrosée et hantée par le fantôme de sa mère qui lui a fait pourtant subir des horreurs par le passé : je ne serais vraiment pas étonné de la voir nominée à l’Oscar du meilleur second rôle féminin de cette année !! Voilà, je dis donc bravo et merci à Cronenberg pour m'avoir flanqué un nouveau coup de poing dans la tronche digne de ce nom et suis plus qu’impatient de voir son prochain bébé !