L'idée paraissait a priori alléchante et intrigante de mettre en vers une tragi-comédie du monde contemporain, à savoir la crise financière des années passées, avec la collusion d'intérêt entre journalistes prêchant la bonne parole néo-libérale, les financiers et PDG du CAC 40, et les dirigeants politiques; la duperie consistant, de la part des banquiers, à appeler à l'aide l'Etat pour se sauver du marasme, à l'encontre de tout le discours dérégulateur dont les économistes libéraux nous avaient abreuvés, pour finalement reprendre de plus belle, une fois la crise passée, les pratiques de rémunération délirante dont bénéficient les dirigeants de ces mêmes banques, ainsi que les traders, dont la fonction n'est ni régulée, et encore moins remise an cause par les banques. Tout cela est connu de tous, et chacun aura eu, au cours de 5 années passées, d'en prendre connaissance par la presse et de nombreux ouvrages consacrées au sujet. Sauf qu'au final, le film de Mordillat paraît à la fois très ennuyeux, et très orienté dans son traitement de la question. Les vers en alexandrins deviennent assez durs à suivre, surtout lorsque les acteurs rentrent dans les détails des mécanismes boursiers et bancaires. Les personnages ne tendent qu'à présenter sous un jour strictement orienté dans l'idée d'une connivence généralisée des banquiers et des politiques, sans jamais donner la parole à un quelconque représentant thèse adverse, ce qui rend le procédé d'autant plus lassant. Enfin la mise en scène est sinistre et rébarbative, le tout se déroulant dans une usine désaffectée, encombrée par les gravas. La musique d'accompagnement est composée avec un vieux synthé pourri. Les acteurs surjouent dans leur rôle, seuls Weber, La Personne, Morel et Montalembert s'en sortent à peu près. E. Baer annoncé dans le casting n'apparaît que 5 minutes en disant 2 répliques de quelques secondes. On sourit tout au plus à quelques répliques, mais le tout ne conduit rapidement qu'à l'ennui du spectateurs. On peut largement éviter ce sous-produit de la culture anti-libérale.