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Olivier Barlet
299 abonnés
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3,0
Publiée le 19 novembre 2014
Acteur avant tout, Lyes Salem fait un cinéma d'acteur : il se met en scène dans des films dont le romanesque ouvre à des performances d'incarnation. On peut ne pas adhérer aux violons de L'Oranais et au lyrisme de scènes qui peinent à émouvoir, mais on ne saurait dénier à ce type de cinéma une certaine force d'évocation, dans la lignée de ce qu'a pu réussir Rachid Bouchareb avec Indigènes et Hors-la-loi. (...) L'ambition de brasser large dans un romanesque appuyé limite la portée d'un film où l'on ne retrouve ni la dérision ni l'ancrage dans la quotidienneté qui faisaient la légèreté et la réussite des courts métrages de Lyes Salem et de son premier long métrage Mascarades. Il serait cependant dommage de bouder cette fresque épique autant qu'intimiste, qui sous ses allures de saga historique conte une histoire de trahisons entre amis pour rouvrir la page d'une époque que la mémoire néglige.
J'ai été bouleversé par ce film qui raconte l'Algérie de 1962 aux années 80, sujet peu ou pas traité au cinéma. Il y a une force romanesque incroyable dans le destin de cet Oranais. Les acteurs sont magnifiques. Le film vous attrape dès la première séquence et ne vous lâche pas. Et même quand vous sortez de la salle, il vous tient encore.
Même si on est très loin du nombre de films ayant comme cadre la 2ème guerre mondiale et ses conséquences, la guerre d’Algérie a généré, petit à petit, une quantité intéressante de scenarii, et ce, des deux côtés de la Méditerranée. Peu, toutefois, se sont intéressés, côté algérien, à ce que sont devenus les combattants une fois obtenue l’indépendance. C’est tout l’intérêt de "L’Oranais" de se pencher sur ce thème. Pour traiter son sujet, Lyes Salem a choisi de mettre en scène deux amis d’enfance, Djaffar et Hamid, qui ont partagé la vie dans le maquis entre 1957 et 1962 et qui se trouvent face à des choix lorsque la guerre est terminée. Ce qui se passe entre eux se partage entre ce qu’on peut (ce qu’on doit?) cacher, même à son meilleur ami, lorsqu’on est impliqué en tant que résistant dans une guerre et ce qu’on peut, ce qu’on veut devenir, une fois la guerre gagnée et qu’on se retrouve du côté du manche. D’un point de vue historique, "L’Oranais", en nous montrant la fragilité et les hésitations d’une jeune nation, est un film important. A plusieurs reprises, Lyes Salem apporte la preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène. Moment particulièrement fort lorsqu’un spectacle de pantomime retrace, devant un Djaffar plein d’émotion et des spectateurs enthousiastes, une « histoire officielle» quelque peu arrangée de « L’Oranais ». Par ailleurs, Lyes Salem n’oublie pas d’utiliser de temps à autre le sens de l’humour qui avait fait le succès de Mascarades, son premier long métrage. La scène sur l’utilisation obligatoire de l’arabe littéraire en lieu et place du dialecte algérien en est sans doute le meilleur exemple.
Les films sur la guerre d'Algérie sont rares et ne commencent qu'à peine à être traités au cinéma. Le réalisateur Lyes Salem qui est issus du métissage culturel des deux belligérants fait partie de ces réalisateurs qui essaient d'avoir un regard honnête et distancié face à ces événements. Dans ce long-métrage il ne traite pas vraiment la guerre en elle-même, mais les années d'indépendance qui ont construit l'Algérie actuelle. Il le fait au travers de Jaffar, combattant hésitant de l'indépendance, héros un peu malgré lui et spectateur de la politique post-indépendance. le réalisateur ne construit pas pour autant un film somme sur cette période, mais survole cette période en lui adjoignant une intrigue sur l'amitié et sur un de ces secrets de famille qui ont fait suite aux atrocités de la guerre. Le film prend son temps et à travers des flashbacks et dépeint la lente érosion du sentiment national des politiques au profit d'intérêts personnels. Si le film a un peu de mal à démarrer, on finit par se passionner pour le destin de cet homme aux premières loges du destin de son pays et qui pourtant n'est jamais touché dans cette innocence qui a présidé son engagement dans les fellahs. Une fresque familiale et sur l'amitié qui balaye les 25 premières années de l'indépendance de l'Algérie. Un beau drame, moins militant que “Hors-la-loi” ou “Indigènes” de Rachid Bouchareb, mais qui n'en est pas moins passionnant. Il serait dommage de ne pas l'avoir vu.
Un pan de l'histoire de l'Algérie. Mais surtout une histoire algérienne. Profondément ancrée dans la terre du pays, de la lutte pour l'Indépendance aux années 80. Une période somme toute peu connue et que L'Oranais n'a pas la prétention de raconter de façon exhaustive en 2 heures de temps mais d'en appréhender l'atmosphère à travers la trajectoire divergente de deux amis, hérauts de la Révolution. D'où de nombreuses ellipses dans le récit qui le rendent parfois confus pour qui ne maîtrise pas parfaitement le cheminement cahoteux de l'Algérie contemporaine. 6 ans après son premier film, Mascarades, Lyes Salem entend d'abord évoquer le désenchantement, les désillusions et les compromissions d'une génération, après la folle espérance des années de construction. A ce titre là, et malgré des excès trop voyants dans son interprétation, L'Oranais est un film courageux, honnête et vibrant dans son lyrisme contenu.
(...) Lyes Salem offre une vision authentique des courants contraires qui animent un pays. Les tenants de la tradition, les apôtres de la modernité, les profiteurs, les oubliés, les occidentalistes, les orientalistes, tout ce petit monde cohabite avec plus ou moins de difficultés. Le point commun est la tradition intangible, les moeurs invariables. La place de la femme est inamovible et on sent les évolutions silencieuses. Surpris j’étais de voir au commencement du film les bouteilles de vins circuler entre les convives d’une soirée où les chants et les danses réchauffent l’atmosphère. Loin de l’image que l’on peut avoir de ce pays. Les préjugés ont la vie dure, Lyes Salem les saborde avec une admirable constance.
Fan du cinéma arabo-musulman, je ne connais que peu le cinéma algérien. Hormis Mascarades, je ne pourrais pas citer d’autres films du cru. Je connais beaucoup mieux le cinéma marocain, tunisien ou moyen-oriental. A croire qu’il faut creuser pour découvrir des pépites encore cachées. L’ORANAIS est certainement représentatif du poids de la révolution dans l’imaginaire collectif local. Lyes Salem sait manier l’émotion et les rapports humains compliqués pour offrir un tableau dense et sincère de ce que peut être une vie.
Chouette film à découvrir, émouvant et drôle, et qui donne à penser. C'est rare d'avoir un point de vue algérien sur la Guerre d'indépendance de l'Algérie. Le film, centré sur les relations entre quelques amis du et au pouvoir, raconte surtout l'après indépendance, entre adaptation au réel et désillusions, voire trahisons. Vision plus "à hauteur d'homme" que politique, mais riche en allusions incisives à la situation du pays, dont la vie de ce petit groupe constitue l'allégorie. En prime, à signaler, Amazigh Kateb vient à deux reprises interpréter une chanson !
Avec un sens précis de la reconstitution historique, Lyes Salem retrace la destinée de trois amis qui luttent, chacun à leur manière, pour l'indépendance et vont prendre des voies différentes dans l'après-guerre (...). Le film, intelligemment construit, souffre cependant d'un défaut d'interprétation (...) Mais c'est un retour intéressant sur les espoirs et les désillusions d'un combat.
"l'Oranais" aurait pu être un bon film, aurait dû être un bon film... Mais il y a quelque chose qui ne prend pas. Un manque de rythme dans la dramaturgie, une construction scénaristique un peu bancale, particulièrement dans les flashbacks, une approximation chez certains acteurs, des maladresses et un manque de rythme. Oui, "l'Oranais" aurait pu être un bon film, mais il se révèle long. Et quand un film paraît long, tout est dit. ( je pense aux 3 heures de "boyhood", si courtes tellement la réussite était bluffante) dommage.
Bonjour. Un film très réussi dans sa mise en scène. Beaucoup de pudeur sur la réalité de la guerre et la colonisation.Un film qui essaye naïvement de réconcilier les deux peuple. Beaucoup d'humour à l'Algérienne (Autodérision). A la sortie on ne regrette pas.Des questions sur l'identité de chacun. Un très bon moment pour ceux liés de près ou de loin à l'Algérie. Questions universelles.
Bravo, un film qui reflète la réalité politique et sociale de l'Algérie. Un pays en quête de son identité mais aussi le désastre de l'indépendance confisquée.
Plus terrible encore avec la nouvelle pièce écrite par FELLAG : Espoir, des espoirs
Et bien dans l'absolue c'est déjà bien et si rare par le cinéma français d'aborder le sujet taboo de la guerre entre les deux pays. Sans entrer dans l'angle historique ect...je veux juste commenter la faiblesse de scène voir total absence d'actions puis le découpage en vrac des époques traverser par les personnages. Beaux décors très peu d'extérieur , tentatives de calquer l'ambiance grand banditismes Américain sauf que c'est pas bétonner par des actions violentes nécessaires aux alliances de ce genre. Bien tenté sinon...et très très bonne efforts languistiques.Felicitations malgré quelques questionnements sur les directions multiples ou on est menés finalement vers des impasses.
De l'art de rater sa promo quand on tient une pépite. Contrairement à ce que j'ai pu lire, je trouve les acteurs formidables notamment Lyes Salem. Un film avec une finesse rare sur le sujet. Et puis la bande son d'Amazigh Kateb...
L'Oranais est sans doute l'un des rares films Algériens qui nous prends dans tout un autre espace, on plonge dans l'histoire dès le début, on rêve , on espère et on pleure tout au long des deux heures de projection. Lyes Salem est sur les pas de Rachid Bouchareb,