Captain America : Civil War était probablement LE film de super-héros que j’attendais le plus de l’année 2016 tout comme de nombreux fans du Marvel Cinematic Universe. Après la descente aux enfers terrifiante qu’a subit le trop sous-estimé Batman v Superman : L’Aube de la Justice du DC Extented Universe, voilà donc que Marvel Studio déboule un mois plus tard avec son affrontement ultra-attendu entre ses super-héros les plus populaires. Forcément la comparaison est presque obligatoire entre les deux films mais il faut savoir qu’ils sont très différents dans le fond et dans la forme, ce qui ne légitime pas une comparaison. Mais en tout cas, ce Captain America : Civil War est bel et bien la grande réussite que j’espérais de la part de Marvel Studio qui rappelle au passage à son concurrent DC Comics que c’est bien lui l’actuel patron sur le marché des films de super-héros. Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l’humanité. A la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement américain décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision de leurs activités. Cette nouvelle donne provoque alors une scission au sein de l’équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s’engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d’autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement. Que le temps passe vite, nous arrivons déjà avec Captain America : Civil War à la treizième production cinématographique du Marvel Cinematic Universe en presque neuf ans d’existence. C’est tout bonnement incroyable ce qu’ont réussi à mettre en place Marvel Studio et surtout Disney depuis l’acquisition des droits de la Paramount sur Marvel. En plus de faire des films de grandes qualités, qui ont leur défauts je le reconnais, les deux studios ont tout de même réussis avec leurs treize films à conquérir à la fois la critique et le public, tout en amassant des millions voire des milliards de dollars au box-office mondial. Chose que DC Comics et Warner Bros peinent à réussir comme nous le démontre le cas Batman v Superman : L’Aube de la Justice qui s’est fait royalement lyncher par la critique et par de nombreux spectateurs. Et donc nous arrivons avec Captain America : Civil War dans ce qui est sans doute un des évènements les plus fascinants du MCU et qui se charge en même temps d’inaugurer la fameuse Phase 3. En effet, après une Phase 1 consacrée aux origin story des différents super-héros jusqu’à leur rassemblement génial dans Avengers de Joss Whedon en 2012, personne n’imaginait ce qui se produirait ensuite et la Phase 2 est arrivée très vite en abordant de nouveaux thèmes, de nouveaux enjeux, en introduisant de nouveaux héros,… Mais la conclusion de la Phase 2 du MCU n’a pas rencontré le grand succès espéré. Il faut bien avouer qu’en 2015, Marvel nous a un peu déçus avec d’abord Avengers : L’Ere d’Ultron qui était trop attendu et qui au final a été dépassé par son ambition et n’est pas arrivé à surpasser le premier volet à cause d’un scénario beaucoup trop simpliste et banal. Heureusement le fun et le succès commercial furent au rendez-vous… Et ensuite est arrivé le dernier film de la Phase 2, Ant-Man de Peyton Reed, qui ne fut pas une déception mais qui n’est pas non plus entré au panthéon des meilleurs films Marvel et reste au final un bon divertissement mais assez anecdotique. Désormais, les espoirs de retrouver un film d’une qualité comme celle de Captain America : Le Soldat de l’Hivers (sans doute le dernier meilleur film du studio à mon sens) se sont tournés forcément vers le très ambitieux Captain America : Civil War. Toujours réalisé par les frères Joe et Anthony Russo qui avaient fait un excellent travail de mise en scène sur Le Soldat de l’Hiver, ce troisième volet de la trilogie Captain America n’avait pas le droit à l’erreur. Pourquoi ? Car il s’inspire d’un des comics les plus célèbres et des plus appréciés des fans de l’univers : Civil War. Parue entre 2006 et 2007, cette série de sept comics scénarisés en très grande partie par Mark Millar met en scène un conflit entre tous les super-héros Marvel suite à la promulgation de la Loi de recensement des Sur-Hommes. Cette loi implique dans le comics que toute personne possédant des super-pouvoirs ou qui porte un masque dans le but de protéger les citoyens, doit s’inscrire sur un registre officiel et révéler son identité secrète aux autorités afin que celles-ci puissent encadrer et contrôler leurs activités. Deux camps se forment : celui d’Iron Man favorable à la loi et le celui de Captain America qui s’oppose à celle-ci. Nous pouvons donc voir que l’idée de base est très ambitieuse et surtout très intéressante car abordant des thèmes plus politiques et sérieux. Faire un film sur la Civil War était donc un pari aussi génial que risqué car le comics rassemble énormément de personnages et développe des évènements qui n’ont jamais été abordé dans le MCU. Donc forcément Captain America : Civil War est une adaptation de l’œuvre de Mark Millar, on y retrouve certains éléments mais le tout a été adapté en fonction de ce qui a été raconté dans le Marvel Cinematic Universe. Et selon moi c’est ce qui rend encore plus intéressant le film car nous assistons à une sorte d’univers parallèle aux comics où les studios développent leur propre univers au cinéma. Ainsi l’objet même de la loi change et ce n’est même plus une loi puisqu’il s’agit en fait des Accords de Sokovie qui sont promulgués par l’ONU avec l’aide du général Ross et de Tony Stark, suite au grave incident international provoqué par la dernière mission des Avengers en Afrique. Et à partir de ce document, le film développe brillamment son intrigue plus encrée dans la politique avec des réflexions sur les actions des super-héros ainsi que leurs conséquences parfois dramatiques. Enfin un film aborde les conséquences des actions des super-héros qui réduisent parfois des villes en cendre et causent également de nombreux morts, que les films ne montrent pas pour ne pas choquer le spectateur. Captain America : Civil War complexifie un peu plus le MCU avec ses réflexions politiques et d’éthiques super-héroïques qui amènent les personnages à se questionner sur la gravité des dégâts qu’ils commettent en mission ainsi que les dommages collatéraux tels que les victimes innocentes qui étaient là au mauvais endroit au mauvais moment. Le personnage qui subit sans doute la plus grande évolution psychologique dans ce film est probablement Tony Stark qui dès le début nous apparaît plus tragique et torturé, certes son histoire familiale très personnelle est aussi au cœur de l’intrigue de Civil War ce qui au passage la densifie beaucoup, mais on sent tout de même un grand questionnement au sein du personnage par rapport aux actions des Avengers. Le milliardaire se sent plus que jamais concerné par les morts que lui et les siens ont involontairement causé et il n’hésite donc pas à entrer en conflit avec Steve Rogers qui lui s’oppose férocement aux Accords de Sokovie. Car là où le film nous emporte comme jamais, c’est dans la division des super-héros et la formation des deux camps. En effet, le spectateur est lui aussi amené à choisir son camps, un choix difficile d’autant que les deux équipes ont de bonnes raisons de soutenir ou pas les Accords de Sokovie. Captain America veut conserver une forme de liberté et de choix d’intervention sans ingérence des politiques alors qu’Iron Man veut un encadrement gouvernemental des actions des Avengers pour éviter que cela dégénère une fois de plus en mission. La tension est palpable entre les deux leaders et les interprètes nous la font brillamment ressentir puisqu’une fois de plus Chris Evans et Robert Downey Jr. sont excellents dans leur rôle, en particulier Downey Jr. qui est vraiment au top et nous offre un Iron Man plus torturé que jamais et en proie à son douloureux passé familial. Et si le film réussit selon moi brillamment une approche plus sombre et sérieuse au sein du MCU avec ce côté politique et international très plaisant à suivre, les réalisateurs Joe et Anthony Russo n’en n’oublient pas que nous sommes devant un film Marvel et ils nous offrent ainsi des scènes d’action juste démentes et d’une redoutable efficacité ! Le film commence déjà très fort avec la fameuse mission explosive et dramatique des Avengers en Afrique où ils sont confrontés au redoutable Crossbones puis les réalisateurs nous entraînent dans une course-poursuite effrénée et ultra-dynamique sur autoroute entre Captain America, Le Soldat de l’Hiver et Black Panther. Ça ce n’est que pour la première partie du film car ensuite, attachez vos ceintures les enfants, les metteurs en scènes nous livrent probablement l’une des meilleures scènes d’action de toute l’histoire du Marvel Cinematic Universe : je pense bien sûr à l’affrontement dantesque entre les deux équipes de héros sur le tarmac d’un aéroport. A ma droite nous avons la team Iron Man composée de War Machine, Spider-Man, Black Widow, Vision et Black Panther, et à ma gauche nous avons la team Captain America composée du Faucon, du Soldat de l’Hiver, de la Sorcière Rouge, d’Ant-Man et d’Hawkeye. Je dois vous dire que je ne m’attendais pas à une séquence aussi épique et spectaculaire. Les frères Russo nous livrent une séquence d’action probablement déjà mythique au sein du MCU qui, si dramatique qu’elle est sur le papier, ne l’est pas du tout sur grand écran puisque le personnage de Spider-Man apporte une légèreté et un humour bon enfant juste génial. Même si j’ai adoré Batman v Superman : L’Aube de la Justice, je me sens obligé de dire que cette Civil War est nettement plus palpitante en terme de scénario car moins « gros foutoir » et aussi en terme de combat entre les personnages qui sont ici d’une redoutable efficacité avec des chorégraphies à couper le souffle ! C’est jouissif du début à la fin, et là on se dit qu’on en a pour son argent. Merci Marvel pour cette orgie super-héroïque ! Le film ne s’arrête bien évidemment pas là puisque il se conclue sur un imposant et violent combat entre Iron Man et Captain America avec au cœur de cette opposition Le Soldat de l’Hiver. Pour la première fois dans le MCU, nous avons peur pour nos héros car le spectateur se demande peut-être pour la première fois si ces personnages que nous connaissons depuis si longtemps vont survivre à cette Civil War. Mais malheureusement, et c’est peut-être là que le film échoue pour beaucoup de monde, cette guerre civile entre super-héros Marvel est très peu meurtrière. Pour une fois qu’il y avait potentiel à bouleverser le MCU en faisant disparaître d’une manière épique et tragique un de ses héros phares, Marvel n’en profite pas et préfère conserver toute l’équipe (remarquez on est quand même rassuré de savoir que tout le monde rempile pour Infinity War). Hormis ce petit bémol de choix scénaristique ainsi qu’une certaine longueur dans le film (qui ne m’a pas gêné d’ailleurs) mais qui je pense peut en gêner certains (c’est le plus long film du MCU avec 2h28 au compteur), Captain America : Civil War est une grande réussite en terme de divertissement total et familial mais aussi en tant que film Marvel plus sérieux et sombre. De plus, là où le film continue de nous rendre heureux c’est en nous introduisant de nouveaux personnages qui sont pour le coup de véritables réussites qui contribuent à la qualité indéniable du scénario. A commencer par le personnage de Black Panther alias T’Challa, prince du Wakanda, qui intègre avec beaucoup de classe et de charisme le Marvel Cinematic Universe. Aidé d’un costume juste super cool et badass, ce nouveau super-héros inconnu par une très grande partie du public, risque de faire beaucoup parler de lui puisque il est une totale réussite tant sur le plan de sa psychologie que dans les scènes d’actions intenses où il intervient. Interprété par un charismatique et très impliqué Chadwick Boseman, Black Panther tient dans Civil War un rôle très important dans le déroulement de l’intrigue lié au Soldat de l’Hiver et il se trouve que je ne m’attendais pas à une aussi grande importance, je pensais qu’il interviendrait juste dans la baston de l’aéroport comme une sorte de personnage médiateur entre les Avengers qui s’opposent alors qu’en fait les scénaristes lui ont réservé une place de choix qui lui permet de se faire énormément remarquer et de gagner un public pour son aventure solo prévue pour 2017 et qu’on a désormais hâte de voir ! Et ensuite l’autre personnage qui aura sans doute fait couler encore plus d’encre que Black Panther c’est bien évidemment le très populaire Spider-Man. Eh oui, l’Homme Araignée rejoint enfin l’écurie Marvel après son rachat par Disney qui se partage les droits du personnage avec Sony. Tout le monde était à la fois excité et inquiet de voir une troisième version du personnage après son introduction dans la toute fin du dernier trailer du film pendant la promotion. Et contre toute attente, ce nouveau Spider-Man a convaincu les fans purs et durs ainsi que les spectateurs lambda ! Après l’inoubliable Tobey Maguire dans la trilogie culte de Sam Raimi et le pourtant très bon Andrew Garfield dans les oubliables The Amazing Spider-Man de Marc Webb, place au jeune Tom Holland dans les collants de l’Araignée ! Et il faut dire que Marvel à trouver LA bonne idée pour développer un nouveau Spider-Man : un retour aux sources avec un Peter Parker adolescent, encore au lycée et surtout qui est un Spider-Man très récent avec peu d’expérience dans le métier de super-héros. Et c’est une vraie réussite ce nouveau Spidey puisque Tom Holland a parfaitement compris ce personnage et joue à merveille le jeune homme intelligent et hyperactif qui apporte une bonne dose d’humour et de légèreté au film. Là où tout le monde pensais que le nouveau Spidey ne ferait qu’un petit caméo de cinq minutes, les frères Russo nous auront réservé une très belle surprise puisque Spider-Man est présent pendant au moins une bonne vingtaine de minutes et pas les plus anecdotiques du film. D’abord rien que son introduction est jubilatoire :
Tony Stark vient en effet chez notre jeune Peter Parker pour le recruter et s’ensuit une scène de dialogue savoureuse entre les deux personnages. Surtout que Tony Stark semble très intéressé par la tante May de notre Homme Araignée qui a subi un relooking sexy pour le MCU, ce qui ajoute une bonne dose d’humour !
Et ensuite, les réalisateurs ont eu la grande idée d’intégrer le personnage dans l’affrontement dantesque de l’aéroport où il use à la fois de ses talents de super-héros et de son humour loufoque dans les scènes d’action où il intervient avec son nouveau costume par ailleurs magnifique. En clair, ce nouveau Spider-Man made by Marvel and Disney est celui que l’on a tous rêvé de voir un jour : jeune, vanneur, rafraichissant, sympathique et très attachant. Après je pense qu’il est inutile de s’attarder longuement sur le reste du casting puisque tous les acteurs sont géniaux dans leur rôle, le public les connaît tous, il est attaché à eux et se sent concerné par certains enjeux. Voilà peut-être ce qui a fait défaut à Batman v Superman : L’Aube de la Justice, le public ne connaît pas encore très bien les personnages de cet univers de super-héros ce qui fait qu’il est moins attaché à eux et ressent moins le besoin de s’impliquer dans leur histoire. De plus le film est beaucoup plus sombre, violent et cérébral que Captain America : Civil War qui lui lorgne plus vers le divertissement grand public moins sombre et sérieux. Mais après ce sont deux films très différents. Pour revenir aux acteurs et aux personnages il y en a peut-être un que nous pourrions évoquer puisqu’il s’agit d’un des éléments scénaristiques qui a été intelligemment gardé sous secret pendant toute la promotion du film : le grand méchant.
Car oui, la guerre civile qui fait rage au cœur de ce treizième Marvel n’est pas seulement provoquée par la mise en place des Accords de Sokovie, il y a en effet une personne très intelligente et très motivée qui tire les ficelles par derrière et qui cherche à faire imploser les Avengers de l’intérieur pour s’en débarrasser définitivement. Cette personne c’est Zemo, interprété par un très bon Daniel Brühl qui livre un personnage très différent de celui des comics où il s’agit d’un baron machiavélique qui travaille pour les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et grand ennemi de Captain America. Ici c’est un simple humain, ex-militaire, qui cherche vengeance et qui use de son intelligence et de sa ruse pour amener les Avengers à se battre entre eux. Finalement, Zemo est un manipulateur très doué plus qu’un grand méchant qui veut dominer le monde, il n’a en effet pas de super-pouvoirs comme ses ennemis et c’est un élément positif que nous pouvons retenir de lui car cela change de l’ordinaire. Ce personnage est alors plus compréhensible pour le spectateur notamment grâce à ses motivations, certes classiques, mais réalistes et plausibles qui prennent bien forme au sein de son plan assez machiavélique au final : il ne tue pas lui-même les Avengers puisqu’il fait en sorte qu’ils se tuent entre eux, sans qu’il est à se salir les mains et à risquer sa vie d’homme face à des êtres doués de super-pouvoirs
. Pour conclure, Captain America : Civil War des frères Russo est une très grande réussite qui permet à Marvel Studio de renouer avec le succès après un petit moment de flottement dans son inspiration. Ce troisième opus des aventures de Captain America mais aussi des Avengers puisque ce film sonne plus comme un pré-Avengers 3, deviendra probablement l’un des meilleurs films du MCU et restera pendant longtemps dans l’esprit des fans. Désormais il ne reste plus qu’à attendre avec impatience les prochaines productions de cet univers cinématographique et notamment Avengers : Infinity War mis en scène par les frères Russo, devenus entre temps les « faiseurs de succès fétiches » de Marvel, qui sera divisé en deux parties pour retrouver tout ce beau petit monde en pleine action contre le grand méchant du MCU, le terrible Thanos. Mais pour l’heure, le prochain rendez-vous avec Marvel est fixé pour le 26 octobre 2016 avec l’intriguant Doctor Strange de Scott Derrickson.