Pourquoi ce déchainement de la presse ?
Et bien je n’ai toujours pas de réponse.
Je suis allé voir ce film à reculons après lecture de quelques critiques (Figaro, express..), juste pour essayer de comprendre, me disant que pour déchainer de telles passions, il devait forcement y avoir un intérêt, quel qu’il soit…
Oui ce polar a quelques défauts, une fin un peu « à la va vite », qui aurait mérité un peu plus de temps tellement l’objet du désir est barré (on sent peut-être ici plus qu’ailleurs un manque de moyens et/ou de temps par rapport à l’ambition de l’histoire), un casting de "voyous" un peu « légers »..
Mais le réalisateur Jean Baptiste Andrea sort des sentiers battus, il a de l’audace, il prend son temps pour installer un rythme qui au fur et à mesure du déroulement de l’histoire accélère et accélère encore pour finir de vous coller à votre siège jusqu’au dénouement, complètement dingue.
Pour une fois, on ne nous la joue pas à grands coups d’effets spéciaux, sonores ou visuels, de ressorts scénaristiques éculés, de "gentils" bodybuildés (quoi que Renier a dû passer quelques mois en salle de sport), de plantureuses créatures décérébrées qui succombent systématiquement à la fin… même si le film a quelques aspects « à l’américaine » très assumés.
Tout est filmé de manière très réaliste (scènes de « bastons »), on est toujours très proche des personnages ce qui marche très bien car le jeu de Renier (qui n’a pas mes faveurs d’habitude en dehors de ces films avec les Dardenne, et que je craignais un peu de voir évoluer dans un film « d’action ») est à couper le souffle, sa relation avec sa fille (campée par l’excellente jeune comédienne Mélusine Mayence) est d’une beauté et d’une sensibilité rare.
On regrettera juste de ne pas voir revenir un peu plus tôt dans le film le personnage d'Audrey Fleurot, auquel on a du mal à s’attacher en 15-30 minutes .
La musique est magnifique, dans la même direction artistique que le reste, jamais entendue, mélangeant des voix d’opéra, des violons, de l’électro « trash » de la pop, des distorsions et je ne sais quoi d’autre.. d'une grande finesse, jouant souvent le contre-pied de l’image sans jamais la souligner, ce qui mérite de l'être (souligné!
Bref, ce film est inclassable, surprenant, et on se laisse porter jusqu’au bout.
Alors MERCI monsieur Andréa, on a passé un excellent moment, comme d’ailleurs les trop peu nombreuses personnes qui se trouvaient dans cette salle obscure avec nous, et je n’ai qu’un mot à dire aux autres : ALLEZ-Y !!!