Le principal et premier problème des films Star Wars, c'est les (soit disant) fans. Ils découvrent un univers étant enfants, et adultes, ils sont incapables de réaliser qu'avec un peu plus de maturité (pas trop quand même pour certains), ce qui les émerveillait lorsqu'ils étaient mômes ne produit plus le même enthousiasme une fois devenus grands. Ce phénomène a un nom, et il a frappé l'humanité (ou plutôt la civilisation occidentale) à la fin du Moyen Âge: le désenchantement du monde. Car disons le clairement SW, ça n'a JAMAIS été du grand cinéma. Si je devais juger tous les films en cinéphile sévère (mais juste) je dirais:
-Un épisode IV qui a quand même très mal vieilli (comparez le donc avec 2001, l'Odyssée de l'espace de Kubrick sorti pourtant presque dix ans avant) et dont le scénario ne respire pas l'originalité (malgré le fait qu'il soit pompé sur un chef d’œuvre de Kurosawa).
-Un épisode V très réussi avec une belle séquence d'introduction, une musique ténébreuse et le couple Leia-Solo. l'ambiance désespéré sur fond de totalitarisme spatiale est aussi un atout. Mais le scénario ne casse pas des briques non plus, la partie avec Yoda comportant quelques défauts mineurs.
-Un épisode VI qui annonce déjà les principaux défauts des films suivants: l'infantilisation de l'univers avec les peluches ewoks, et la répétition des enjeux scénaristiques (la destruction de l'étoile de la mort).
Puis une prélogie confuse:
-l'épisode I, pleins d'idées, de créativité avec des courses et des duels épiques, un univers plus exploré avec les gungans ou même le thème de l'esclavage sur Tatooine et des acteurs à la hauteur. L'unique problème vient du fait que ce film n'est pas du tout raccord avec le reste de l'univers (visuellement, mais aussi au niveau du ton plus léger).
-l'épisode II qui malgré son orgie finale de jedis et la beauté de Natalie Portman est clairement très confus dans son scénario et totalement raté au niveau de la romance. L'usage du numérique encore imparfait gâche aussi l'image.
-L'épisode III: À moins de découvrir les épisodes dans l'ordre chronologique (Prélogie puis Trilogie ce qui annule totalement le twist finale de l'épisode V), une absence totale d'enjeux scénaristiques. Le basculement d'Anakin est si brusque qu'on se demande si Lucas n'a pas construit sa série de film à l'envers car il ne parvenait pas à résoudre ce point pivot de l'histoire (mais en même temps, cela constituait la force de l'épisode V). Seul point intéressant
En plus de cela, chaque film contenait certaines scènes devenues avec le temps des ingrédients de la recette SW: bataille spatiale, course (spatiale ou non), duel au sabre laser, droïdes comme ressort clownesque, etc... L'univers était structuré autour d'une idée bien précise: le côté obscure contre le lumineux, les révolutionnaire contre la tyrannie, une minorité contre la majorité, bref, donc autour d'un mot: le manichéisme. Forcément, ce genre de jeu scénaristique a ses limites... et lorsqu’on grandit ça plait moins car l'on acquiert le sens de la nuance.
Nous en arrivons donc à la Postlogie. Qui commence bien mal, je crois que tous le monde est d'accord. J'adore Super 8 de J.J. Abrams, et j'ai découvert et aimé ses Star Trek alors qu'à l'origine j'étais plutôt allergique. Mais clairement il nous sert un film qui pue le réchauffé, avec un casting très moyen (Oscar Isaac trop peu utilisé, Adam Driver excellent, les autres, à chi...). un scénario encore très brouillon, des coïncidences tirées par les cheveux, bref un bel échec, mais qui se laisse (presque) regarder, car la réalisation et les progrès technologiques offrent un nouveau spectacle visuel (le numérique de la postlogie notamment l'épisode II a mal vieillit). On se dit alors: attendons la suite, soyons indulgent, c'est pas facile comme exercice.
Arrive l'épisode VIII, dont je parlerai après avoir évoqué l'épisode IX. Ce dernier concluant la Postlogie comme elle l'a commencé: des personnages écrits avec les pieds (le rectum serait plus correct), le retour de vieilles stars qui auraient du avoir la décence de refuser de signer pour ça, une histoire tellement brouillonne qu'on se demande si c'était la peine d'en écrire une vu l'effet produit. Une catastrophe en apothéose. J'imagine que les conflits d'égo entre Abrams et Johnson ajoutent à l'effet totalement décousu et incohérent de la chose (car peut-on appeler cela une trilogie?).
NÉANMOINS, j'ai aimé l'épisode VIII. Et oui. Car je n'ai jamais attendu grand chose de SW, si ce n'est d'y gouter un madeleine de Proust. Je tente donc d'adopter un regard d'enfant en conséquence, cela bien évidemment dans une certaine mesure puisque j'ai passé la trentaine... Et donc : une introduction amusante avec des défauts mais des idées aussi. Je ne cherche pas la cohérence bien sur, sur la gravité dans l'espace et autre détails, mais si vous aimez SW, vous avez renoncé à cela depuis le tout premier film. J'ai aimé voir Leila utiliser la force autrement qu'en maniant un sabre laser. Depuis presque le début on nous bassine avec la Force qui est au cœur de la vie etc... Ben pour une fois que ça sert à autre chose qu'à manier un sabre laser ou à s'envoyer des cailloux sur la gueule... C'est un élément de merveilleux qui a surpris tout le monde et apporté enfin une touche de nouveauté dans Star Wars. J'ai aimé la rencontre et la confrontation entre Rey et Luke, le fait que ce dernier dénigre la force et son utilisation violente, qu'il amène enfin 5 secondes de réflexion dans un univers manichéen où la philosophie est raz-des-pâquerettes. J'ai aimé le duel esthétique avec les gardes rouges, j'ai aimé le sacrifice d'une amirale (particulièrement l’image finale qui en résulte) et surtout j'ai aimé le twist du duel final. Oui, il y a un arc narratif totalement inutile, ainsi que des éléments dont aurait pu se passer (les peluches sur l'île, les cheveux violets, mais j'ai passé un bon moment, j'ai ri, j'ai été surpris...bref. Pas au niveau de l'Empire contre attaque (auquel il adresse quelques clins d’œils) certes, mais bien mieux que les épisodes 6, 2, 7, 9, voir 3 et 4. Un beau spectacle, et une vrai prise de risque. Malheureusement les fans de SW sont sectaires. On voit le résultat: depuis la Menace Fantôme, ils se plaignent à chaque épisode. Ne seraient-ils pas eux même ces fantômes ou même cette menace?