Tout ayant été bouclé, il fallait bien s’attendre à s’éloigner des précédents épisodes, aux digressions qu’exige la nouveauté, et à un scenario désormais libre d’appuyer à fond sur l’accélérateur. Pourquoi pas ? J’étais ouvert et curieux, mais à mes yeux c’est juste raté. Pour avoir excessivement sombré dans le grand n’importe quoi, et surtout pour avoir trahi la quasi-totalité des mythes et légendes de la saga.
A l’instar des récents « James Bond » ou « Alien » qui n’ont plus de leur saga que le titre, on a ici affaire à une nouvelle histoire qui exploite une marque déposée en comptant sur les reliques de l’ancienne pour lui servir de tremplin. La continuité du bang-bang excité et la superficialité scénaristique laisse une sensation globale de disproportion grand-guignolesque généralisée et d’improvisation chronique, où règne en maître le sensationnel transitoire. Après flinguage des anciens héros, un par épisode, histoire d’économiser le souffle commercial, je suppose que sans le réel décès de Carrie Fisher, celui de Leia était dans les cartons de l’épisode 9.
L’Episode 7 donne le sentiment d’un cartoon agité qui, à part 2 ou 3 scènes, ne nous laisse pas le loisir de respirer une seconde. Voltiges, explosions, cris, courses, poursuites, mitraillages de dialogues giclés et de rayons laser dispersés, speed et hystéries permanents bloquent toute forme d’empathie et de profondeur et dévalorisent la notion même d’action. Je me suis même demandé un moment si Louis De Funès n’allait pas surgir soudain en képi-sabre-laser pour tout conclure d’un grand éclat de rire. Malgré tout, l’étude des attentes, les graines d’idées intéressantes, une histoire qui sait rester attachante, les ombres de promesses optimistes d’un nouveau et multiple drame filial, entretenaient la trame d’une épopée galactico-familiale. Les lumières disséminées ça et là parvenaient à distiller la curiosité et l’envie de voir la suite.
Jusqu’à l’épisode 8, plus calme, ouf, avec juste assez de qualité narrative pour maintenir l’attention, okay, mais où la trahison d’avec la saga est irréversible, et où les notions de talent et d’intelligence semblent désormais impossibles.
La Rébellion qui avait la maitrise galactique à la fin de l’Episode 6 se retrouve, on ne sait pas pourquoi, réduite à une poignée de fuyards. Les héros courageux, sages et profonds, anciens comme nouveaux, deviennent des clowns sans conviction aux décisions volages. Le Dark-Bad-guy du jour se révèle terne et catastrophique d’indécision et d’incompétence. Entre les télescopages continus d’actions qui se contrarient, s’annulent ou font demi-tour toutes les 10 minutes, je suppose qu’on aurait pu faire de ce navet un dessin animé qui n’aurait pas excédé une heure. Les Jedis qui, au faîte de leur gloire, n‘étaient que des humains chevaleresques maitrisant la Force selon une fusion clairement panthéiste, n’avaient même pas rêvé que, sur leur déclin quasi-total et pratiquement sans formation, un pouvoir génétique spontané tombé du ciel, zappant soudain l’aspect essentiellement spirituel, ferait d’eux des surhommes aux pouvoirs transfigurant le temps, l’espace, la rationalité, la télépathie et les conditions spatiales elles-mêmes. L’acrobatie magique par l’hyper-espace de la bataille finale fait fi des conditions spatio-techniques, et semble inventer dans l’urgence bousculée une stratégie que n’avaient pas imaginé des décennies de stratèges, rebelles comme impériaux, dans les 7 précédents opus, ouf, heureusement pour nous hein, sinon la Guerre des Etoiles n’aurait jamais eu lieu.
Bref, je renonce à lister la somme rocambolesque d’âneries, comme je renonce d’avance à l’Episode 9. En ce qui me concerne, la dernière page de la saga a été définitivement tournée à la fin des 6 premiers Episodes. Que la Force reste avec elle.