J’ai commis l’erreur d’attendre Star Wars VII avec impatience. J’ai été assez naïf pour me faire avoir par sa bande annonce rythmée et pleine d’espoir. Je me suis fait flouer et aujourd’hui je suis triste et en colère, et je ne suis pas le seul. Quel est ce film que l’on m’a donné à voir ? Quelle est cette suite aux relents de remake des origines ? Pourquoi ai-je le sentiment que quelque chose ne va pas, et pas seulement chez les producteurs du film, mais aussi chez son public, qui l’acclame ? Plusieurs fois, j’ai souhaité m’enfuir, hors de la salle obscure, ou crier au viol, mais quelqu’un m’aurait-il secouru ? Depuis que j’en suis sorti, je recherche une explication. Plusieurs personnes ont essayé de me convaincre que ce film était bon, peut être le meilleur de tous… Je peine à les croire. J’aimerais pourtant, mais tant d’éléments font défaut, tant d’erreurs sont commises tout du long, des plus banales aux plus graves, et tant de questions me viennent à l’esprit, la première d’entre elle étant : comment les scénaristes ont-ils pu écrire leur œuvre sans se les poser eux-mêmes ? Il m’a fallu une trentaine de minutes pour réaliser que rien de ce qui suivrait ne sonnerait jamais juste. Les acteurs ne font pas vivre l’univers si bien connu, leurs personnages sont creux et sans profondeur car on ne nous donne rien d’eux. Par exemple, que sait-on de Poe Dameron ? Qu’il est le meilleur pilote de la Résistance. Rien d’autre. Et c’est le carton déroulant du début qui est obligé de nous l’expliquer. Oscar Isaac est un très bon acteur, mais dans ce Star Wars, il est transparent. Il agit seulement comme archétype, rien d’autre. Il est courageux, provocateur et invincible oui, comme une infinité d’autres personnages de fiction avant lui. Rey, Finn et Kylo Ren sont un peu plus creusés, il faut l’admettre, certaines de leurs faiblesses apparaissent, mais ne sont jamais exploitées ! Rey est une sorte de Lucy du film de Luc Besson, qui découvre ses pouvoirs du jour au lendemain et sait comment les utiliser. Finn est un personnage auquel on veut s’attacher, mais on ne nous donne jamais aucune prise ! Son traumatisme lié aux atrocités de la guerre, à celles commises par le Premier Ordre, n'est plus crédible dès qu'il décide de tuer sans plus aucun cas de conscience ses anciens collègues... Il avait bien plus de relief dans la bande annonce !
Pour ceux qui diront que ce film ne sert qu’à installer une nouvelle trilogie, cet argument ne tient pas… Doit-on pardonner un mauvais film parce que les prochains seront peut être meilleurs ? Parce que les épisodes 4 et 1 sont les moins bons de leurs trilogies respectives, faut-il nécessairement reproduire ce schéma indéfiniment ? Bien sûr que relancer une saga pareille est un défi, mais Star Wars VII est l'exemple typique du film sans aucune prise de risque...
Jakku elle-même n’est pas une planète intéressante. Dans A New Hope, Tatooine présentait déjà le même cadre, mais en plus dense, on nous présentait les hommes des sables, les jawas, la cantina, sorte de relais intergalactique où la racaille s’y retrouvait pour boire une bière. Là, l’environnement prenait vie. Mais sur Jakku… Je ne parviens pas à croire que l’Empire ait pu y perdre des vaisseaux, qu’une guerre contre la République (ou la Résistance…) y ait eu lieu. Je n’y crois pas, car selon moi, cette planète ne fait pas plus de 10 km2 de surface. En effet, chaque fois qu’un héros y atterri, il croise un autre héros! Si encore ces raccourcis scénaristiques étaient rares, cela passerait, mais ils reviennent tout le temps !
Han Solo qui capture le Faucon Millénium après Jakku, le sabre laser gardé évidemment par la nouvelle Yoda (Maz Kanata), les 15 minutes avant la destruction de la planète rebelle qui se transforment en heures entières, laissant le temps aux héros de parcourir la méga étoile noire d’un bout à l’autre, la faille qui s’ouvre après le combat entre Kylo Ren et Rey pour justifier sa réapparition dans l’épisode VIII, R2D2 qui s’éveille à la fin du film pour dire qu'il savait où Luke se trouvait depuis le début,…
Comme tout ceci est simple, terriblement simple. Le pire, c’est qu’il y en a tant d’autres encore… Je ne dis pas que les Star Wars étaient réputés pour leurs scenarii profonds, mais putain quoi, faut pas nous prendre pour des cons non plus… Et puis cet affrontement entre Han Solo et son fils, prévisible au possible… Déjà, on nous refuse l’effet de surprise en nous dévoilant dès le début du film leur lien de filiation, alors cet affrontement perd évidemment toute intensité dramatique… Lorsqu’Han Solo est assassiné, le coup d’état devient alors évident. Le flambeau est effectivement transmis, mais à quel prix !
Et il ne faut pas croire que j'appartienne aux plus puristes des fans de Star Wars. A sa sortie, j'ai adoré la Menace fantôme, c'est pour dire. Le combat entre Obiwan et Dark Maul me donne d'ailleurs toujours des frissons (les clowneries de Jar-Jar un peu moins en revanche...). C'est pourquoi ma déception est d'autant plus profonde lorsque J.J. Abrams m'avait convaincu avec son reboot de Star Trek. De la même manière, le casting choisi était idéal, une jeune génération, des visages peu connus encore, que mon imaginaire intégrait avec plaisir dans l'univers de Star Wars. Et puis, John Williams signerait encore une B.O. magistrale. Que nenni ! Où est la musique dramatique lorsque
Han solo retrouve Leïa? Lorsque Ben tue son père? Lorsque Finn et Rey combattent Kylo Ren?
Je souhaite seulement que Rian Johnson ne me deçoive pas pour l'épisode prochain. J'ai adoré Looper, sa maîtrise de la narration en SF est un véritable exemple à Hollywood. Et j'irais le voir, naturellement, mais sans hâte, pour ne plus être déçu comme je l'ai été ici.
Pour conclure, ne fuyez pas Star Wars VII, mais s'il vous plait, ouvrez les yeux et ne vous contentez pas de cette tambouille scénaristique digne d'un film de Michael Bay. Exigez le meilleur d'une saga qui le mérite amplement. Pour que parmi les 15 prochains films produits par Disney, il y en ai au moins un ou deux qui sorte du lot...