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Un visiteur
5,0
Publiée le 14 novembre 2007
Film de sensations physiques où le discours s’efface. D’abord, l’ennui, palpable, que l’on ressent intensément dans ce milieu figé, où Anne-Marie Stretter est entourée par des hommes qui ont établi un modus vivendi de statu quo, un pacte de non agression entre chacun des prétendants. Puis la force brute, maladroite, irrespectueuse du Vice Consul de Lahore. Il est laid, gros, et couvert d’opprobre, mais on ressent physiquement cet élan vital qui a disparu depuis longtemps de l’univers d’Anne-Marie Stretter. Il échouera, mais elle ne pourra survivre à cette fugitive apparition de la vie dans son univers sclérosé. Y avait-il, dans le personnage du vice-consul, une image de l’adolescence ?
Il faut être "in the mood" pour du contemplatif, adhérer au style et ne pas être rebuté par certaines longueurs, mais le jeu en vaut la chandelle. On trouve dans ce film les principaux traits de la personnalité de Marguerite Duras, mélange d'intellectualisme assumé et de sensualité débridée. Un feu qui couve derrière des images polies d'une beauté assez fascinante - bravo Bruno Nuytten, brillant directeur de la photo! Pasolini n'est pas loin derrière ces compositions hiératiques d'une lenteur intimidante, ces jeux de miroir et cette façon de tenir à distance l'animalité, de la cantonner à un hors-champ à la présence de plus en plus oppressante - les cris de Michel Lonsdale ! Une musique au parfum entêtant. Un bien beau texte et une façon de déstructurer le récit qui font penser à "L'année dernière à Marienbad" de Resnais, où Delphine Seyrig éblouissait déjà. Une oeuvre d'art complète, même si l'intensité des premières minutes a du mal à se maintenir pendant deux heures. A noter aussi au générique la présence d'un assistant réalisateur qui fera son chemin : Benoît Jacquot.