Certes un peu long, mais pas tant que cela, tant l'histoire présentée découvre une vraie richesse, et couvre une assez longue période de notre personnage central. L'histoire de ce fonctionnaire subalterne et modeste qui rejoint un milieu lucratif, milieu qu'il découvre comme étant aussi familial, un deuxième souffle à sa vie trop terne. Cette histoire devient savoureuse au travers des 2 protagonistes principaux, et pas si difficiles à suivre : un oncle, un neveu, une coalition improvisée et complémentaire entre eux, tendue, confiante en apparence. Sans être incontournable, l'immersion dans cette mafia qui tente de s'imposer ou survivre aux côtés d'autres groupes, présente un petit côté Eliot Ness dans ses actions imprévues, règlements de comptes soudains, parfois bien émoustillants. Le choix de la batte de baseball et des flingues (vides de balles), démontre déjà une volonté d'être différent et original dans son contenu. Moins de sang, mais plus de rapports de forces, et le recours obligé à des subtilités (ou grosses bourdes apparentes). Mais aussi, la présentation de ce tissu social, support même de l'essor de cette mafia. Tissu social moteur aussi dans son opposé, soit la simple mise en prison définitive (retrait case prison). Il y a effectivement un rapprochement sensible de ces imprévus que peut représenter une partie de Monopoly joué au tirage aux dés et jeu de société, à cette société de mafiosos qui tire une carte, puis une autre sans bien pouvoir tout gérer au mieux des jalousies, des bénéfices, des rapports de forces mêmes avec les plus hauts magistrats. Rien n'est jamais acquis ou définitif et chaque victoire procure instantanément l'immédiate crainte de ce qui va s'ensuivre. Très involontairement, ces opposés (justice et délinquants) se retrouvent de façon imprévue et forcée à la même table, au banquet de la même famille, se découvrent bizarrement proches cousins, puis doivent ensuite s'écrabouiller, juste après s'être prodigué les meilleures caresses et renvoyé les meilleurs honneurs, et cadeaux. Le cadre poli, feutré et structuré (hiérarchie) de cette société coréenne est le meilleur support qu'il soit pour nous autres européens très éloignés de cette façon de se comporter. On ne sait jamais à l'avance comment les claques vont tomber, ou parfois les honneurs. C'est alternance de l'un ou l'autre, et c'est sans doute aussi, notre plaisir à découvrir quelques tensions évacuées de la façon la plus drôle et assez cocasse parfois. Il arrive même que ce petit roi vaniteux puisse se retrouver dans la position à tenir un vélo, face couchée contre terre, et sans l'aide des mains. On l'aime donc autant qu'on le déteste à l'instar de ces dictateurs africains, fragiles et excessifs, prompt à donner ou subir des coups d'état, cabotins. Mais ce film ne laisse pas indifférent, et les renversements successifs en font une perle rare par le ton assez inhabituel ici proposé, des personnages appréciables, un jeu d'expressions, des transitions très très délicates à négocier dans ce récit. Un ton singulier qui alterne l'or à la boue, et ne laisse jamais prévoir à l'avance ce qui peut se produire. On suit avec ferveur cet esprit d'entreprise, puisque ici, ce sont les aléas d'une entreprise aussi surprenant que cela paraisse. Et pas des moindres, puisque entreprise familiale, basée sur le respect absolu, presque ancestrale. Enfin ancestrale si c'était physiquement possible car la pérennité est justement le point délicat et talon d'Achille à négocier dans ce type d'affaire. On s'en réjouit d'ailleurs. Les paradoxes sont ici très savoureux. Le film aussi.