Une jeune lycéenne issue d'un milieu où l'habitat est un trois pièces dans un HLM rencontre lors d'un petit boulot dans une pâtisserie, une bourgeoise qui occupe une de ces magnifiques demeures en Normandie. Osant passer une frontière supposée infranchissable, elle obtiendra une recommandation pour entrer dans une prestigieuse école de couture parisienne. Une fois dans la capitale, elle entamera une liaison avec le fils de la bourgeoise.Le thème des histoires amoureuses issues de classes sociales radicalement opposées a donné dernièrement un chef d'oeuvre palmé, naturaliste et tapageur ( La vie d'Adèle ) ou une comédie pétillante et amère ( Pas son genre ). On pouvait craindre que celui-ci, à l'aspect et à l'aura plus fragile, ne supporte pas la comparaison. A tort, car " Le beau monde " est un très joli film, une vraie bonne surprise. Il sait jouer sa partition sans fausse note. S'il devait rappeler un film, ce serait beaucoup plus " La dentellière" de Claude Goretta auquel il fait immanquablement penser, pas seulement à cause de la passion pour la broderie de l'héroïne, mais sûrement pour son côté silencieux.Mais passons sur les glorieux aînés et revenons à ce film tout en retenue et discrétion qui sait parfaitement nous captiver. Son scénario qui possède une approche de la temporalité toute personnelle, travaillé dans une précision de petite main, slalome entre les clichés, sachant les éviter en préférant nous montrer les désarrois intérieurs de ses personnages.Julie Lopes Curval, sans jamais forcer le trait, juste en dévoilant un geste, une expression, un mot, une phrase, une lumière parfois, saisit une palette d'émotions qui donne au film une intensité palpable. Ce récit initiatique, pourtant pas bien original sur le papier, se révèle au final une jolie réussite. Ana Girardot, fragile, anxieuse, mais dont on devine les possibles sous son air effacé et Bastien Bouillon, bourgeois hésitant entre rupture de ban et réussite sociale inhérente à son milieu, sont parfaits.Et comme nous sommes dans une production française de qualité, les seconds rôles sont au diapason. Aurélia Petit et Stéphane Bissot sont incroyables de justesse dans les compositions pas évidentes des mères des deux amoureux. Un peu plus sur le blog