"Transcendance" fait partie de ces films engagés, avec un message fort envers la question de toujours aller plus loin dans l’intelligence artificielle et le tout connecté. Le sujet est passionnant, d’autant plus passionnant qu’il est toujours plus d’actualité chaque jour. Il n’y a qu’à regarder autour de nous, et les infos relatant les trouvailles technologiques des scientifiques dans le domaine de l’intelligence artificielle. "Transcendance" serait-il donc un film de science-fiction ? Oui et non. Oui parce que les chercheurs scientifiques ne sont pas encore arrivés à un tel développement de l’intelligence artificielle, et non parce qu’ils sont en quête de trouver l’achèvement de leur travaux. Tout part sur une théorie qui existe depuis quelques décennies déjà, et qui est magnifiquement expliquée par Will Caster, avant qu’il ne soit victime d’un attentat le visant précisément. Sa femme, qui voulait changer le monde, tente de sauver son mari par tous les moyens, et ce sera sous forme virtuelle. Cela a le mérite d’apporter une dimension émotionnelle à l’histoire. "Transcendance" porte donc sur le grand écran un sujet vaste, d’importance, et pose un sacré débat sur l’éthique des progrès réalisés en neuroscience où nanotechnologie, recherche cellulaire et robotique sont à la veille de pouvoir fusionner avec le cerveau humain, ne serait-ce que partiellement. Alors oui, pour ma part, le sujet fut passionnant, d’autant plus qu’il a été implanté dans des décors très réalistes, jusque dans cet immense laboratoire souterrain, dans un futur proche de notre époque. Mais je m’interroge sur la mise en scène. Outre le fait qu’il y ait très peu de rythme, ce qui me dérange le plus est le traitement glauque du scénario, comme si on avait voulu gonfler à block l’aspect mélodramatique de l’histoire. Il le fallait, je suis d’accord, car le sujet est grave. Mais selon moi, c’est trop, l’ambiance y est lourde, pesante, et gâche du même coup un scénario au potentiel énormissime. Le casting, pourtant de haute volée, ne réussit pas à tirer le film vers les sommets promis par le sujet. Johnny Depp est encore une fois bon, en campant un scientifique à la psychologie lambda de son vivant, avant de devenir aussi fade et plat qu’un ordinateur.
Normal, vu qu’il est devenu un ordinateur.
Il nous sert une vraie petite performance alors qu’il n’est pas présent physiquement la majeure partie du film, en imposant une présence toujours plus importante. Il faut reconnaître les grandes capacités de son intelligence artificielle ont été aidées par des effets visuels plutôt convaincants, notamment en ce qui concerne la reconstruction des infrastructures ainsi que les volutes qui s’échappent du sol. Par contre je les ai trouvés un peu moyens sur les applications organiques. "Transcendance" n’a donc rien de transcendant, mis à part le scénario, et il semble que cette impression fasse l’objet d’une relative unanimité chez les internautes cinéphiles. Comme eux, j’ai donc un sentiment partagé, séduit que j’ai été par la trame générale, mais dubitatif devant la mise en œuvre, pour ne pas dire un peu déçu. Cet avis n’engage que moi, bien que je considère ce film comme un incontournable par rapport à la question d’éthique qui nous est proposée ici. Aussi, je vous incite grandement à le voir au moins une fois, ne serait-ce que pour la réflexion, que vous soyez scientifique, ou simple adepte des neurotechnologies.