Ce film explore la théorie de la numérisation totale d’une conscience humaine. Même si la science-fiction est très présente, le réalisateur Wally Pfister a toutefois décidé de placer au centre de son scénario une histoire d’amour très intense. On a donc un mélange des genres très prononcés et le pari était, par conséquent, de les doser efficacement pour que le mariage soit réussi. Alors qu’en est-il ?
Tout d’abord, parlons de la composante science-fiction. Le thème de l’intelligence artificielle a souvent été abordée dans l’Histoire du cinéma. Mais, la façon dont « Transcendance » s'y intéresse est inédite et très originale. En effet, c’est la première fois que l’idée de numérisation de la conscience humaine est traitée dans un film de grande ampleur. Ce nouveau point de vue offre beaucoup de nouvelles possibilités et le réalisateur nous en livre quelques unes que j’ai trouvées très intéressantes.
Il faut savoir que « Transcendance » est la première réalisation de Pfister mais il a déjà une très longue carrière dans le cinéma puisque qu’il a été le directeur de la photographie pour d'autres projets tels que la dernière trilogie Batman, Inception ou encore Le Prestige (c’est un très proche collaborateur de Nolan). Or, on retrouve clairement cette expérience ici : l'esthétisme est irréprochable. Certaines scènes et certains plans sont magnifiques et bien pensés ce qui est très appréciable et tout particulièrement lorsque cela touche à la science-fiction.
Forcément, le thème de l’intelligence artificielle amène à des problématiques d’éthique scientifique et rappelle systématiquement les dangers du jour où la machine détruira l’humanité. Ces éléments sont présents dans le film, mais avec une dimension supplémentaire grâce à l'angle d'approche choisi. Cela rafraîchit un peu tous ces débats dont on avait, il faut bien le dire, pas mal fait le tour.
Passons à la dimension « romance ». Comme je l’ai dit, au centre de l’intrigue il y a une histoire d’amour passionnelle. Je l'ai trouvé très belle et très touchante. Elle donne lieu à de très beaux moments de complicité entre les deux protagonistes, mais aussi à des instants dramatiques qui ne peuvent pas laisser le spectateur de marbre. De plus, elle introduit les thèmes des sentiments et de l’âme humaine qui sont très pertinents vu le contexte.
Jusqu'à présent, le film paraît très réussi et pourrait être un chef-d’œuvre, mais ce n’est malheureusement pas le cas. En effet, pris à part, le côté science-fiction et le coté romantique sont très bien faits. Mais la façon dont ils sont associés crée une grande faiblesse. J’ai trouvé que le film garde tout du long le rythme d’une histoire d’amour ce qui n’est pas du tout compatible avec ce que l’on attend d’un film de science-fiction. On se retrouve devant de très long plans, très souvent inutiles, qui nous font décrocher un peu, voire même nous plongent dans l'ennui. C’est vraiment dommage car cela gâche son immense potentiel. Ce mélange n’est toutefois pas totalement raté car il donne naissance à un suspense qui, a contrario, tient en haleine le spectateur une bonne partie du film. Cependant, cela ne suffit pas à compenser le reste.
Pour finir parlons des acteurs. Ce long métrage était seulement le deuxième film de science-fiction comptant Johnny Depp au casting. On est plus habitué à le voir dans des oeuvres fantastiques, un domaine dans lequel il excelle. Du coup, ce n’est pas du très grand Johnny Depp. Il livre une performance dans la moyenne, ce qui est pour le coup assez décevant quand on connaît son immense talent. Pourtant, son personnage dispose d'une personnalité atypique, un peu hors norme comme il les aime. Rebecca Hall sort un peu du lot. Elle arrive à nous faire passer beaucoup d’émotions et elle est très convaincante dans la peau de son personnage tourmenté. Le reste du casting (Morgan Freeman, Paul Bettany, Cillian Murphy, Kate Mara…) joue leur rôle mais sans être en état de grâce.
Au final, j’ai trouvé que Transcendance avait un potentiel gigantesque et c'est bien dommage qu'il ait été gâché par un mauvais équilibre global. Un film qui n’est, au final, pas « transcendant » mais tout juste sympathique.
Notre page Facebook pour débattre de cinéma :