Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en regardant American Mary, et à vrai dire c’est plutôt un film correct, même s’il passe clairement à coté de l’excellence qui aurait pu être la sienne.
Le casting est très bon dans l’ensemble. Il est emmené par Katharine Isabelle, actrice qui a pris ses marques dans le domaine de l’horreur, et s’avère convaincante en règle générale. Ici elle livre une superbe prestation, sexy et inquiétante à souhait, torride (la scène de danse très hot) ou froide comme un glaçon, elle passe sans problème d’une émotion à une autre. Bravo. Les autres personnages sont clairement en second plan, et pour ma part seules les « monstres » issus de la chirurgie esthetique parviennent vraiment à différencier American Mary du tout venant. En effet si les acteurs en général sont corrects, le directeur de la boîte de strip, le policier… sont beaucoup trop classiques et lisses pour retenir l’attention. Par contre les monstres de foire (le sosie de Betty Boop vaut son pesant de cacahuètes !) sont excellents. C’est là donc un bon point.
Le scénario par contre, souffre un peu. Le problème c’est en fait qu’il part sur une idée fascinante, et je me disais qu’enfin un film d’horreur allait aborder la problématique de la chirurgie esthetique (coté horreur il y a de quoi faire). Pourtant, après une demi-heure prometteuse, paf, l’histoire bascule et vire au n’importe quoi. L’histoire du prof semble juste là pour donner de la consistance à une deuxième partie qui en manque cruellement, et assurer aussi au passage le quota horrifique. Le personnage de Mary vire à la psychopathie ultra-basique, la chirurgie esthetique devient simplement un jeu de massacre classique autrement plus racé dans d’autres métrages. En gros, oublié les bonnes résolutions du début. La fin est par ailleurs une réelle déception. Visiblement les réalisatrices ne savaient plus quel chemin donner à leur film, et après un début à l’humour vitriolé, American Mary perd de sa causticité pour gagner en grandiloquence. Pas forcément le bon choix pour se différencier dans l’horreur actuelle. Heureusement le rythme est là mais quand même le désintérêt commence à poindre à un moment.
Visuellement American Mary a des points positifs. La photographie est très convenable, les décors sont corrects, les effets horrifiques réussis. Ces-derniers ne sont néanmoins pas franchement nombreux. Ils vont frustrer pas mal de spectateur sensibles à la jaquette. Là encore j’avoue ne pas avoir compris la position des réalisatrices. Capable de montrer du lourd (il y a quelques scènes réjouissantes quand même), elles vont à coté de cela cacher une petite séquence de torture de rien du tout. Soit on veut faire un film hard pour un public précis et dans ce cas on lâche les chevaux, soit on veut toucher un public plus large, et on cache ce qui pourrait choquer le plus. La mise en scène a d’excellentes qualités et du style, mais un passage m’a profondément choqué par son amateurisme (juste après l’affrontement avec le gardien). Là je me suis cru 10 secondes dans un Mattei. Bonne bande son en revanche, très plaisante.
Bon que retenir donc d’American Mary ? Clairement ce n’est pas le film d’horreur de l’année. Il avait de quoi se distinguer sans problème, et pourtant non. Idée de base pas assez exploitée, trop d’indécisions de la part des réalisatrices, travail formel perfectible, ce n’est pas un mauvais film, mais quant on sent son potentiel, la déception est quand même là. Pas mal, mais sans plus.