Ah, il n'y a pas à dire : cela ne fait pas le même effet de découvrir ce téléfilm en 2016 qu'en 2012, époque où François Hollande n'était pas encore le Président (très) impopulaire que l'on connaît... Toujours est-il que même aujourd'hui, « La Dernière campagne » fait son petit effet. Ce n'est (évidemment) pas une leçon de mise en scène, mais l'idée savoureuse d'imaginer Jacques Chirac tout faire pour pilonner la campagne de Nicolas Sarkozy en se donnant, au passage, un rôle beaucoup plus important dans la défaite de ce dernier qu'il ne le devrait est joliment exploitée, offrant pas mal de moments assez drôles et bien sentis, la plongée, modeste mais efficace, dans le milieu d'une campagne présidentielle s'avérant aussi documentée que réaliste. Alors, c'est sûr : le regard porté sur l'ancien maire de Paris est plus que bienveillant (sans doute trop), mais l'œuvre offrant une grande part de fantasme concernant les véritables « actions » de Chirac durant cette période, cela permet de trouver un équilibre assez juste, d'autant que Bernard Stora aurait difficilement pu mieux s'entourer niveau casting. Entre un Thierry Frémont composant un Sarkozy fort peu à son avantage avec application et un Patrick Braoudé plus vrai que nature en Hollande (voix exceptée), Bernard Le Coq est tout simplement impérial en Chirac, sans oublier l'hallucinante prestation de Martine Chevallier dans le rôle de son épouse : c'est simple, je ne vois pas qui aurait mieux pu la jouer, et ce à tout point de vue. Bref, voilà une fiction politique qui ne paie pas de mine, mais s'avère en définitive fort malicieuse et traitée avec intelligence : même quatre ans plus tard, cette « Dernière campagne » est tout bénef.