La première scène suit un procédé qui reviendra à plusieurs reprises dans le film : la caméra filme des plans larges dans lesquels les personnages sont assez loin, mais dont on entend clairement les dialogues. Une façon de marier le narratif et la réflexion à des plans d’une beauté sidérante. Esthétiquement ce film est un sommet, par les images des paysages, du village montagnard, par les lignes, La lumière et les couleurs (cette dominante de beige et bleu…). C’est aussi un film riche et profond. Dès les premières scènes, un mystère apparaît : que sont donc venus faire ces citadins dans un village perdu comme celui qu’ils découvrent ? La raison, dissimulatrice, qu’ils souhaitent donner aux villageois est un mensonge (ils seraient venus pour trouver un trésor !), mais la vraie réponse apparaitra progressivement dans le film. Film qui se centre sur le personnage principal de Behzad, « l’ingénieur », plus précisément sur sa découverte d’un autre monde, rythmé par la nature et les besoins essentiels. Un milieu au fonctionnement simple et frustre, mais authentique et logique, en particulier symbolisé par un enfant d’une pureté et d’une sincérité émouvantes. Au fil de cette découverte, Behzad va s’interroger sur le monde et sur lui-même, le film prenant une dimension philosophique sur la base d’échanges simples et naturels. Cette quête involontaire comprend des références et des moments poétiques, comme celui, merveilleux, de la lecture du poème à la jeune fille dans la pénombre de l’étable pendant la traite.… Au terme de ce séjour initiatique, les motifs initiaux du voyage semblent avoir disparu, et le mensonge du début semble être devenu réalité, le trésor consistant alors en un nouveau regard sur le monde, sur la vie et sur la mort.