Alors que la franchise s’était totalement effacée de l’inconscient collectif et ce malgré un spin-off étonnement efficace (The Marked Ones), voici que Paranormal Activity revient hanter les salles en cette année 2015 avec un cinquième opus, sous-titré Ghost Dimension. L’occasion de faire oublier la publicité mensongère faite autour de la saga (« la plus effrayante du moment ») ? Le pitoyable Paranormal Activity 4 qui avait fait couler cette dernière ? De conclure sur la trame établie au fil des épisodes ? Cela mérite bien une critique pour répondre à ces interrogations !
Première chose ayant frappé les esprits quand les premières bandes-annonces sont apparues : l’utilisation de la 3D pour un film en found footage. Un concept certes ambitieux que semble ici mettre en avant la promotion du film en ne faisant que parler d’autres dimensions (le titre de l’opus, le scénario incluant une caméra spéciale…) mais qui, disons-le d’office, détruit à lui seul les fondements de ce style de mise en scène. En effet, le found footage, de base, avait été utilisé pour nous faire croire à l’authenticité d’un film, et même si celui-ci pouvait proposer une intrigue flirtant avec le fantastique (Cloverfield, Chronicle, Projet Almanac). C’est pour cela que le genre horrifique s’était vite lancé dans des projets de ce style (Le projet Blair Witch, [REC]), ce réalisme et l’implication du public engendrée par celui-ci aidant à créer des œuvres tendues et angoissantes. Mais en utilisant la 3D, à savoir des effets qui sortent de l’écran, le found footage perd ainsi toute crédibilité. Certes, il s’agit-là de jump scares pouvant se montrer efficaces sur le coup. Cependant, il est navrant de voir à quel point une saga est prête à tout et n’importe quoi pour envoyer valser ses idées premières pour tenter ce qu’elle n’a jamais réussi à faire : apeurer le spectateur. Et dans un film sans ambiance n’ayant que quelques moments de frayeurs à proposer, cela se présente comme un artifice tape-à-l’œil qui ne fonctionne jamais.
Et pour cause, avec ce cinquième opus, la franchise Paranormal Activity revient à ses principales carences qui en faisaient une saga du cinéma d’horreur mal aimée. Il est vrai que contrairement aux opus précédents, ce Ghost Dimension ne met pas une cinquantaine de minutes à démarrer, l’intrigue devenant pour le coup un peu plus captivante que la normale. Aidé qui plus est par des comédiens bien plus convaincants que les précédents. Devenant pour le coup l’un des épisodes les plus divertissements (même si cela reste un bien grand mot) de toute la franchise. Mais même si le film essaye de ne pas perdre notre attention en piochant des éléments scénaristiques à droite à gauche (les enregistrements vidéo à la Sinister, une porte vers une autre dimension à la Poltergeist…), il installe une monotonie malvenue à cause du retour des séquences en caméra « posée ». Celles où les protagonistes décident de surveiller leur maison de nuit pendant que tout le monde dort, et durant lesquelles il faut attendre que quelque chose se passe, parfois en vain. Ghost Dimension abuse de ses passages, perdants ainsi l’attention du public qu’il avait pourtant su capter au début à cause d’une inévitable monotonie.
Un cheminement chaotique vers un final qui tourne au grand n’importe quoi, tout simplement. Du haut de ses 10 millions de dollars, le long-métrage donne (enfin ?) un dénouement à son pénible fil conducteur via une histoire de partage de corps (
un démon tentant de posséder quelqu’un pour apparaître dans le monde réel
) et d’exorcisme à la Conjuring, le tout en se voulant spectaculaire. Et alors là, c’est une orgie aux effets spéciaux :
maison qui tremble, meubles qui bougent dans tous les sens, apparitions démoniaques, personnages transpercés par une sorte de bras-tentacule
… Ghost Dimension va même jusqu’à se permettre des délires en CGI pour aboutir à une dernière scène quelconque, semblable aux opus précédents, qui se présente telle une fin ouverte et le témoin d’une saga tournant irrémédiablement en rond. Un bazar monstre qui confirme l’effet donné avec l’utilisation de la 3D, à savoir que ce cinquième film n’a clairement plus rien de réaliste. Quelque part, cela donne une sorte de dynamisme à l’ensemble, tout en le faisant virer dans le grotesque pur et dur.
Si Ghost Dimension ne se révèle pas aussi ennuyeux que ses pairs, il reste néanmoins un Paranormal Activity dans l’âme. Un divertissement horrifique ne parvenant jamais à faire peur ni même à provoquer ne serait-ce qu’un soupçon de tension, même avec le ridicule dit spectaculaire et la 3D en options. La saga va-t-elle s’arrêter pour autant malgré un scénario stipulant que c’est bien la fin ? Le film ayant largement rentabilisé son budget (à 740%), il reste fort à parier que les producteurs ne vont pas s’arrêter là. Quitte à lui donner un reboot, vu que maintenant, il s’agit du seul prétexte pour que les studios puissent poursuivre une franchise en perdition ou faisant du surplace.