Rock the casbah…J’avais beaucoup aimé l’audace de Marock, le précédent film de Layla Marrakchi, et la bande annonce de ce dernier me faisait envie. C’est en bravant un atroce mal de dos que je m’y suis rendu aujourd’hui, jour de sortie, en bon compatriote cinéphile.
Le pitch ? La famille est réunie lors du décès du patriarche, et les trois jours de deuil servent de prétexte à tous les non-dits, et tous les règlements de compte.
Quelqu’un qui ne connaît rien au Maroc trouvera certainement l’exotisme nécessaire pour apprécier ce film, moi, il m’en faut davantage.
Tous les sujets abordés sont subversifs au Maroc, mais malheureusement ils ne sont ici que survolés, et c’est limite frustrant. Comment voulez-vous traiter la famille, l’adultère, l’inceste, la polygamie, le droit des femmes, la tradition, le mariage, le couple, le conflit des générations en 1h40 ? Layla Marrakchi a-t-elle eu peur de ne pas faire un troisième film et a donc décidé de tirer toutes ses cartouches en une seule fois ? L’idéal aurait été d’en faire une série de six épisodes d’une heure, en prenant le temps de coller aux personnages et aux situations, en évitant si possible, tous les clichés maroco-marocains qui plombent sérieusement le propos. Certains personnages sont mieux développés que d’autres, et pourtant on a envie de tous les connaître, car ils sont originaux, intéressants, et suscitent des questions qui ne sont même pas posées, et dont on n’a forcément pas les réponses !
Sinon c’est un film de femmes, ou plutôt un film dans lequel les femmes prennent le pouvoir avec une facilité, hélas très loin de la réalité. Mais qu’importe si le cinéma permet justement de corriger certaines injustices.
Sinon la bande annonce présentait ça comme une comédie, et dévoilait toutes les vannes, alors que ce n’est pas drôle, plutôt grave par moments. Je profite de cette chronique pour rendre hommage à ceux qui font les bandes-annonces, mais en déconseillant fortement à tous ceux qui me lisent, de les regarder tant elles peuvent être à l’opposé de ce qu’est vraiment le film.
Les comédiennes sont bien dirigées, les hommes le sont moins, ou pas du tout, et Omar Sharif fait un caméo entre deux chelem…ça faisait longtemps que l’on ne l’avait plus vu sur grand écran, ça fait quand même un peu plaisir.