Fabrice Begotti nous embarque pour la Corse, l’île de beauté, théâtre d’une comédie populaire estivale qui ne fait que partiellement rire, voire très peu. Les Francis, surnom donné aux continentaux par les corses, le titre d’un film qui use et abuse des mélanges de cultures, caricature semi-grotesque du corse moyen et illustration multiculturelle syndicale du peuple de France égaré chez les barbares. Soyons honnête, le postulat est non seulement démodé, mais il est aussi mesquin, non seulement pour les indigènes insulaires dépeints comme fous de la gâchette ou mystérieux paysans arriérés, mais aussi envers un public large à qui l’on offre la plus belle brochette de stéréotypes possibles et imaginables. Au passage, Begotti intègre même un nain à son film, histoire d’étaler toute sa fourchette d’individu, alors que ce petit gars est strictement inutile.
Bref, voici l’exemple éloquent d’une comédie à ne pas reproduire. Incapable de laisser libre court à une histoire abracadabrante, certes basique mais à potentiel certain, Fabrice Begotti préfère les effets de mise en scène, façon polar britannique à la sauce Guy Ritchie, en moins inspiré, et les blagues potache sur les corses, les arabes, les noirs et les français du continent. On perd très vite l’envie de connaître le fin mot de l’histoire, la répulsion pour certains personnages n’aidant en rien. Mention spécial à la gendarmerie nationale, illustre atroupements d’ahuris, pour l’occasion, à laquelle vient en renforts un Eli Semoun qui fait du Eli Semoun. On en rigole ou s’en offusque.
La palme revient tout de même à deux comédiens, que dis-je, chanteurs. Oui, Jacques Dutronc en paysan lunatique corse et Jennifer, en mode pleureuse dramatique, ne font qu’accentuer le manque d’ambition et de qualité d’un film qui aurait sensiblement mieux fait de rester dans les tiroirs. On nous ressortira certes, une fois encore, une justification populaire pour apprécier un film qui dépasse largement le domaine de la futilité.
J’ai l’air dur, oui. Mais c’est un fait. Les Francis est un échec, un de plus. La France aime le mélange des cultures, qu’elle en soit louée. Mais cette même France adore aussi se foutre ouvertement des autres aux travers de comédies populaires juste bonnes à des rentrées financières et des passages promotionnels sur des plateaux télé. Une triste réalité. Si Babysitting avec démontré le talent comique éventuel d’une nouvelle génération française de comédiens, de scénaristes et de réalisateurs, les Francis démontre que rien n’est encore gagné. 03/20